Développer l'ESS, c'est agir pour la croissance et l'emploi !

Création d'entreprise
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Vous souhaitez créer une entreprise respectueuse de l’environnement, qui a un impact positif sur votre ville et ses habitants ? Alors bienvenue dans le secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS) ! Bien souvent méconnue ou peu valorisée, l’ESS n’en est pas moins considérée par certains comme l’économie de demain.

« Les jeunes sont en quête de sens et d’impact. Il faut leur montrer qu’avec l’économie sociale et solidaire, ils ont le pouvoir de changer les choses », affirme Claudia Ruzza. Et force est de constater que cela se reflète en chiffres ! Ils étaient plus de 1,2 million à travailler dans le secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS) au 31 mai 2024 selon les dernières données officielles publiées par ESS France. 
Valeurs porteuses, gouvernance démocratique, place à l’initiative, sont autant de facteurs qui poussent, jeunes comme moins jeunes, à se lancer dans l’ESS. Pour autant, méconnaissances et a priori persistent sur ce secteur. Pour vous permettre d’y voir un peu plus clair, nous avons interrogé Claudia Ruzza, la Directrice Générale de Positiv, un réseau d’accompagnement, membre du collectif cap créa, facilitant l'insertion professionnelle et le développement de projets entrepreneuriaux.
 

Interview Question/Réponse

Bpifrance Création : Plus de 10 après l’adoption de la loi ESS, où en est-on ?

Claudia Ruzza : Il est indéniable que le secteur bénéficie d’une bien meilleure visibilité qu’auparavant et peut désormais compter sur de solides soutiens financiers comme France Active et Bpifrance. Pour autant, je reconnais que je ne suis pas forcément la mieux placée pour donner un avis complètement objectif. Je travaille depuis plus de 15 ans dans le secteur associatif et j’ai toujours eu la conviction que c’était l’économie de demain ! 
Néanmoins, je reconnais que dès que je sors de mon cercle professionnel, la perception de l’ESS n'est pas forcément aussi claire pour tout un chacun. Ce qui montre bien qu’il y a encore un travail d’évangélisation à faire. 

Bpifrance Création : Quel rôle joue l’ESS, tant au niveau national que dans les territoires ?

CR : Selon moi, l’ESS joue un rôle de paix sociale, c’est-à-dire que là où le droit commun n’est plus, l’économie sociale et solidaire prend souvent le relais. Néanmoins, c’est un secteur qui reste encore assez dévalorisé en France et ce, malgré son poids économique ou même le rôle clé qu’il joue dans l’employabilité des Français.

Bpifrance Création : Diriez-vous qu’il y a une méconnaissance du secteur ?

CR : Effectivement. On accompagne beaucoup d’entrepreneurs qui sont dans l’ESS sans même le savoir. D’autre part, si tout un chacun s’accorde à dire que ce type d’entreprise a du sens, ils ne sont qu’une poignée à les considérer comme des structures employeuses, alors que certaines sont de vraies PME. 

Bpifrance Création : Est-ce que les entreprises sociales et solidaires ont des besoins spécifiques en termes de financement ?

CR : Si je prends l’exemple de Positiv, nous avons besoin de financements réguliers, avec une vision beaucoup plus « longtermiste » que des entreprises traditionnelles. 
Malheureusement, tous les outils et mécanismes financiers ne sont pas encore totalement adaptés à nos besoins, c’est pourquoi, à mon sens, il y a un vrai travail à mener de la part des organismes financiers pour mieux accompagner notre secteur dans son développement. De même, il est nécessaire que ces institutions fassent davantage preuve de patience, car quand on veut générer de l’impact, on est sur du temps long.

Au-delà du financement, je pense que les entreprises de l’ESS ont un vrai besoin d’accompagnement dans leur phase de structuration et de passage à l’échelle*, car c’est bien souvent par manque d’accompagnement dans ces phases que les entreprises trébuchent. 
 

*Le “passage à l’échelle” représente une période de transition d'une phase de croissance initiale vers une phase de croissance significative et soutenue

Bpifrance Création : La transition écologique et énergétique est-elle au cœur des projets de toutes les personnes que vous accompagnez ?

CR : Malheureusement non, pas encore. Les projets liés au climat sont, pour le moment, assez peu représentés dans les quartiers. Néanmoins, nous sensibilisons tous nos porteurs de projet sur la nécessité d’intégrer cette brique le plus tôt possible dans leur concept. 
J’ai la conviction que créer une entreprise vertueuse ne sera bientôt plus un avantage concurrentiel, en revanche, ce sera un gros désavantage de ne pas l’être. Donc si on ne veut pas rajouter de l’exclusion à l’exclusion, il faut prendre le pli !
 

Bpifrance Création : Comment favoriser le développement des entreprises de l’ESS ? En particulier chez les jeunes ?

CR : Il faut le rendre plus sexy, et mieux payer ! On a du mal à penser que ceux qui font le bien, qui créent de la valeur, qui imaginent une société plus juste et plus durable, doivent être bien payés. Mais c’est un fait ! La reconnaissance ne peut pas être seulement humaine.

Augmenter les salaires permettrait également de voir éclore davantage de rôles modèles. Des entrepreneurs passionnés qui porteraient leur vision et leur histoire. C’est aussi grâce à ce genre de témoignages que nous pourrons davantage toucher un jeune public en quête de sens et d’impact. Il faut leur montrer qu’avec l’ESS, ils ont le pouvoir de changer les choses. On a longtemps présenté le secteur associatif comme « la voie de garage », alors que c’est au contraire un choix de carrière ambitieux. Montrons-le ! 
 

Bpifrance Création : Dans les entreprises que vous accompagnez, un secteur se détache-t-il des autres ?

CR : Ces derniers temps on observe un engouement croissant pour l’artisanat et le retour au travail manuel. Je pense notamment à des concepts de boulangeries bio ambulantes. 

Bpifrance Création : D’ailleurs, avez-vous une belle histoire à nous partager ?

CR : Oui, celle de Mounia Krib, une jeune femme de Trappes (78) qui a lancé Inkee, une start-up industrielle qui transforme le marc de café en pigments pour des encres biosourcées. C’est un projet ambitieux qui vise à transformer le secteur de l’imprimerie. Actuellement en phase de R&D, elle s’est rapprochée d’Epson et Canon pour leur proposer son concept. Son parcours est très inspirant à plus d’un titre, notamment parce qu’elle ne vient absolument pas du monde de la chimie.

Mélanie Bruxer - Rédactrice web
Septembre 2025

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