Les pôles d'innovation pour l'artisanat et les petites entreprises s'adressent aussi aux créateurs d'entreprise !

Pouvez-vous présenter le réseau des pôles d'innovation pour l'artisanat et les petites entreprises ?

Le label "pôle d'innovation pour l'artisanat et les petites entreprises" a été créé en 1991 par le ministère en charge de l'artisanat. Organisés en réseau national, les pôles ont vocation à susciter, promouvoir et accompagner les projets d'innovation des artisans et des petites entreprises dans un secteur d'activité ou dans un domaine spécifique. Leur expertise permet d'apporter aux entreprises ou aux porteurs de projets une analyse des évolutions en cours en termes de technologie, de méthodes, de réglementation et de marché, et les outils opérationnels nécessaires à leur mise en œuvre.

Quels sont les domaines d'action des pôles d'innovation ?

Le but des pôles d'innovation est de permettre aux entreprises artisanales d'innover afin de rester compétitives face à la concurrence et de se saisir de marchés émergents liés aux évolutions de la société, aux normes, aux réglementations, aux avancées technologiques, au durcissement de la concurrence mondiale : économie du vieillissement, économie du handicap, économie de la nutrition-santé, éco-construction, développement durable, technologies de l'information et de la communication, etc.

Auriez-vous des exemples à nous donner ?

Les actions des pôles, quel que soit le secteur de l'artisanat, peuvent être classées dans plusieurs catégories d'innovation ou recouper plusieurs types d'innovations qu'elles soient de produit, de processus, de marketing ou organisationnelle. Voici quelques exemples : - Innovation technologique : le projet Pafi (plate-forme d'aide à la facture instrumentale) mené par l'Itemm, Institut technologique européen des métiers de la musique (Le Mans) est un projet de recherche co-financé par le ministère de la recherche qui, à terme, permettra aux facteurs d'instruments de réaliser des prototypages virtuels d'instruments.-  Innovation de produit et de marketing : le Ceproc, pôle d'innovation de la charcuterie (Paris), informe et forme les artisans charcutiers-traiteurs à la mise en œuvre technique et marketing de la semi-conserve pour ouvrir à ces artisans le marché, entre autres, des personnes âgées. En effet, réalisée suivant les règles de l'art, la semi-conserve permet le portage à domicile. L'Inracq, pôle d'innovation de la sécurité alimentaire, diffuse en direction des artisans des métiers de bouche les dernières avancées de la recherche pour améliorer la qualité de leur offre de produits ou la diversifier. Ces dernières années, le pôle a, par exemple, transféré toutes la connaissance disponible sur les édulcorants et les colorants de substitution. Amigraf (Lille), le pôle d'innovation du secteur de l'imprimerie et les pôles d'innovation des technologies numériques et des TIC, le pôle Aten (Caen) et le CTAI (Colmar) œuvrent à la diffusion des dernières innovations commerciales dans tous les secteurs de l'artisanat : web to print, code RFID, dématérialisation des données, applications smartphones, marketing direct, etc.- Innovation de processus: l'ISRFMP (Institut supérieur de recherche et de formation aux métiers de la pierre – Rodez) et le CnifPD (Centre national d'innovation et de formation des prothésistes dentaires – Paris) travaillent sur la question de la numérisation de leurs chaînes de production respectives car, sans modernisation de leurs processus de production, ces secteurs ne peuvent absolument pas faire face à la concurrence mondiale. Dans un autre domaine, qui est celui de la prévention des risques, dont on sait qu'il peut éviter de graves défaillances d'entreprises, l'IRIS-ST, (Pôle d'innovation prévention-santé – Paris) développe, en partenariat avec divers organismes de prévention et organismes de formation, des dispositifs d'aide à la gestion du risque adaptés à la taille et aux spécificités des entreprises artisanales du bâtiment.

Les pôles d'innovation pour l'artisanat et les petites entreprises s'adressent-ils aux porteurs de projet, aux nouveaux créateurs d'entreprise ?

Oui, ils s'adressent aux porteurs de projets innovants dans l'artisanat. Les pôles d'innovation favorisent et soutiennent le déploiement de projets innovants et offrent un service d'accompagnement personnalisé localement, à condition que les pratiques qui en ressortent puissent être diffusées à l'échelon national et ainsi profiter à tous les artisans. Par exemple le Cirbat, Centre d'innovation et de recherche du bâti tropical a mis en place à l'Île-de-la-Réunion le diagnostic "CAP'Innovation", qui a vocation à être diffusé dans tous les DOM : le pôle réalise pour l'entrepreneur une évaluation de la faisabilité de son projet d'innovation, suit la constitution du dossier, et dans un deuxième temps au besoin, l'accompagne dans les travaux de développement.

Quels appuis les pôles proposent-ils en amont de la création ou de la reprise d'entreprise ou lors du premier développement de l'entreprise ?

Les pôles d'innovation sont des pourvoyeurs d'informations, de méthodes de travail, d'études et d'outils techniques. Leurs veilles technologiques et réglementaires permettent aux chefs d'entreprise du secteur artisanal d'être maintenus informés des dernières innovations sur leurs métiers. L'objectif des pôles d'innovation est aussi de permettre aux créateurs d'entreprises et aux entreprises existantes de tirer parti des innovations de rupture, celles qui changent les conditions de la concurrence et créent de nouveaux débouchés.Le Cnisam, Centre national d'innovation santé autonomie et métiers (Limoges) est récemment intervenu lors de la reprise d'une charcuterie : un artisan traiteur cherchait à se positionner sur le marché des personnes à mobilité réduite. Avec l'aide du pôle, il a mis en place un dispositif de vente par internet et de portage en lien avec les services de la collectivité locale. Autre exemple, le Cnidep, Centre national d'innovation pour le développement durable et l'environnement dans les petites entreprises (Nancy) aide les entrepreneurs dès la création/reprise à convertir la protection de l'environnement et la maîtrise de l'énergie en avantage concurrentiel. Il a créé une charte appelée "Artisan durable" qui permet à ces artisans qui respectent l'environnement d'être encadrés dans cette démarche et de le faire savoir à leurs clients. Un dernier exemple, l'INBP, Institut national de la boulangerie pâtisserie (Rouen) propose aux nouveaux entrepreneurs en boulangerie-pâtisserie un accompagnement intitulé "démarche progrès" qui consiste à réaliser avec le demandeur un état des lieux de l'entreprise ou du projet (fournil, magasin, sécurité, hygiène, étiquetage, marketing, etc.) en vue de rédiger un plan d'actions sur-mesure qui mettra l'entreprise au diapason des réglementations et des évolutions technologiques les plus en pointe.

Propos recueillis en juin 2012 par Catherine Sid

 
Mai 2012