Les jeunes au coeur de la dynamique entrepreneuriale en France

L’édition 2021 de l’Indice Entrepreneurial Français (IEF) positionne les jeunes comme véritable moteur de la dynamique de création-reprise d’entreprise sur tout le territoire : les Français âgés de 18 à 30 ans sont deux fois plus présents au sein de la chaîne entrepreneuriale que leurs aînés. Plus de la moitié des Français de cette tranche d’âge, soit 4,5 millions de jeunes, est impliquée dans l’entrepreneuriat.

Cet IEF 2021 est fondé sur une enquête nationale menée par Ifop pour le compte de l’Observatoire de la création d’entreprise de Bpifrance Création auprès de 5 500 personnes représentatives de la population résidant en France et de ses Quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV).

L’IEF Jeunes 2021 traduit une dynamique entrepreneuriale très positive, qui ne manquera pas de se confirmer dans les prochaines éditions, puisque  86 % des Français de 18-30 ans qui ne se sont pas encore lancés confient avoir déjà pensé à créer ou reprendre une entreprise. Les entrepreneurs des Quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) joueront certainement un rôle prépondérant dans le futur ; en effet, si près d’un cinquième des jeunes est intentionniste en France, leur proportion passe à un quart parmi les jeunes résidant en QPV.

Les moins de 30 ans font preuve de plus d’audace que leurs aînés, d’un engagement éminent dans les problématiques sociétales et environnementales, mais aussi d’un dynamisme comme d’une résilience plus grands face à la crise sanitaire dans les QPV. Des constats qui peuvent s’expliquer par une importante exposition entrepreneuriale, une confiance supérieure en leurs compétences ainsi qu’une expérience « business » accrue par rapport aux générations d’entrepreneurs précédentes.

Les 18-30 ans passent plus souvent à l’acte que la moyenne des Français inscrits dans la chaîne entrepreneuriale. La part de ceux qui ont l’intention de créer ou de reprendre une activité (18 %) est nettement inférieure à celle des profils plus avancés dans cette démarche (29 % chez les porteurs de projet et 26 % chez les chefs d’entreprise) alors que les écarts sont moins flagrants chez les Français pris dans leur ensemble (respectivement 9 % pour 11 % et 13 %). Pour autant, ces jeunes sont deux fois plus nombreux que leurs aînés à souhaiter devenir un jour entrepreneur, et trois fois plus à avoir commencé à concrétiser leur projet. À souligner enfin que la part des Français avec une casquette d’entrepreneur passe du simple au double chez les moins de 30 ans.


Les jeunes entrepreneurs procèdent moins par création ex nihilo (46 %) que par rachat ou reprise d’entreprise (54 %), un comportement inverse à la moyenne des Français. L’option de la reprise est particulièrement prisée chez les jeunes lorsqu’elle s’effectue dans le giron familial : 21 % des jeunes dirigeants ont choisi cette solution contre 16 % pour l’ensemble des entrepreneurs, mais également 36 % des jeunes porteurs de projet pour 27 % des porteurs de projet de tous âges. S’il existe des préférences différentes entre les genres au niveau national, les jeunes femmes ne seraient pas plus enclines à créer une activité nouvelle ou à en reprendre une que les jeunes hommes.

Entreprendre : une activité qui séduit de plus en plus de jeunes Français. Chez les moins de 30 ans, ils sont 86 % à affirmer avoir un jour pensé à créer ou reprendre une entreprise, sans avoir, pour l’heure, sauté le pas. Plus téméraires que leurs aînés, les jeunes sont trois fois plus nombreux à concrétiser leur projet (29 % des moins de 30 ans sont porteurs de projet contre 8 % pour le reste de la population) ou deux fois plus nombreux   (18 % contre 7 %) à avoir l’intention de créer ou de reprendre une entreprise. Enfin, plus d’un jeune Français sur 4 est déjà passé à l’acte en devenant chef d’entreprise, une proportion là encore nettement plus élevée que chez leurs aînés (11 %). 

Cette audace peut s’expliquer par leur culture entrepreneuriale : 50 % des jeunes Français ont été sensibilisés à la création d’entreprise, et autant ont un ou plusieurs entrepreneurs dans leur cercle familial ou amical. Plus de la moitié des jeunes expriment par ailleurs une confiance en leurs talents : 7 sur 10 disent posséder les compétences nécessaires (capacités de décision, de négociation ou encore de présentation de résultats) pour être chef d’entreprise. Six jeunes sur 10 se disent également forts d’une expérience du monde des affaires, du management ou de la gestion d’entreprise.


Si la moitié des Français de moins de 30 ans s’inscrit dans une dynamique entrepreneuriale (contre un quart des Français, passé cet âge), cette proportion n’est que d’1 sur 3 chez les jeunes des Quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Elle y reste cependant toujours 2 fois plus élevée que celle des habitants des QPV de plus de 30 ans.
À noter enfin qu'à l’instar des autres tranches d’âge, un écart de genre persiste parmi ces jeunes maillons de la chaîne entrepreneuriale : en effet,  60 % des hommes de 18-30 ans sont dans une dynamique entrepreneuriale, pour 43 % des femmes de la même génération. Un constat encore plus marqué dans les QPV avec deux fois plus de jeunes hommes que de jeunes femmes (4 pour 2).

La situation professionnelle de 4 jeunes Français sur 10 a changé en raison de l’épidémie de Covid-19, contre 2 Français sur 10, tous âges confondus. Un quart de ces jeunes en transition recherche un nouvel emploi et un autre quart réfléchit à créer ou reprendre une entreprise.
Plus de 6 chefs d’entreprise de moins de 30 ans sur 10 mentionnent au moins un impact positif de la crise : celui d’avoir eu du temps pour travailler sur l’entreprise, pour faire évoluer leur stratégie ou pour proposer de nouveaux produits/services. Pour 39 %, en revanche, la période a été accompagnée de difficultés liées à la gestion de l’entreprise ou aux incertitudes conjoncturelles. Du côté des jeunes intentionnistes, près d’un tiers estime que son envie de créer une activité n’a pas été affectée par la pandémie.

La crise sanitaire a impacté la situation entrepreneuriale de la quasi-totalité des jeunes porteurs de projet (97 %), mais sans pour autant avoir des répercussions négatives. En effet, seulement 5 % ont abandonné leur projet entrepreneurial et la plupart des reports ou abandons de projet semblent davantage dus à un manque de financement qu’à des difficultés liées à la pandémie (29 % contre 20 %).

A contrario, 3 jeunes intentionnistes sur 10 affirment que la pandémie n’a pas affecté leur réflexion autour de leur projet d’entreprendre, une résilience encore plus prononcée dans les QPV (63 %). Pour les autres, plus de 4 sur 10 estiment que la crise sanitaire a eu un impact positif sur leur projet, soit légèrement plus que ceux qui ont évoqué des effets négatifs. À noter que seulement 14 % des jeunes intentionnistes sont aujourd’hui moins enclins à créer qu’avant la pandémie ; un certain équilibre est toutefois préservé, par le biais de ceux qui témoignent d’une envie plus forte de créer ou de reprendre une activité. Cette situation se distingue de nouveau dans les QPV où la crise sanitaire a multiplié par 2 les envies entrepreneuriales des intentionnistes habitant dans ces territoires (respectivement 9 % et 18 %).

Si la question du revenu n’est pas la principale motivation des 18-30 ans à devenir chef d’entreprise, elle demeure néanmoins la principale difficulté rencontrée par ces jeunes.
Les jeunes chefs d’entreprise souhaitent d’abord réaliser un rêve (29 %), affronter de nouveaux défis (19 %) ou être leur propre patron (19 %). L’augmentation des revenus ou du capital, qui arrive en deuxième place dans les motivations des chefs d’entreprise tous âges confondus, occupe seulement la cinquième position (18 %) chez les jeunes, ex æquo avec le souhait de changer de métier.

La crainte principale des jeunes intentionnistes (32 %), porteurs de projet (21 %) et chefs d’entreprise (23 %) est la même que chez leurs aînés : l’insécurité financière – ce qui montre que cette incertitude est tenace, et ce, quel que soit l’âge du créateur ou la maturité du projet entrepreneurial. Le risque d’échec est également très présent dans l’esprit des intentionnistes (28 %) mais disparaît quasiment lorsque l’entreprise est sur les rails, remplacé par la crainte d’un certain manque de crédibilité chez les porteurs de projet (19 %) et d’un excès de responsabilités chez les patrons (16 %).

Si exercer une activité conforme à ses valeurs est une motivation pour 21 % des chefs d’entreprise français, tous âges confondus (en 3e place,   ex æquo avec l’occasion de réaliser un rêve), cette raison n’arrive qu’en 7e position pour les jeunes chefs d’entreprise (14 %). C’est toutefois un moteur significativement plus puissant chez les jeunes femmes (20 % contre 12 % pour les jeunes hommes). Du côté des jeunes intentionnistes, 43 % veulent réaliser un rêve, 38 % souhaitent être leur propre patron, et ils ne sont que 29 % à penser de prime abord à l’augmentation de leurs revenus. Enfin, 27 % de ces intentionnistes craignent d’avoir à faire à trop d’obligations ou de stress – presque le double de ceux qui ont déjà sauté le pas.

Hors chaîne entrepreneuriale, les jeunes sont 28 % à ne pas ressentir de frein particulier bloquant l’acte de création, tandis que 18 % affirment ne pas savoir comment s’y prendre et 17 % craignent que l’activité soit trop stressante ou trop lourde en responsabilités.

À tous les stades de la chaîne entrepreneuriale, les jeunes sont convaincus que l’innovation et une démarche respectueuse de l’environnement sont les deux axes de développement à privilégier pour leur entreprise. Par exemple, 8 jeunes chefs d’entreprise sur 10 misent avant tout sur ces deux axes pour asseoir le développement de leur activité – une stratégie légèrement moins évidente chez les chefs d’entreprise au global (7 sur 10). Les critères de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) arrivent en troisième position chez au moins la moitié des jeunes.

Cela peut paraître surprenant : 1 jeune chef d’entreprise sur 5 estime que le numérique, le développement à l’international ou la mise en œuvre d’une démarche sociale ne constituent pas des axes de développement essentiels pour leur entreprise ; plus encore, 1 sur 10 ne se sent pas concerné par ces sujets. Les axes de développement des jeunes entrepreneurs témoignent ainsi d’une problématique plus générale : si la plupart des acteurs de la chaîne sont conscients des enjeux du développement durable, ils sont nombreux à être moins attentifs à la numérisation ou à l’internationalisation comme axes de développement stratégique pour leur entreprise. Les nouvelles générations d’entrepreneurs considèrent-elles que l’intégration du numérique fait aujourd’hui partie intégrante du modèle d’affaires dès la création de l’entreprise ? Toujours est-il que 4 porteurs de projet sur 10 et 1 intentionniste sur 2 estiment qu’exploiter les nouveaux usages et outils numériques est essentiel à la croissance de leur future entreprise, bien que cet axe n’arrive pas en tête, loin s’en faut.