Dans cet article :
La création de jeunes pousses issues du monde universitaire a le vent en poupe.
Portraits de trois institutions scientifiques d’excellence qui accompagnent l’émergence des pépites de la Deeptech française.
Les laboratoires de recherche
Le nombre de startups issues de la recherche académique a presque doublé ces dix dernières années, selon le rapport Génération Deeptech de Bpifrance. Les deeptech - ces jeunes pousses à forte valeur technologique qui portent des innovations de rupture - sortent en effet très souvent d’un laboratoire de recherche public. La plupart sont désormais dotés de services de valorisation, que ce soit en interne ou via des structures privées telles des filiales. Maillons clé de l’écosystème de la Deeptech, les laboratoires sont ainsi de véritables passerelles entre le monde de la recherche et celui de l’entreprise. Il en émerge chaque année un grand nombre de pépites prometteuses. Détection, programmes d’accompagnement, financement : ces institutions leur apportent un soutien d’autant plus précieux que les innovations de ces jeunes entreprises s’inscrivent sur un temps de R&D souvent très long…
Près de 100 start-up par an naissent au CNRS
Avec près de 100 startups créées par an, le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) est l’un des grands pourvoyeurs de sociétés deeptech en France. Sa filiale CNRS Innovation valorise les résultats de recherche issus des 1 000 laboratoires et 10 instituts de recherche de l’institution, que ce soit en les transférant sous forme de licence à une entreprise existante ou en accompagnant l’éclosion d'une structure. Un nouveau programme, baptisé RISE, a d’ailleurs vu le jour en janvier dernier pour encourager les chercheurs à se lancer dans l’entrepreneuriat. Sa mission ? Aider les chercheurs-entrepreneurs à structurer leur projet et établir leur feuille de route, à se former à l’entrepreneuriat et à identifier des partenaires les plus pertinents.
Les exemples emblématiques sont nombreux. Ainsi, la francilienne Sensome est à l’origine d’un capteur miniature capable d’identifier la nature des caillots obstruant les vaisseaux sanguins et d’être ainsi une aide précieuse à la décision lors du traitement chirurgical d’un accident vasculaire cérébral. Autre jeune entreprise innovante issue des travaux de recherche au sein du CNRS (Réseau sur le stockage électrochimique de l’énergie), Tiamat, une start-up basée à Amiens qui développe une nouvelle génération de batteries sodium-lithium, permettant de faire le plein d’énergie de manière dix fois plus rapide que les batteries existantes. ThrustMe, avec ses moteurs miniatures pour les petits satellites, Daumet et son alliage d’or le plus blanc du monde, Mercurio et son scanner pour numériser les œuvres d’art… ont été quelques-uns des projets mis en avant par le CNRS lors de la dernière édition du salon Viva Technology, à Paris.
Inserm Transfert épaule les projets en santé humaine
Depuis 2000, Inserm Transfert, une filiale privée de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche) dévolue au transfert de technologies en sciences de la vie, combine approche académique et stratégies industrielles. En clair, la société valorise les fruits des recherches des équipes de l’Inserm, en soutenant entre autres la création de startups : une dizaine de jeunes pousses voient ainsi le jour tous les ans. Pour les épauler financièrement, l’institution s’est dotée en 2005 d’un fonds d’amorçage, Inserm Transfert Initiative, géré depuis deux ans par Sofimac Innovation. Le fonds indique avoir à ce jour levé 40 millions d’euros et investi dans une vingtaine de sociétés. Et pour aller plus loin dans l’accompagnement d’idées de création et de développement de projets en santé humaine, Inserm Transfert porte depuis janvier dernier, avec le CNRS, Erganeo et Deeptech Founders, le consortium Human Health Startup Factory, labellisé par Bpifrance. Dernière actualité en date, Inserm Transfert vient d’annoncer un partenariat avec Pulsalys, incubateur et accélérateur d’innovations deeptech de Lyon et de Saint-Etienne, pour faire émerger un plus grand nombre de start-up innovantes.
La percée de l’entreprise marseillaise HalioDx, à l’origine du test de diagnostic Immunoscore, qui permet d’affiner les traitements anticancéreux, ou celle de Therachon, conceptrice d’un traitement innovant pour l’achondroplasie, une maladie rare qui cause le nanisme, illustrent bien les fruits du travail de soutien opéré par Inserm Transfert. Therachon, la jeune entreprise niçoise, désormais basée en Suisse, a fait l’actualité en mai 2019 en annonçant son rachat, pour 340 millions d’euros, par le géant pharmaceutique américain Pfizer.
Le CEA, pionnier de l’investissement en amorçage
Près de 10 startups de haute technologie, dont 75 % relevant de la Deeptech, se créent par an au sein du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA). Depuis 20 ans, l’institution soutient, via notamment sa direction de la valorisation, l’émergence de jeunes pousses, porteuses sur le marché d’innovations de rupture dans les secteurs de l’énergie, de la santé et de celui des systèmes numériques.
Détection de projets prometteurs, maturation technologique et business, incubation, financement, accords de collaboration… sont autant de points d’étapes de l’essaimage des deeptech du CEA. En 2017, CEA Investissement, une filiale du CEA fondée en 1999, pionnière de l’investissement de l’amorçage technologique, a transféré son activité de gestion pour donner naissance à Supernova Invest. Un fonds lancé en partenariat avec la société de gestion d’actifs Amundi et doté de 250 millions d’euros pour investir de l’amorçage jusqu’aux séries B.
Des initiatives qui expliquent le succès des pépites issues du CEA telles que Theranexus, une biotech qui développe des candidats médicaments pour le traitement des maladies du système nerveux central, cotée sur Euronext Growth. Sans oublier le champion mondial de la filière du silicium sur isolant, Soitec, né il y a 20 ans par essaimage du CEA-Leti, à Grenoble.