Le « made in France », ces jeunes entrepreneurs y croient !

Edith & Marcel, en hommage au couple Edith Piaf et Marcel Cerdan

« Je voulais quelque chose de made in France. Ensuite, j’ai cherché dans ce domaine un produit qui pouvait sortir de l’ordinaire en y ajoutant une touche de nouveauté », explique Aurélie Varin, fondatrice de la marque Edith & Marcel. Cette ancienne cadre de l’industrie pharmaceutique, a trouvé son concept il y a deux ans : un chausson de luxe, symbole de l’élégance française et produit entièrement dans l’Hexagone.

Du design parisien au cuir qui provient des alentours de Châteauroux, en passant par la fabrication normande et le papier de soie charentais… Tous les partenaires de la griffe sont français. « Je veux contribuer à la création d’emplois et participer à un renouveau économique », souligne la jeune patronne. Pour fabriquer ses souliers d’intérieur haut de gamme, Edith & Marcel s’appuie sur une longue tradition. L’atelier partenaire, basé dans l’Eure, est fort de 250 ans d‘expertise dans la fabrication de la chaussure et du chausson. « Trouver un brodeur au fil d’or, c’est compliqué. Mais qu’est-ce que c’est joli ! », s’enthousiasme l’entrepreneure dont le rêve est « de contribuer à une école de savoir-faire ». 

Les mules de luxe « made in France » séduisent beaucoup à l’étranger, où la jeune pousse exporte les trois quart de ses produits. Ils ont notamment la cote au Japon, pays friand tant de produits d’intérieur que du luxe tricolore. 

Routine remet les pendules à l’heure française

De son côté, Florian Chosson a découvert le métier d’horloger lors d’un stage chez un spécialiste helvète. « A la fin de mes études, j’ai cherché un emploi dans l’horlogerie française, avant de me rendre compte que les marques horlogères françaises ne fabriquaient plus dans l’Hexagone. La filière est passée de 50 000 emplois dans les années 1970 à 2000 emplois aujourd’hui », déplore cet ingénieur diplômé des Mines de Nancy. 

De ce constat naîtra Routine en septembre 2016. Le parti pris de Florian Chosson : créer sa propre marque de montres, la plus française possible, et relocaliser une filière horlogère durable en Franche-Comté. « Pendant deux ans, j’ai sillonné les routes franc-comtoises à la recherche d'artisans avec lesquels je pourrais travailler », se souvient-il. Et l’effort a payé ! Ses montres, certifiées Origine France Garantie, sont fabriquées à plus de 80 % dans l’Hexagone. « Sur notre première année de commercialisation, nous avons financé trois emplois à temps plein dans la filière horlogère française grâce à nos 1000 montres vendues », se réjouit d’ailleurs le jeune patron. 

L’entreprise, qui compte 13 ateliers partenaires dans le pays, a également tissé des liens avec d’autres marques vedettes du made in France. Routine utilise notamment les chutes des jeans 1083 pour produire des bracelets issus de l’économie circulaire.  « Avec 1083, nous mutualisons certaines fonctions support, comme la logistique, les frais de comptabilité, le service client ou encore le service après-vente », ajoute le jeune patron. 

La Chaise française réinvente les meubles d’antan

Basée en Loire Atlantique, La Chaise française est cofondée en 2017 par Jean-Baptiste Chancerelle, un spécialiste du design industriel, et Bartolomé Lenoir, un passionné de l’entrepreneuriat. Ils ambitionnent de relancer la production de meubles français, un secteur en difficulté. 

Leur recette : « Lier l’esthétique française à la fabrication », indique Bartolomé Lenoir. En plus du style français, ils proposent un montage simple, sans colle ni clous et marient des matériaux durables traditionnels et contemporains. Les composants de La Chaise française sont 100 % hexagonaux : les joints en silicone sont fabriqués en Mayenne, les pieds tournés en frêne, le maillet en hêtre dans le Jura et l’assise en plexiglas en Provence.

Après son premier produit phare, un tabouret paysan, la société diversifie son offre : une chaise de plage conçue en collaboration avec le Slip français, mais également des tables, des lampes… Et cela marche ! La start-up revendique 1500 meubles vendus, dont un tiers à l’international, et en particulier aux Etats-Unis. Reste qu’il n’est pas toujours aisé pour la jeune entreprise de trouver les savoir-faire dont elle a besoin. 

Le Slip français redonne des couleurs au textile

Précurseur de la tendance du made in France, le Slip français, né il y a déjà huit ans, est une success story du textile tricolore ! L’entreprise de Guillaume Gibault compte aujourd’hui 120 employés directs et 220 équivalents en temps plein. De ses 27 ateliers partenaires sortent non plus seulement des sous-vêtements, mais aussi des bonnets, des écharpes, des chaussettes, des pyjamas ou encore des pulls. Tricotage, packaging, élastique ou vignette : toutes les étapes de la confection sont réalisées sur le territoire français.  

Le nouveau rêve du Slip français, est de produire les matières premières dans l’Hexagone. Pour ce faire, l’entreprise s’est associée au fabricant de jeans 1083 dans le cadre d’un projet de coton recyclé. Elle soutient également #Linpossible, une initiative qui cherche à relocaliser la filature du lin en France. 

Autre enjeu, réinventer une industrie textile encore très manuelle et fragilisée par des décennies de délocalisations. « Il faut innover pour pouvoir fabriquer mieux, plus vite et moins cher », estime le fondateur charismatique de la marque. Exemple dans la fabrication de la chaussette, des machines sont aujourd’hui capables de dessiner des motifs numériques, tricotés ensuite automatiquement. Une innovation qui toutefois exige un certain investissement, pas toujours à portée des petits fabricants de textile. 

Février 2020