Des croquettes au délicieux goût d'Hermetia Illucens... Ou plutôt de mouche soldat noire. Voilà l'audacieux pari relevé par Tomojo, jeune pousse parisienne fondée en novembre 2017 par Madeleine Morley et Paola Teulières.
« Une alimentation saine, écologique et traçable ». Depuis quelque temps, l'alimentation à base d'insectes a la cote. Mais derrière les éclats d'une pépite du Next40* comme Ÿnsect, d'autres startups cherchent à se faire une place dans un marché en pleine éclosion. À l'automne 2020, Tomojo est ainsi parvenu à lever 500 000 euros, alors que ses croquettes et autres friandises fourrées à la mouche commençaient déjà à se vendre au-delà des frontières.
Un engouement inespéré à l'export
Cette levée de fonds doit permettre à la startup parisienne de franchir un premier cap dans son développement. Après avoir produit 60 tonnes en 2020, Tomojo « vise 300 tonnes cette année », révèle Madeleine Morley, CEO. Côté distribution, la petite société commercialise pour l'heure sa gamme grand public sur Internet ou via des revendeurs, et sa gamme B2B en réseau vétérinaire. Quant à sa gamme friandise, outre la boutique en ligne, on la trouve désormais en grande surface spécialisée, mais aussi dans les magasins Carrefour d'Île-de-France depuis peu. Les croquettes devraient suivre cette année
« Mais là où nous avons été surpris, c'est de connaître un engouement si rapide à l'export », dévoile la cofondatrice. Nous sommes aujourd'hui distribués en Corée du sud, Afrique du sud, Allemagne, Espagne ou encore aux Emirats Arabes Unis ! » La levée de fonds devrait consolider ce mouvement, tout en aidant à développer de nouveaux produits et gammes.
100 fois moins d'émissions de CO2
Le leitmotiv de Tomojo est : « Une alimentation saine, écologique et traçable ». L'atout numéro un “d'une pet food” dont la viande de bœuf ou de volaille est remplacée par des protéines d'insectes est bien entendu environnemental.
Si l'impact carbone des produits Tomojo « est en train d'être précisé », on sait aujourd'hui que la production d'un kilo de protéine d'insecte génère près de 100 fois moins d'émissions de CO2 qu'un kilo de viande de bœuf et 200 fois moins d'eau qu'un kilo de volaille. Sans compter que les mouches ne reçoivent aucun antibiotique et que 85% des autres ingrédients utilisés sont d'origine française.
L'idée de Tomojo est de proposer des aliments comparables en termes nutritifs aux croquettes « premium » à base de viande, « mais en étant 10 à 20 % moins cher que ces dernières ».
Le marché est vaste
En France, l'industrie des croquettes pour chats et chiens réaliserait 1,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Le pays compterait plus de 20 millions de canidés et autres petits félins de compagnie, lesquels engloutiraient 388 000 tonnes de sous-produits de viande par an, selon la Fédération des fabricants d'aliments pour chiens, chats, oiseaux (FACCO). « Nous voulons que nos aliments alternatifs et écologiques deviennent un jour la norme. Cela ne nous intéresse pas de développer des produits de niche », conclut Madeleine Morley avec malice.
*Le « French Tech Next40 » est une sélection des 40 startups françaises.