Jan Prudik, co-fondateur de Frach, plateforme e-commerce : du business model à la contrainte technique

Pour créer Frach, vous êtes partis d'une tendance qui monte sur le marché : consommer de façon écoresponsable et locale. Quelles ont été les étapes à la suite de l'identification de ce besoin ?

Comme vous le dites, Frach part de nos habitudes de consommations quotidiennes. Comme vous, nous avons remarqué que nos produits venaient de plus en plus loin, avec des colis de plus en plus gros. Frach est un projet que nous avons porté à maturation durant deux ans. Le temps d’une réelle réflexion sur le besoin et d’identification d’une vraie solution.

Nous avons d’abord pensé notre identité propre, identifié ensuite le nom de notre projet pour créer à la fin un business model précis. La définition d’une stratégie de création, voilà notre point de départ.

Une fois ce cadre mis en place, comment avez-vous donné vie à votre plateforme sur les plans technique et commercial ? 

Une plateforme e-commerce est un projet assez technique. Nous avons commencé par contacter une agence de développement. Ils nous ont proposé deux solutions : soit partir d’une licence pour créer un site réalisable rapidement mais avec des fonctionnalités limitées, soit créer un site développé sur mesure avec des fonctionnalités plus larges et agiles.

Nous avions d’emblée une idée très précise de nos besoins grâce au travail de réflexion mené au préalable et un cahier des charges très pointu, d’où le deuxième choix. En ce qui concerne le volet commercial, l’étape suivante était la création de marque, d’identité propre et d’un univers Frach.

Vous avez suivi un plan extrêmement précis en ayant identifié préalablement vos besoins en termes de fonctionnalités techniques, mais comment identifier les marques et les recruter quand on est une jeune plateforme ?

Nous avons tout d’abord identifié les marques qui nous intéressaient le plus grâce à des labels certifiant l’origine française (France Origine, France textile, etc.), le tout en fonction des besoins du marché. Ensuite, il restait à les convaincre ! Nous avons travaillé des échantillons visuels pour convaincre les entreprises d’être référencées sur notre site. Nous précisions également à chaque contact les fonctionnalités du site et les possibilités que la plateforme allait leur ouvrir.  

Récemment beaucoup de commerçants se sont digitalisés. Avez-vous des conseils pour ceux qui envisagent de le faire ?  

Assurément, identifier sa cible et son offre. Toujours se poser la question : quels sont nos arguments, quelle est notre spécificité ? Qu’est ce qui fait que cela fonctionnera ?

Il faut aussi beaucoup miser sur les réseaux sociaux et travailler son image pour une impression de sérieux et de crédibilité. Au-delà de tout, Il faut veiller à la cohérence de son projet et de son site de vente. On ne doit pas avoir la même approche technique dans la création de son site si on privilégie la vente directe ou si on souhaite plutôt s’en servir comme un moyen pour être référencé sur d’autres plateformes.

Plus concrètement, comment doit-on procéder dans l’un ou dans l’autre cas ?  

Si le but du jeu c’est de vendre partout sur différentes plateformes, il faut plutôt un site avec des solutions prêtes et efficaces.  Cela permet de simplifier les processus : par exemple, avoir des connecteurs qui transmettent ses propres fiches produits automatiquement sur d’autres plateformes. C’est plus facile pour la gestion des stocks et des prix et ça évite de devoir recréer les fiches produits pour chaque plateforme sur laquelle on va vendre. Il est inversement plus intéressant de développer un site sur-mesure si l’on privilégie qu’il soit un intermédiaire de vente.  

Une fois son choix fait, il faut se rapprocher d’entreprises spécialisées dans la gestion de l’expédition pour automatiser les procédures de commande (choisir le bon transporteur, vous faire imprimer le bordereau de transport). Le but est que l’ensemble du processus depuis le panier jusqu’à l’expédition de la commande soit automatisé. 

Il y a donc différentes choses à prendre en compte avant de se lancer dans l’e-commerce en tant qu’entreprise naissante ?  

Cela dépend de nos objectifs et de la volonté qu’on a dans l’e-commerce. Il y a différentes solutions : avoir son propre site, se faire référencer sur des plateformes, ou faire les deux à la fois. Le choix des fonctionnalités techniques du site doit dépendre de la stratégie que l’on se fixe en tant que créateur d’entreprise.

Chez Frach nous avons des vendeurs et des marques, qui n’ont pas un site e-commerce. Ils peuvent renseigner leurs produits, ils ont un catalogue et même une page boutique où ils parlent d’eux et de leurs vision et savoir-faire. Ils gèrent leurs propres promotions et leurs codes en toute autonomie. C’est une possibilité, pour les jeunes marques, d’avoir un premier pas dans l’e-commerce de façon plus légère et moins technique. 

Que conseillez-vous aux entreprises qui souhaitent développer leur marketplace, mais peuvent être découragées par les géants du marché comme Amazon ? 

De croire en eux, même si ces plateformes ont beaucoup de poids. Dans chaque domaine il y a des géants, l’important est d’identifier une particularité, une différence qui fait que sa plateforme va ressortir du lot et apporter un produit différent, un service en plus ou simplement un visuel remarquable.

Créer une communauté autour de sa marque est une clé à prendre en compte. Quand vous créez votre plateforme, il faut prendre le temps de bien poser à plat tous les éléments qui vont constituer votre entreprise, aussi bien le service que les entreprises avec lesquelles elle va travailler ou encore les bonnes solutions à chaque besoin et problème. Cette démarche est nécessaire pour le lancement de sa plateforme. 

Décembre 2020