Juliette Babelot renouvelle la capuche de nos grands-mères

Bonjour Juliette. J’adore le nom "Capuches à Mémé", mais d’où vous est venue cette idée ?

L’idée m’est venue il y a quelques années lors du déménagement de ma grand-mère en maison de retraite et découvre, en vidant son appartement, ce tiroir plein de ces capuches pas jolies mais pratiques. Je me dis qu’il y a quelque chose à faire : garder l'utilité de l'accessoire tout en ayant le plaisir de le porter les jours de pluie.

Qu’est-ce qui vous a amené à créer votre entreprise ?

En 2016, je travaillais pour un grand groupe de presse (L'Express, j'étais la DA du magazine "A Nous Paris") et lors du rachat du groupe par Altice, j'apprends que je fais partie du PSE… C’était dur mais j’ai transformé cette déception en opportunité en voulant créer mon entreprise.

Comment avez-vous identifié un besoin avec un produit d’antan ? C’est un véritable challenge !

Je me suis renseignée sur le nombre de jours de pluie en France. Et il pleut à peu près partout, tout le temps (1 à 2 jours sur 3 en moyenne). Vous avez les manteaux à capuche (qu’il faut bien choisir le matin, et parfois la pluie surprend), mais aussi le parapluie, très souvent oublié et qui mobilise une main… Alors que la capuche offre une liberté de mouvement au quotidien, sans avoir le souci des intempéries.

Malgré la concurrence vous avez conquis le cœur de beaucoup de clients

La concurrence arrive, mais je suis la première à y avoir pensé ! Je compte bien garder une longueur d’avance sur elle et j’ai confiance en mon produit. Je me distingue par le travail du design de mes capuches, et le fait que Capuches à Mémé soit aujourd'hui LA référence en la matière.
Mais ce n’est pas ma principale préoccupation face aux autres difficultés, car beaucoup de choses sont compliquées…

Pouvez-vous m’en dire un peu plus sur les obstacles rencontrés ?

La première difficulté est la production, et notamment le fait de trouver des prestataires de qualité qui savent travailler. Après les avoir sélectionnés, je reste une "cliente non prioritaire" à leurs yeux. Tout est très lent, tout est compliqué. Produire est vraiment le nerf de la guerre et le point sur lequel je dépense beaucoup d’énergie, car mon produit doit être parfait et totalement imperméable pour toutes mes clientes.

Ensuite, il a fallu trouver une identité. Alors, cela n’a pas été de tout repos : choisir un nom, définir une image de marque, un storytelling clair pour que toute femme de tout âge puisse trouver capuche à sa tête.

Enfin, il a fallu me faire connaître : faire découvrir, faire connaître le produit. Et le plus dur est sûrement d'intéresser les influenceuses, car ce sont bien elles qui font la pluie et le beau temps sur les tendances d’aujourd'hui. Le point positif c’est que chaque problème rencontré m’a aidé à "grandir" et à me poser les bonnes questions. Si c'était si simple, tout le monde aurait sa marque, son produit, son business.

En tout cas je constate que les clientes sont plutôt très contentes sur internet !

J'ai commencé à commercialiser en septembre 2017 sur mon site (environ 1 700 capuches vendues à ce jour) et dans des boutiques distributrices (environ 1 500 capuches). Donc oui, j'ai déjà de nombreuses clientes et le produit plaît énormément puisque 25 % des clientes sur mon site, repassent commande dans les 3-4 mois qui suivent. Et la dernière étude de satisfaction révèle qu'elles sont très heureuses d'avoir découvert le concept, qu'elles sont super contentes de trouver leur capuche dans leur sac à chaque fois qu'il pleut et qu'elles recommandent.

Quels sont les outils de communication que vous avez utilisés ?

En premier lieu, j'ai fait réaliser des photos pour poser mon univers très axé sur l'esthétisme. Cela m’a permis de positionner le produit, tout en gardant la véritable volonté de la Capuche à Mémé : être portée tel un joli foulard les jours de pluie.

Et plus concrètement ?

J'ai commencé par contacter la presse pour tenter d’avoir des articles qui parlent de mon concept. J'ai eu beaucoup de chance car très vite, Version Femina, Madame Figaro, Glamour et bien d'autres ont parlé des Capuches à Mémé et cela a ramené énormément de trafic sur le site.

Puis j'ai été distribuée sur le Go for Good des Galeries Lafayette (car je fabrique responsable et en France) ce qui fut un très bon levier de notoriété. Les boutiques ont commencé à me contacter.

J'ai ensuite animé mon compte Instagram, investi dans la visibilité de mes publications, gagné un concours Start'up de la Foire de Paris, etc. C'est l'effet boule de neige et je ne compte pas m'arrêter là, puisque je serai sur le salon Maison & Objet en septembre 2019 !

Quels sont pour vous les ingrédients pour mener à bien son projet ?

La ténacité, l’optimisme, travailler dur et croire en soi, être bien conseillé pour faire les bons choix.  Les embûches sont nombreuses, on peut vite se décourager. J’ai été suivie par la CCI 92 et cela m’a permis d’avoir une vision plus "business" des choses, grâce à l’appui de quelqu'un qui m'aide à penser chiffres et organisation. Moi je suis plus une créative. On est très seul pendant toute la phase de création. Ce suivi par des professionnels de la création d'entreprise est indispensable : être conseillé, suivi, avoir la sensation d'exister.

Quelles sont vos perspectives de développement ?

Mon entreprise a maintenant 2 ans d'existence, des bilans à l'équilibre, une communauté qui me suit et donc une preuve de marché évidente.

Mon ambition est que la Capuche à Mémé devienne un accessoire de mode international "made in France". Mes différentes pistes de développement : exporter à l'international et développer le pôle "capuche-sur-mesure" pour des marques, des évènements... Ce sera déjà pas mal.

 

 Propos recueillis par Jean-Michel Ly en septembre 2019

Septembre 2019