Focus - 10 ans de création d'entreprise en France - L'essentiel

L’écosystème de la création d’entreprise en France a forgé sur la dernière décennie les conditions d’un accroissement naturel du vivier d’entreprises qui se traduit par un nouveau record de créations chaque année. Ce dynamisme tire sa force de 3 facteurs : il s’alimente des énergies entrepreneuriales en provenance de tous les territoires, même les plus reculés, même les plus fragiles. Il est résilient, même face à l’imprévu d’une crise sanitaire. Et il fait preuve d’une grande plasticité pour tirer le meilleur parti des transformations sociétales à l’œuvre. Mais rien ne serait possible sans cette appétence croissante des Français pour l’entrepreneuriat, à l’origine de tout… et stimulée en tant que de besoin par un coup de pouce des politiques publiques !

 

 

La dynamique entrepreneuriale française : du simple au double en dix ans

Entre 2012 et 2022, plus de 8 millions d’entreprises ont vu le jour en France, 8,2 M exactement. La barre du million de créations est dépassée en 2021 et en 2022 ; un niveau presque deux fois plus élevé qu’en 2012 et 2013

C’est le résultat d’une dynamique entrepreneuriale en hausse sur l’ensemble de la période (+ 7 % en moyenne par an de 2012 à 2022), qui connaît un vrai décollage à partir de 2016 (+ 2 % en moyenne par an de 2012 à 2016 puis + 10 % par an de 2016 à 2022). Dès lors, un nouveau record de créations d’entreprises est atteint chaque année – y compris en 2020, année de la pandémie de Coronavirus – porté à la fois par des réformes réglementaires et juridiques en faveur de l’entrepreneuriat [1] , une conjoncture économique propice, mais également une prédisposition plus favorable des Français à l’égard de l’entrepreneuriat [2]. 

La création d’entreprise par statut juridique en France, 2012-2022

Champ : France entière, unités légales productives et marchandes, exerçant une activité non agricole (données brutes).
Source : Insee (Sirene). Traitements Observatoire de la création d’entreprise

 


[1] Voir les Annexes 1 et 2.
[2] L’Indice entrepreneurial français (IEF), qui mesure, tous les deux ans, l’appétence des Français à entreprendre à partir d’une enquête nationale menée par l’Ifop pour le compte de Bpifrance Création, montre que, malgré une baisse de la part des intentionnistes sur la période 2016-2021, la part des porteurs de projet progresse (Annexe 3). Par ailleurs, d’après le Global Entrepreneurship Monitor, la part des Français percevant des opportunités entrepreneuriales (dans les six mois à venir dans leur région) est également en hausse, tandis que de plus en plus de Français voient l’entrepreneuriat comme un bon choix de carrière (Annexe 5) ; un résultat également observé dans l’IEF 2021 : un quart des Français jugent que travailler à son compte ou avoir sa propre entreprise est le choix de carrière le plus intéressant (Annexe 4).

Un « accroissement naturel » du stock d’entreprises

Sur la décennie 2012-2022, le nombre annuel d’immatriculations d’entreprises dépasse régulièrement le nombre de radiations, se concrétisant par un « accroissement naturel » du stock d’entreprises. Ainsi, le stock d’entreprises en France progresse sur la période, traduction concrète de l’effet vertueux de l’adhésion croissante des Français pour la carrière d’entrepreneur et du récidivisme entrepreneurial des dirigeants d’entreprise [3].

Le registre des entreprises et des établissements de l’Insee recense 5,9 M d’immatriculations d’entreprises individuelles (y compris les micro-entrepreneurs) de 2012 à 2022. En tenant compte des taux de pérennité, le nombre d’entreprises radiées est estimé à 3,6 M. La création nette s’élèverait alors à 2,2 M d’entreprises individuelles. Sur cette période, les greffes des tribunaux de commerce recensent 2 M de nouvelles sociétés [4] pour 1,5 M de radiations, soit 545 000 sociétés de plus en dix ans. La France compte ainsi 2,8 M d’entreprises de plus en 2022 par rapport à 2012, soit un solde de 250 000 créations nettes par an en moyenne [5]. Ce « solde naturel » s’est stabilisé sur les six dernières années, entre 200 000 et 250 000, traduisant une similitude (naturelle ou corrigée) de sensibilité des créations et des radiations d’entreprises.

Estimation de la création d’entreprise nette, 2012-2022

Champ : France entière, unités légales productives et marchandes, exerçant une activité non agricole (données brutes).
Sources : Insee (Sirene) ; Greffes des tribunaux de commerce. Traitements Observatoire de la création d’entreprise.

 

Estimer la création d’entreprise nette des radiations
Deux sources sont utilisées pour estimer le solde de créations d’entreprises net des radiations :
-    Les données d’immatriculations et de radiations de sociétés mises à disposition par les greffes des tribunaux de commerce, qui permettent de connaître le solde net de créations de sociétés en France, après retrait des sociétés qui ne sont pas localisées sur le territoire.
-    Pour les entreprises individuelles classiques et les micro-entrepreneurs, à défaut de connaître les radiations par année, l’estimation est faite à partir des taux de pérennité issus de l’enquête Sine de l’Insee. Chaque année, la cohorte d’entreprises créées est ainsi diminuée selon le taux de pérennité de l’année en cours et est ajoutée aux soldes des années suivantes. 

Pour en savoir plus : consulter les jeux de données du site des greffes des tribunaux de commerce pour les données relatives aux sociétés et les résultats de l’enquête Sine pour le taux pérennité des entreprises individuelles et celui des micro-entrepreneurs.

[3] D’après l’IEF 2021, 3 chefs d’entreprise sur 10 étaient déjà des indépendants ou à leur compte avant de créer leur dernière entreprise et 1 sur 2 porte un projet de création en parallèle de diriger une ou plusieurs entreprises en activité. D’après les données sur les créateurs de la génération 2018 (INSEE, Sine), ce comportement est peu fréquent chez les micro-entrepreneurs (6 %).
[4] L’évolution du stock d’entreprises, qui est passé de 4,5 M d’unités légales en 2012 à 6,5 M en 2020 (tel que recensé par l’Insee), semble confirmer cette estimation. Ce chiffre est sensiblement différent des 2,3 M du registre des entreprises et des établissements (INSEE, REE), qui permet d’obtenir 8,2 M d’immatriculations en dix ans. Pour en savoir plus, voir la méthodologie.
[5] Voir l’Annexe 7.

 

Un engouement fort pour le régime du micro-entrepreneur en raison de la facilité à créer, mais une pérennité nettement moins élevée

La forte croissance de la dynamique entrepreneuriale des dix dernières années, et notamment l’accélération à partir de 2016, s’explique en grande partie par le succès grandissant du régime du micro-entrepreneur, mis en place en 2009 : il concerne 6 entreprises créées sur 10 en 2022 pour 47 % en 2016. La création sous ce régime, en berne de 2012 à 2016 (- 2 % en moyenne par an), a connu un réel essor à partir de 2016 (+ 15 % en moyenne par an jusqu’en 2022).

Le porteur de projet français moyen est aujourd’hui davantage micro-entrepreneurial. La popularité croissante de ce régime s’explique par la facilité administrative et fiscale qu’il offre, permettant ainsi une concrétisation de projets qui n’existeraient pas dans un autre cadre juridique. Choix privilégié notamment pour de petits projets ou pour tester une nouvelle idée, ce régime du micro-entrepreneur l’est davantage encore chez les étudiants et les retraités qui cherchent un revenu de complément, mais également chez les femmes dont la nature des activités s’accorde particulièrement bien avec (voir infra).
 
Un effet de transfert s’est opéré au détriment des entreprises individuelles classiques moins prisées : leur part a été divisée par deux en dix ans (1 création sur 10 en 2022 contre 2 sur 10 en 2012), tandis que celle des sociétés est restée constante sur la période à 3 créations sur 10, alors même que leur nombre total est de plus en plus important (163 000 en 2012, 293 000 dix ans plus tard). Là aussi, un transfert significatif s’est opéré au profit des SAS, qui comptent désormais pour 64 % des sociétés (19 % en 2012), les SARL reculant à 26 % (72 % dix ans plus tôt). Les sociétés maintiennent ainsi leur position de pilier de la dynamique entrepreneuriale : + 5 % par an en moyenne de 2012 à 2016, puis + 7 % jusqu’en 2022. Un point positif au regard de leur pérennité et de leurs performances économiques et sociales plus élevées par rapport aux formes individuelles de création d’entreprise : 7 sociétés sur 10 sont encore actives à 5 ans pour 1 entreprise individuelle classique sur 2.

Avec des taux de pérennité et des taux de démarrage largement inférieurs à ceux des entreprises classiques, respectivement 66 % vs 100 % et 22 % à 5 ans vs 61 %, et des motivations à créer significativement différentes, les projets des micro-entrepreneurs se distinguent nettement par leur envergure et leur potentiel de création d’emploi et de valeur ajoutée beaucoup plus limités [6] . Néanmoins, ces projets micro-entrepreneuriaux permettent, pour certains, d’amorcer un projet grâce à une première expérience entrepreneuriale : en 2017, parmi les 150 000 micro-entrepreneurs qui ont quitté ce statut, près de 1 sur 10 (7,3 %) a poursuivi une activité en tant qu’entrepreneur individuel classique ou en tant que gérant majoritaire de société. Il convient aussi de souligner les risques de ce type d’entrepreneuriat qui, dans certains secteurs, tend à effacer la frontière entre salariat et entrepreneuriat, engendrant parfois des situations précaires : la moitié des micro-entrepreneurs en 2017 percevait moins de 290 euros par mois pour leur activité « non salariée » (principale et complémentaire confondues) [7]. 


[6] Voir l’Annexe 6 pour les résultats de l’enquête Sine. 
 [7] INSEE. « Emploi et revenus des indépendants, édition 2020 », Insee Références, avril 2020

Des dynamiques sectorielles cycliques, mais en hausse tendancielle bien que bousculées par les transformations sociétales actuelles

La création d’entreprise a augmenté dans tous les secteurs depuis 2012, mais moins dans la construction et le commerce, où le nombre d’immatriculations d’entreprises n’a augmenté en dix ans que de + 14 % et + 30 % respectivement.

Cette dynamique entrepreneuriale concerne surtout les activités de services : + 154 % dans la finance et l’immobilier sur la période, + 136 % dans les activités scientifiques et techniques, + 139 % dans les activités de soutien aux entreprises, + 120 % dans l’information et communication et + 107 % dans les services en direction des personnes.

Pour le secteur transports et entreposage, il faut davantage parler d’hyper-croissance, avec une ruée des porteurs de projet, d’abord vers les activités de transports de voyageurs par taxis (y compris les VTC) de 2013 à 2016, puis vers les autres activités de poste et de courrier (services de livraison à domicile ou sur le lieu de travail, coursiers urbains, taxis-marchandises…) de 2015 à 2021. Ce phénomène qui démarre avant les confinements, persiste post-crise, traduisant une des transformations sociétales en cours, celle en lien avec les pratiques d’achat des Français (voir infra).

Évolution de la création d’entreprise par secteur d’activité, 2012-2022

Note de lecture : l’évolution du rythme de création d’entreprise se lit sur l’axe de gauche pour tous les secteurs, à l’exception des transports et entreposage dont les niveaux très élevés se lisent sur l’axe de droite.
Lecture :  en France, la création d’entreprise dans l’industrie a augmenté de + 123 % entre 2012 et 2022 (axe de gauche).

Champ : France entière, unités légales productives et marchandes, exerçant une activité non agricole (données brutes).
Source : Insee (Sirene). Traitements Observatoire de la création d’entreprise.

À un niveau sectoriel plus fin, force est de constater que la dynamique entrepreneuriale est fortement cyclique, car potentiellement plus sensibles à la conjoncture économique ou sanitaire (effet d’opportunisme), mais aussi impulsée par les grandes transformations sociétales actuelles ou des évolutions législatives et réglementaires. Ainsi, sur les dix dernières années, seulement dix activités suffisent à expliquer 61 % de l’évolution globale de la création d’entreprise en France :

  • La vente à domicile et la vente à distance, avec le développement du commerce en ligne.
  • Les transports de voyageurs par taxis (y compris les VTC), puis les autres activités de poste et de courrier avec l’essor des plateformes d’intermédiation en ligne.
  • Les autres services personnels sur fond de regain d’intérêt pour les médecines douces et les services à la personne (SAP).
  • Le conseil pour les affaires et autres conseils de gestion, le nettoyage courant des bâtiments et le conseil en relations publiques et communication dans le sillage des services aux entreprises et du B2B.  La production d'électricité, avec les incitations réglementaires récentes.

Les dix plus fortes contributions sectorielles à l’évolution de la création d’entreprise, 2013-2022 

Lecture : en France, la création d’entreprise a augmenté de + 2,0 % en 2022 par rapport à 2021. Trois secteurs ont contribué négativement, par une baisse importante du nombre de créations, ralentissant ainsi l’évolution globale. Parmi ces secteurs, les autres activités de poste et de courrier ont eu la plus forte contribution négative avec - 4,4 points de contributions, expliquant ainsi à elles-seules 31 % de l’évolution annuelle en 2022 par rapport à 2021.
Champ : France entière, unités légales productives et marchandes, exerçant une activité non agricole (données brutes).
Source : Insee (Sirene). Traitements Observatoire de la création d’entreprise.

Parmi les tendances de fond qui participent à la transformation en cours de la société et qui ont orienté les projets de création de ces dix dernières années [8] :

  • les évolutions des modes de consommation comme la fabrication de produits locaux, premium ou éthiques, le Do It Yourself, l’écotourisme ou tourisme local, le jeu vidéo, le tri sélectif, l’impact carbone, la mobilité douce ;
  •  les changements dans les pratiques d’achat avec l’e-commerce et l’intermédiation clients-fournisseurs ; le retour en grâce du seconde main ; l’achat en circuits courts et le transport du dernier kilomètre ; le Made in France et la recherche de l’excellence à la française. Sinon ne plus acheter mais louer, prêter ou partager avec le développement de l’économie collaborative ; ou le fait-maison.
  • les bouleversements dans les pratiques au travail  en lien par exemple avec l’usage de l’intelligence artificielle (IA) et de la réalité virtuelle ; le nomadisme numérique, le télétravail et la qualité de vie au travail ; la formation en ligne et le coaching professionnel.
  • le « bien vieillir » avec les problématiques de santé et de bien-être pour tous ; l’économie des seniors ou Sylver Economy (résidentiel, habillement, aide la mobilité, service à la personne, marché de la dépendance, télémédecine/assistance, fin de vie).

… le tout se jouant sur fond de développement durable (ODD de l’ONU) et de responsabilité sociétale des entreprises (RSE).


 [8] OBSERVATOIRE DE LA CRÉATION D’ENTREPRISE. « Secteurs porteurs : quelles opportunités pour créer une entreprise ou dynamiser son activité ? », Masterclass BIG, octobre 2022.

Regain d’intérêt pour la création d’entreprise dans les petites villes et le monde rural sur fond d’hégémonie francilienne et d’absence d’exode urbain

Si l’élan entrepreneurial des dix dernières années est présent partout, puisque la création est en hausse dans chaque territoire, l’Île-de-France en est le principal moteur (+ 8,2 % en moyenne de 2012 à 2022), en raison de l’attractivité de la métropole de Paris. La région accentue son ascendant sur la période : c’est la seule région à avoir un poids plus important aujourd’hui qu’hier dans la création d’entreprise nationale. Sa part passe de 23 % à 27 % sur la décennie. Ailleurs dans l’Hexagone, ce rythme soutenu de créations est généralisé et concentré autour de la moyenne pour la Métropole hors Île-de-France (+ 6,1 %). Seule la région des Pays de la Loire se démarque par son sur-dynamisme (+ 6,8 %). La Martinique et Mayotte tirent, quant à elles, la dynamique en outremer.

La création d’entreprise sur le territoire français, 2012-2022

Lecture : la création d’entreprise en Île-de-France a augmenté de + 8,2 % par an en moyenne entre 2012 et 2022, un taux de croissance annuel moyen supérieur à celui de l’ensemble du pays (+ 6,6 % par an en moyenne) entraînant ainsi une croissance de la part régionale dans la création d’entreprise totale sur les dix dernières années (23,5 % en 2012 contre 27,2 % en 2022). 
Champ : France entière, unités légales productives et marchandes, exerçant une activité non agricole (données brutes).
Source : Insee (Sirene, COG). Traitements Observatoire de la création d’entreprise.

 

Dans l’ensemble, toutes les zones urbaines très denses ont porté la dynamique entrepreneuriale en France sur les dix dernières années. Elles ont un rythme de création d’entreprise plus élevé que la moyenne (+ 8 % par an) et concentrent la moitié des nouvelles immatriculations entre 2012 et 2022 (4,1 M). Elles ont d’ailleurs vu leur poids dans la création nationale progresser de 46 % en 2012 à 51 % en 2022, avec une accélération dans les grandes villes de Province entre 2016 et 2021 compensant le ralentissement constaté à Paris entre 2018 et 2021.

Part de la création d’entreprise par type de commune, 2012-2022

Champ : France entière, unités légales productives et marchandes, exerçant une activité non agricole (données brutes).
Sources : Insee (Sirene, COG), MENJ-DEPP. Traitements Observatoire de la création d’entreprise
 

A contrario, les zones rurales reculent jusqu’en 2020, passant de 27 % à 22 % de la création totale. La pandémie de Coronavirus n’a pas eu d’effet migratoire sur les créations hors des grandes villes (évolution annuelle moyenne identique, à + 8 %, dans les zones urbaines très denses avant et après 2020). Elle semble toutefois avoir redynamisé la création d’entreprise dans les zones rurales et les petites villes dès 2020 (respectivement + 11 % et + 10 % par an en moyenne de 2020 à 2022 contre + 4 % de 2012 à 2020 pour les deux zones). La part du monde rural dans la création d’entreprise ne commence à augmenter qu’à partir de 2020 ; 2018 pour les petites villes. La pandémie semble donc avoir amplifié l’intérêt renaissant des porteurs de projet pour s’installer dans les zones rurales, les petites villes et certaines grandes villes de Province.
 

Évolution de la création d’entreprise avant et après la pandémie de Covid-19 par type de commune, 2012-2022

Note de lecture : le diamètre des cercles est proportionnel au nombre de créations d’entreprises de 2012 à 2022, sauf pour la France.
Champ : France entière, unités légales productives et marchandes, exerçant une activité non agricole (données brutes).
Sources :
Insee (Sirene, COG), MENJ-DEPP. Traitements Observatoire de la création d’entreprise

Les zones de revitalisation rurale (ZRR) ont permis un maintien de l’équilibre territorial malgré une dynamique structurellement plus faible

Entre 2012 et 2022, les zones de revitalisation rurale (ZRR) [9] ont attiré 12 % des entreprises créées sur le territoire, soit près d’un million d’entreprises en dix ans. Leur attractivité reste toutefois inférieure à leur poids dans la population française (16 % en 2020, pour 10,6 M d’habitants). Un constat partagé avec les zones rurales ne bénéficiant pas de ce dispositif : elles ont attiré 15 % de l’ensemble des créations de la période (1,2 M d’entreprises) pour 20 % des habitants.

Que les territoires soient ZRR ou non, ils ont connu une dynamique entrepreneuriale en progression continue sur la période, avec un rythme de croissance relativement similaire et proche de la moyenne nationale : respectivement + 5 % et + 6 % chaque année [10] . Le nombre de créations d’entreprises par tête est ainsi sensiblement identique dans les zones rurales, qu’elles bénéficient ou non du dispositif : respectivement 11 et 12 pour 1 000 habitants. 

La création d’entreprise en ZRR, hors ZRR et dans les zones urbaines, 2012-2022

Champ : France entière, unités légales productives et marchandes, exerçant une activité non agricole (données brutes).
Sources : Insee (Sirene, COG), ANCT, MENJ-DEPP. Traitements Observatoire de la création d’entreprise.


[9] Créées par la loi d'orientation pour l'Aménagement et le développement du territoire (LOADT) du 4 février 1995, les Zones de revitalisation rurale (ZRR) permettent aux porteurs de projet qui s’implantent dans des territoires ruraux présentant des difficultés économiques et sociales, de bénéficier d’exonérations fiscales

[10] Voir l’Annexe 8.

Les habitants des Quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) montrent un intérêt prononcé pour l’entrepreneuriat, mais…

Avec plus de 86 000 créations d’établissements en 2021 [11]  (dont 75 % de micro-entrepreneurs vs 61 % dans l’ensemble du pays) et un stock de 309 000 établissements en activité, les QPV [12]  affichent une dynamique entrepreneuriale importante. En effet, à l’instar de l’ensemble du pays, le stock comme le nombre de créations d’établissements progressent continuellement d’année en année, mais les QPV affichent des taux plus élevés que la moyenne nationale, tant pour le renouvellement des établissements (279 en QPV vs 128 en France) que pour la création par habitant (167 en QPV vs 141 en France). En revanche, les QPV se situant exclusivement dans les villes, ils bénéficient d’un effet d’entraînement lié à l’attrait naturellement plus élevé de ces dernières.

L’indice entrepreneurial des QPV reflète ce dynamisme : 1 habitant sur 5 contribuent à la chaîne entrepreneuriale. Si cette contribution est moins élevée que pour la France entière (3 sur 10), elle est nettement plus élevée en 2021 qu’en 2018 (+ 6 points), voire elle progresse alors même que la dynamique nationale est étal et que le pays sort à peine d’une crise sanitaire inédite.

Autre fait marquant, les QPV affichent une intention entrepreneuriale plus élevée que l’ensemble du pays (12 % d’intentionnistes en QPV contre 9 % en France) et en croissance (+ 3 points par rapport à 2018), ce qui confirme l’existence d’un vivier important d’entrepreneurs potentiels dans les QPV.

Cependant, les passages à l’acte ne suivent pas : la part des porteurs de projet (bien qu’en hausse) et des chefs d’entreprise est très faible (2-3 %). Une des raisons réside peut-être dans leur niveau plus faible d’exposition à l’entrepreneuriat. Quant à ceux qui n’ont pas l’intention de créer une entreprise, le principal frein est le niveau d’investissement financier jugé trop élevé ou de financeurs trop difficiles à trouver, un frein qui n’arrive qu’en 4e position pour la France dans son ensemble et dans une proportion deux fois moins élevée (9 % vs 19 % respectivement).

Le tissu économique dans les QPV, 2015-2021

Champ : France entière, ensemble des activités marchandes non agricoles (données brutes).
Source : Insee (Sirene, données sur les QPV). Traitements Observatoire de la création d’entreprise.


[11] Dernières données en date. Par ailleurs, la comparaison des données des QPV d’une année sur l’autre est fortement déconseillée par l’Insee, raison pour laquelle seule la dernière année est analysée.
[12] Les Quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) sont définis par la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine du 21 février 2014, pour être la cible d'actions prioritaires de la politique de la ville en fonction des considérations locales liées aux difficultés que connaissent les habitants de ces territoires. Les QPV ont remplacé en 2015, les zones urbaines sensibles (ZUS) et les zones de redynamisation urbaine (ZRU).

De plus en plus de femmes et de jeunes dans l’entrepreneuriat

Les porteurs de projet de moins de 30 ans représentent un tiers des créateurs en 2022, contre un quart dix ans auparavant. L’entrepreneuriat des jeunes a notamment connu une accélération entre 2015 et 2020, en parallèle avec l’essor du micro-entrepreneuriat et l’envolée des activités des transports de voyageurs par taxis et des services de livraison à domicile. En effet, l’entrepreneuriat des jeunes est particulièrement orienté sur le régime du micro-entrepreneur (en 2018, 79 % des projets des moins de 30 ans se font sous ce régime contre 59 % chez les 30 ans et plus) et se concentre fortement dans le secteur des transports et entreposage (20 % des créations par les jeunes contre 6 % des 30 ans et plus en 2018) mais aussi dans les activités scientifiques et techniques (21 % chez les jeunes contre 17 % chez les 30 ans et plus) [13].

L’entrepreneuriat féminin a également progressé sur la décennie mais de façon plus linéaire, passant de 33 % à 36 % en dix ans. À l’instar des jeunes, les femmes préfèrent déployer leur projet avec le statut de micro-entrepreneur (70 % des projets féminins contre 62 % des projets masculins en 2018) et moins sous des formes sociétaires (19 % des créations par des femmes contre 32 % pour les hommes). Elles aussi sont particulièrement présentes dans les activités scientifiques et techniques (21 % contre 16 % pour les hommes), mais surtout dans la santé humaine et l’action sociale (13 % contre 2 %) et dans les services en direction des personnes (12 % contre 3 %).

Parts des jeunes et des femmes dans la création d’entreprise, 2012-2022

Champ : France entière, unités légales productives et marchandes, exerçant une activité non agricole (données brutes).
Source : Insee (Sirene, SINE). Traitements Observatoire de la création d’entreprise.

 

Estimer la part des jeunes et des femmes dans la création d’entreprise
S’il est possible de connaître le genre et l’âge du créateur pour les entreprises individuelles classiques et les micro-entrepreneurs, cela est impossible pour les sociétés (SAS, SASU, SARL…) puisqu’il s’agit de personnes morales qui peuvent être créées par une ou plusieurs personnes. Pour estimer le nombre total de projets (toutes formes juridiques confondues) portés par des femmes ou des jeunes, deux sources sont utilisées : 
-    Le registre des entreprises et des établissements (REE), qui permet de connaître le genre et l’âge du créateur pour les entreprises individuelles classiques et les micro-entrepreneurs.
-    Le système d'information sur les nouvelles entreprises (Sine), qui permet d'analyser le profil du créateur et les conditions de démarrage des nouvelles entreprises tous les quatre ans. Il permet ainsi d’avoir une estimation de la part des femmes et des jeunes parmi les créateurs de sociétés en 2014 et en 2018. Les évolutions entre les deux dates sont projetées par interpolation linéaire. 
La somme du nombre connu d’entreprises individuelles créées par des femmes (jeunes) et du nombre estimé de sociétés créées par des femmes (jeunes), permet donc d’estimer l’entrepreneuriat féminin (jeunes) en France.

 


[13] D’après les données de l’enquête Sine 2018.

Annexes

Annexe 1 – Récapitulatif des réformes juridiques et réglementaires sur la création d’entreprise des vingt dernières années

Source : Observatoire de la création d’entreprise. 


Annexe 2 – Principaux résultats de la création d’entreprise sur les dix dernières années

a. Le solde net estimé correspond à la différence entre les créations (nombre connu) et les radiations d’entreprises (nombre connu pour les sociétés mais estimé pour les entreprises individuelles).
b. Les données relatives au stock d’entreprises de l’année A-2 étant publiées en juillet de l’année A, les dernières données en date sont celles pour l’année 2020. Le stock pour 2012 correspond au stock d’unités légales au 31 décembre 2010 tandis que le stock pour 2022 correspond à celui des unités légales au 31 décembre 2020
Champ : France entière, unités légales productives et marchandes, exerçant une activité non agricole (données brutes).
Sources : Insee (enquête Sine, RP), Greffes des tribunaux de commerce, ANCT, MENJ-DEPP. Traitements Observatoire de la création d’entrepris
 

Annexe 3 – L’indice entrepreneurial français (IEF), 2016-2021


 

Annexe 4 – Choix de carrière optimal des Français, 2021

Note de lecture : au sens de l’IEF, les « porteurs de projet » sont des personnes ayant engagé des démarches pour créer ou reprendre une entreprise au cours des 12 derniers mois et dont le projet a déjà abouti ou est en cours de réalisation (même s’il est suspendu ou reporté à une date ultérieure). Sont considérés comme « intentionnistes » toutes personnes envisageant de créer une nouvelle entreprise ou de reprendre une entreprise existante sans encore avoir engagé de démarches pour le faire.
Champ : France entière.
Source : Ifop pour le compte de l’Observatoire de la création d’entreprise (Indice entrepreneurial français). 

 

 

Champ : France entière.
Source : Ifop pour le compte de l’Observatoire de la création d’entreprise (Indice entrepreneurial français). 

 

Annexe 5 – Comportements et attitudes entrepreneuriaux en France, 2001-2021

Note de lecture : au sens du GEM, les « opportunités perçues », renvoient au pourcentage de personnes qui estiment qu’il y a de bonnes opportunités d’affaires pour eux dans les six mois à venir dans la région où ils habitent tandis que « l’entrepreneuriat comme choix de carrière » renvoie au pourcentage de personnes qui estiment que l’entrepreneuriat est un choix de carrière souhaitable.
Champ : France entière.
Source : Global Entrepreneurship Monitor. Traitements Observatoire de la création d’entreprise.

 

Annexe 6 – Caractéristiques des entreprises créées en 2014, trois et cinq ans après leur création

Lecture : 81 % des sociétés créées en 2014 étaient toujours actives trois ans après leur création en 2017 (31 % chez les micro-entrepreneurs créés en 2014) et 67 % étaient toujours actives en 2019, cinq ans après leur création (22 % chez les micro-entrepreneurs). Parmi les sociétés créées en 2014, 9 % des dirigeants avaient une autre activité salariée dans le privé ou le public (35 % des micro-entrepreneurs) et 35 % employaient au moins un salarié hors dirigeant salarié (aucun chez les micro-entrepreneurs).
Champ : France entière, unités légales productives et marchandes, exerçant une activité non agricole (données brutes).
Source : Insee (enquête Sine, interrogations 2014 et 2019). Traitements Observatoire de la création d’entreprise.
 

Annexe 7 – Stock annuel d’unités légales installées en France, 2012-2020

Champ : France entière, unités légales productives et marchandes, exerçant une activité non agricole (données brutes).
Sources : Insee (Sirene, COG) ; Greffes des tribunaux de commerce. Traitements Observatoire de la création d’entreprise.

 

Annexe 8 – Création d’entreprise dans les zones de revitalisation rurale (ZRR), hors ZRR et en milieu urbain, 2012-2022

 

Champ : France entière, unités légales productives et marchandes, exerçant une activité non agricole (données brutes).
Sources : Insee (Sirene, COG). Traitements Observatoire de la création d’entreprise

Méthodologie

Ce document repose sur les données brutes (non corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrés) du répertoire des entreprises et des établissements (REE) de la base de données Sirene, mais aussi sur les données du Code officiel géographique (COG) et du recensement de la population (RP), toutes mises à disposition par l’Insee. Sont également utilisées des données de l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) pour les ZRR ; et celles de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du ministère en charge de l’Éducation nationale (MENJ) pour la typologie des communes urbaines et rurales. Le maillage territorial se réfère à la liste des communes au 1er janvier 2022.


Les résultats statistiques présentés portent sur l’ensemble des unités légales productives et marchandes, exerçant une activité économique réelle dans l'industrie, la construction, le commerce ou les services. Sauf mention particulière, ils concernent la France entière.
Pour les données de la création, le document traite des données du REE, à l’exception de la partie concernant la création nette qui se réfère aux données des Greffes des tribunaux de commerce, car elles seules permettent de connaître les radiations de sociétés. Le nombre obtenu par cette source diffère sensiblement de celui du REE, mais suit la même tendance. 

Ce document utilise également les données de l’enquête Sine (Système d'information sur les nouvelles entreprises) pour les données de pérennité et de profilage des créateurs d’entreprise, ainsi que les données de l’Indice entrepreneurial français (IEF) et du Global Entrepreneurship Monitor (GEM) pour les données relatives à la perception, la culture et l’appétence entrepreneuriale des Français. 


Calcul

Le taux de croissance annuel moyen (TCAM) représente le taux d'évolution moyen par an sur une durée de n années.

La base REE ne permet de connaître la taille de l’entreprise à la création (en nombre de salariés) que par tranche. Une estimation de la création d’emplois engendrée par ces nouvelles entreprises est alors nécessaire. Afin de ne pas surestimer les créations d’emplois, notamment dans les tranches élevées (par exemple, la catégorie « 50 à 99 salariés »), la borne basse de chaque classe est retenue. Ainsi, une entreprise créée et appartenant à la classe « 6 à 9 salariés » comptera pour 6 créations d’emplois a minima.

Définitions

La définition des créations d’entreprises s’appuie sur les concepts harmonisés au niveau européen. Elles correspondent aux nouvelles immatriculations dans le répertoire REE, qui enregistrent un début d’activité relevant de l’un des cas suivants : création de nouveaux moyens de production ; redémarrage d’une activité après une interruption de plus d’un an ; redémarrage d’une activité après une interruption de moins d’un an, mais avec changement d’activité ; reprise, par une entreprise nouvelle, des activités d’une autre entreprise s’il n’y a pas continuité entre la situation du cédant et celle du repreneur, en termes d’activité et de localisation.

Une métropole est un établissement public de coopération intercommunale (EPCI) à fiscalité propre qui regroupe 
« plusieurs communes d’un seul tenant et sans enclave et qui s’associent au sein d’un espace de solidarité pour élaborer et conduire ensemble un projet d’aménagement et de développement économique, écologique, éducatif, culturel et social de leur territoire afin d’en améliorer la compétitivité et la cohésion » (art. L5217-1 CGCT). La liste est établie par décret.

La typologie des communes, établie par la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance du ministère en charge de l’Éducation nationale pour décrire le système éducatif, repose sur un croisement d’approches morphologique et fonctionnelle, et permet de distinguer neuf types de communes rurales et urbaines. Cette note d’analyse tient compte de la nouvelle définition de la ruralité et de la typologie des communes rurales et urbaines revues en novembre 2021. 

 

Bpifrance Création – Observatoire de la création d’entreprise (OCE)
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Publication 100 % numérique mise en ligne le 27/07/2023.
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