Refuser un CDI pour créer une entreprise avec sa grand-mère, tel est le pari de Margaux Rallier. Les 50 ans qui la séparent de sa mamie Martine leur ont permis de former une équipe complémentaire, à la tête de Benenota. D’un moment de complicité mutuelle, autour des questions de soins de la peau, est donc née une entreprise de linge et accessoires de bain, où chacune des deux femmes trouve sa place.
Margaux Rallier, co-fondatrice de Benenota, décide avec sa grand-mère de se lancer en créant des lingettes démaquillantes réutilisables depuis son salon. Le projet devient une entreprise et prend de l'ampleur par l'afflux des commandes. Aujourd'hui la fabrication des produits se fait dans des ESAT près de Nantes.
Soyons clairs, au départ, vous n’aviez pas du tout en tête de créer une entreprise avec votre grand-mère ?
Margaux Rallier : Absolument pas ! Nous avons toujours été très proches et nous avons toutes les deux connu des problèmes de peau à l’adolescence. Nous discutons donc beaucoup de notre routine beauté et de la question de la confiance en soi. Un jour, je lui ai parlé des lingettes démaquillantes réutilisables d’une amie. Elle a proposé de m’en fabriquer… mais en plus esthétiques, plus pratiques, plus écologiques ! C’est ainsi qu’est né le mini-gant démaquillant lavable, cousu dans le salon de ma grand-mère.
Comment passe-t-on d’un usage familial à un produit commercial ?
Margaux Rallier : En voyant l’intérêt de mes amies pour ce produit, j’ai décidé de le commercialiser via un site internet. Je prends alors le statut d’auto-entrepreneur et fais cela à côté de mon stage en alternance, au cours duquel je m’ennuie plutôt ! A ce stade, il s’agit à mes yeux de profiter de moments d’évasion avec ma grand-mère. A notre grande surprise, les commandes affluent rapidement. C’est à l’été 2020, lorsque je refuse un CDI proposé après mon alternance, que je décide, avec l’appui et l’accord de ma grand-mère, de créer une SARL. Nous bénéficions alors d’une attention positive des médias qui favorise notre lancement.
Passer d’un site marchand à une véritable entreprise, qu’est-ce que cela change ?
Margaux Rallier : Le véritable changement a été induit par l’afflux de commandes. Il n’était plus possible pour ma grand-mère de continuer à coudre dans son salon. Un changement d’échelle s’est imposé et nous avons choisi de faire fabriquer nos produits dans des ESAT (établissement et service d’aide par le travail), des ateliers solidaires, dans notre région de Nantes. Nous travaillons aujourd’hui avec 5 ateliers, car nous avons largement augmenté notre gamme de produits, toujours centrés sur la durabilité.
Si votre grand-mère ne coud plus, a-t-elle encore un rôle actif dans l’entreprise ? Peut-on toujours parler d’un duo ?
Margaux Rallier : Bien sûr ! Ma grand-mère est responsable du prototypage et du patronage des nouveaux produits. C’est également elle qui fait les choix des tissus, vérifie la qualité. Elle a un véritable rôle de chef de production et réalise des démonstrations autour de nos prototypes dans les ESAT. Elle est aussi là presque tous les jours dans l’incubateur qui nous abrite et vient à tous les rendez-vous majeurs. Elle a un rôle stratégique essentiel, car nous sommes très complémentaires. Elle est très posée et réfléchie. Je suis plus dans l’opérationnel et m’occupe d’ailleurs des aspects commerciaux, marketing et communication. Nous avons bénéficié de l’appui d’un investisseur qui croit en notre développement et prévoyons maintenant – toujours ensemble – d'embaucher et d’étendre notre gamme de produits.
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