Les bonnes idées ne viennent pas que de nous... mais aussi du regard des autres !

Qu'est-ce qui vous a donné le déclic pour entreprendre ?

C'est parti d'un constat tout simple, lors de ma dernière année d'étude au Celsa. En prenant un café avec des amies, j'ai réalisé que les bars n'avaient toujours pas connu leur révolution digitale. L'idée m'est donc venue d'ouvrir un "bar numérique" qui proposerait une expérience nouvelle, utile et ludique aux clients, à l'aide notamment de tables tactiles. Etant spécialisée dans la communication, il a fallu que je me forme et que je me crée un réseau de développeurs et de créatifs, pour mieux comprendre l'environnement du web. J'ai donc fait mon stage de dernière année comme community manager chez Nurun, puis j'ai travaillé dans différentes agences web dans le social media, jusqu'à ce que l'entreprise de mon employeur se fasse racheter par un grand groupe. Comme je préférais la dimension indépendante de l'agence au fonctionnement d'un grand groupe, j'ai demandé une rupture conventionnelle de mon contrat de travail pour lancer ma propre boîte !

En quoi consiste votre projet ?

Une chose est sûre c'est qu'il n'a pas cessé d'évoluer ! J'ai abandonné l'idée d'ouvrir un bar numérique - trop compliqué à lancer comme premier service - pour me concentrer sur un tout autre projet. Aujourd'hui, nous nous apprêtons, mon associé et moi, à lancer un site internet qui va permettre de réserver un bar pour son événement (anniversaire, pot de départ...). Je me suis rendu compte que c'était toujours très difficile. Cela prend beaucoup de temps, on a du mal à trouver les infos, à joindre la bonne personne. Je ne parle même pas du fait que peu d'entre nous sont capables de négocier avec les patrons de bars pour obtenir des prix de groupe. C'est à ces problèmes que nous proposons une solution, avec un service simple, rapide, intuitif et efficace pour gérer ces événements. Je pourrai vous en dire plus, lorsque le service sera lancé... très prochainement !

Vous dites que votre idée a beaucoup évolué, comment a-t-elle fait son chemin ?

C'est très simple, dès que j'en ai l'occasion, je parle du projet autour de moi : aux partenaires (les bars notamment), à mes amis, aux personnes que je rencontre, etc. C'est beaucoup grâce à leurs retours que j'ai pu affiner l'idée de départ. J'ai aussi beaucoup parlé avec d'autres entrepreneurs qui s'étaient lancés sur le même secteur, pour apprendre de leurs expériences. Leurs succès et leurs difficultés me permettent d'avoir une meilleure vision des particularités de ce marché. Jusqu'à présent j'ai de très bons retours de la part de la plupart des personnes rencontrées, surtout des clients de bars. Ils se projettent dans l'utilisation du service pour leur prochain événement, c'est très positif !

Comment avez-rencontré des entrepreneurs de votre secteur ?

J'en ai repéré un premier en réalisant une veille sur internet. Le second je l'ai croisé au Numa, où il avait animé un atelier traitant du paiement mobile. J'ai pris contact avec lui sur LinkedIn. Connaissant très bien le marché, il m'a fait rencontrer les autres acteurs sur mon secteur. Cela m'a permis de rentrer plus rapidement dans la compréhension de mon marché et des usages inhérents à l'exercice de ma future activité.

Qu'avez-vous fait pour lancer votre projet ?

J'ai fait principalement 3 choses. J'ai tout d'abord travaillé mon business plan. Il m'a servi de base de travail, d'outil de questionnement et de méthode pour lancer l'étude de marché notamment. En parallèle, j'ai très rapidement commencé à concevoir un prototype de mon site à l'aide d'outils comme Proto.io, Balsamiq, Moqups... pour être en mesure de réaliser un premier "brief" auprès d'un créatif, d'un web designer, etc. C'est un conseil que je peux donner à ceux qui souhaiteraient se lancer dans le web : créez un prototype de votre site internet pour faire apparaître les principaux points qui pourraient bloquer sa bonne utilisation. Il faut donner vie au site le plus tôt possible pour pouvoir réaliser des tests sur le parcours de l'utilisateur afin qu'il soit le plus simple possible et conduise à un taux de conversion maximal. En outre, en faisant tester le prototype à son entourage, cela évite de perdre du temps et de l'argent lorsqu'il s'agit de rencontrer les développeurs pour le cadrage du projet et sa mise en œuvre. Enfin, je me suis intéressée à l'univers de la création d'entreprise, à l'entrepreneuriat en général et au monde des startups en réalisant une veille sur internet. Je me suis abonnée à de nombreux fils twitter pour suivre les influenceurs, à des newsletters de la presse spécialisée comme Maddyness, mais j'ai également participé à des événements. Sortir et rencontrer d'autres personnes dans sa situation est très encourageant et très instructif. J'ai participé aux évènements de The Family et du Numa essentiellement. Je me suis également renseignée sur les startups en consultant les vidéos de Koudetat réalisées par The Family. Lors de ces rencontres, j'ai pu découvrir des outils utiles comme le Business model canvas et le prévisionnel financier Fisy pour m'aider dans la construction de mon projet.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

Je ne connaissais pas du tout le milieu des startups. C'est beaucoup de jargon et d'expressions avec lesquelles j'ai dû me familiariser pour comprendre comment ce milieu fonctionne. Il faut se former également dans de nombreux domaines comme la finance et le droit. Mais heureusement ce sont des sujets qui m'intéressent, C'est génial de se confronter à toutes les facettes d'un métier. Cela paraît très lourd mais j'ai la chance d'être bien entourée et conseillée.

S'il fallait souligner une difficulté ?

Le temps est ce qui me semble le plus compliqué à gérer. On ne peut pas savoir à l'avance combien de temps il faudra pour arriver à un produit réalisable. Pourtant c'est un élément stratégique : pour avoir un maximum de marge de manœuvre afin d'améliorer le service rendu, il faut lancer son site internet le plus tôt possible. Ne pas se précipiter mais ne pas trop attendre... c'est très facile à dire, mais au quotidien cela suppose de vraiment s'astreindre à un retro planning clair, même si celui-ci change toutes les semaines.

Vous parlez du milieu des startups, peut-on dire que vous en créez une ?

En observant mes concurrents et en écoutant les acteurs que j'ai pu rencontrer, j'ai compris qu'il s'agissait d'une startup ou si vous préférez d'une entreprise à fort potentiel de croissance. En effet, le service que je souhaite vendre est "scalable", comme on dit dans ce milieu. Que le service soit vendu à 1 ou 1 000 personnes, les coûts supportés par ma structure pour le produire n'augmenteront que faiblement voire, dans le meilleur des cas, resteront constants. En somme, si je parviens à toucher un public de plus en plus large, je verrai ma rentabilité s'accroître très fortement. En outre, j'ai réalisé qu'une startup n'était qu'une étape dans la création d'une entreprise. C'est un moment où l'on recherche son business model, c'est-à-dire tenter de définir le plus précisément possible un prix, un type de client, un canal de distribution et une politique de communication appropriée. Cela revient à élaborer son mix-marketing.

Qu'est-ce que vous inspire le mot "startup" ?

Je pense tout de suite au numérique et aux possibilités qu'il nous offre au quotidien pour réinventer nos habitudes. C'est aussi un changement de mentalité, plus orienté vers l'utilisation que la possession, fondement que l'on retrouve dans les principes de l'économie collaborative.

Quels organismes vous ont aidée dans votre projet jusqu'ici ?

A Paris, on a la chance d'avoir énormément d'intervenants de qualité. Je pense par exemple à The Family ou au Numa qui ouvrent au public des conférences, ateliers, rencontres... sur des questions juridiques (pacte d'associé, CGV, etc.) ou stratégiques (growth hacking, développement mobile, etc.). J'ai aussi beaucoup appris en allant voir d'autres startups pitcher leur idée lors d'évènements dédiés.

Et maintenant que comptez-vous faire ?

Je suis en ce moment en cours de finalisation de la présentation du projet. La prochaine étape est de postuler début février dans un accélérateur pour bénéficier de son réseau et de son savoir-faire et avancer plus vite et mieux sur certaines questions techniques. La phase suivante consiste à rechercher des financements supplémentaires pour donner plus d'ampleur au projet. Propos recueillis en février 2015 par Yoann Rotureau

Février 2015