Karim Messeghem, l’universitaire qui prend le pouls de la société par l’entrepreneuriat

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Karim Messeghem, enseignant-chercheur

Professeur agrégé en entrepreneuriat et stratégie, co-fondateur de l’institut Montpellier Management et du Labex Entreprendre, Karim Messeghem est un universitaire, et à ce titre confesse volontiers être « issu de la fonction publique ». Mais la curiosité de l’universitaire le pousse naturellement à se pencher sur l’entrepreneuriat, fenêtre par laquelle il constate qu’ « on voit la société évoluer ». Relevant un intérêt croissant de la part des étudiants pour la création entrepreneuriale, il situe le début de cette évolution sociétale à une quinzaine d’années : « il y a eu une prise de conscience, notable je dirais depuis les assises de l’entrepreneuriat en 2013 ».

Et encore plus particulièrement « depuis 4 ou 5 ans, avec un virage écologique », remarque-t-il. Et si « l’âge moyen du porteur de projet baisse », relève le chercheur, c’est notamment dû à l’essor de l’entrepreneuriat à impact, qui traduit l’état d’une « société en quête de sens ».

Pas simple pourtant, dans une société qui, souvent, « réduit l’entrepreneuriat à la start-up, technologique en particulier ». Ce mouvement de réhabilitation du portage de projet est donc autant impulsé par la base (bottom-up) que promue par les directions des différentes universités (top-down), à mesure que ces dernières se saisissent d’objectifs d’insertion professionnelle.

Dépasser l'approche professorale et cloisonnée

La loi sur l’autonomie des universités adoptée en 2007 n’est pas extérieure à ce mouvement, mais celui-ci témoigne d’une vague plus profonde. Reste que l’implémentation d’exercices entrepreneuriaux sur un semestre restent des défis à l’université : « cela suppose de revoir les compétences visées, d’amener les formateurs à une acculturation », analyse Karim Messeghem, pour qui « les programmes ne sont pas pensés pour l’entreprise, et c’est logique ».

L’enseignement de l’entrepreneuriat « suppose de créer des espaces d’expérimentation, et donc d’avoir une certaine tolérance à l’échec », détaille-t-il, avant d’aller plus loin : « Dans le primaire ou le secondaire, la notation est omniprésente, et tout est soit vrai soit faux ; cela ne favorise pas la prise de risque ».

Cette acculturation de l’enseignant passe donc d’abord par une posture d’accompagnement : « il faut mettre une énergie positive, être facilitateur ». Pour ce faire, Karim Messeghem appelle de ses vœux une pensée holistique, qui ne soit pas exclusivement nourrie du monde éducatif.