Polytesse, de la bouteille en plastique au vêtement écologique

Vous avez fondé Polytesse en février 2020, à Beaune, à 28 ans. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?

J’ai toujours rêvé de créer une entreprise et de diriger une équipe. Plutôt que de me lancer dans des études supérieures, j’ai préféré entreprendre et apprendre sur le terrain. À 18 ans, j’ai créé une auto-entreprise de prestation de services dans un magasin de vélos. Un an plus tard, étant passionné de sport, j’ai fondé un magasin de chaussures de course à pied. L’aventure n’a duré que deux ans, mais j’ai beaucoup appris. J’ai eu par la suite plusieurs expériences de salarié en tant que commercial, la dernière favorisait une démarche de surconsommation au détriment de l’environnement. Un jour, épuisé, j’ai dit stop. J’ai donc décidé de fonder une marque de vêtements éco-responsable… et j’ai lancé Polytesse

Quelle est la recette de votre marque ?  

Je suis parti d’un double constat alarmant : d’une part, le vêtement est la deuxième industrie la plus polluante ; d’autre part, nous sommes envahis de déchets plastiques qui, souvent, finissent par être incinérés ou enfouis. Il s’avère que le polyester avec lequel on fabrique une bouteille est le même que celui qui sert à fabriquer un t-shirt. Avec cette différence que le polyester recyclé ne réutilise ni pétrole ni eau. De ce constat est né le concept de vêtements Polytesse, composés à 90 % de matériaux issus de bouteilles en plastique ainsi que de chutes de textile recyclées. L’étiquette est réalisée à partir de papier recyclé et ensemencé de graines : on peut ainsi la planter et faire pousser des herbes aromatiques… Enfin, Polytesse veut soutenir l’économie locale en travaillant notamment avec des ateliers à proximité. 

Quel est le processus de fabrication ?

Nous travaillons avec une filature basée dans les Hauts-de-France qui est chargée d’acheter la fibre auprès des usines de revalorisation de déchets plastiques. Elle traite ces copeaux de plastique en les mélangeant avec les fils des déchets vestimentaires recyclés. J’envoie ensuite ce mélange dans une usine de tissage, Malterre, dans la Somme. Cette dernière va fabriquer avec des rouleaux de tissu, qui sont ensuite dirigés vers des usines de confection, chargées de découper dans ces rouleaux des pièces pour en coudre des vêtements. Je travaille en outre avec des modélistes pour développer la collection.

Et les premiers résultats ? 

La production est en cours et nous avons livré nos premiers clients en juillet. Nous avons enregistré 307 précommandes par des particuliers alors que l’objectif initial était de 100. Et en B to B, nous avons validé les partenariats avec cinq magasins de vêtements.

Après ces premiers pas, quels objectifs pour Polytesse ? 

L’ambition de Polytesse, dans un premier temps, est de développer de nouveaux produits tels que les pantalons, les vestes ou les polos. À terme, j’aimerais embaucher une modéliste pour développer la collection en interne ainsi qu’une couturière, bref, avoir une petite équipe pour être plus réactif et créer de l’emploi. Enfin, mon rêve ultime, c’est de voir un jour des marques éco-responsables, fabriquées en France, prendre la majorité des parts de marché dans la mode , afin d'en finir avec la surproduction, les Black Friday et autres phénomènes liés à la fast-fashion… 

Octobre 2020