Les jeunes se tournent de plus en plus vers l’entrepreneuriat

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Les jeunes face à l'acte d'entreprendre

Du 2 au 3 novembre 2022, 60 jeunes issus de 32 écoles ont été réunis sur le site de Bpifrance pour créer un projet d'entreprise sur le thème de l'impact. Encadrés par des coachs, ils ont eu 24h chrono pour présenter leur projet d'entreprise à un jury de professionnels.

Cette initiative s’inscrit dans un contexte spécifique, qui voit de plus en plus les jeunes se reconnaître dans la démarche entrepreneuriale.

Les signaux se multiplient en ce sens. Entre désillusion pour les carrières salariées à l’ancienne et quête de sens au travail, des enseignants-chercheurs spécialistes de l’entrepreneuriat comme Stéphane Foliard à Roane ou encore l’universitaire Karim Messeghem, co-fondateur de LabEx Entreprendre à Montpellier, sont aux premières loges pour assister à l’engouement des jeunes pour la démarche entrepreneuriale.  

De la quête de sens à la réalisation d'un rêve personnel

Les chiffres sont éloquents. En 2021, 30 % des Français participent à la dynamique entrepreneuriale du pays, indique l’Indice Entrepreneurial Français. Cet engagement est nettement plus élevé chez les jeunes : 51 % des 18-30 ans font ainsi partie de la chaîne entrepreneuriale, soit pas moins de 4,5 millions de personnes. 

Dans cette chaîne entrepreneuriale, sont comptabilisés ceux qui ont songé à créer ou reprendre une entreprise, qu’ils aient ou non sauté le pas.

En 2021, 18 % des jeunes ont l’intention avérée de créer un jour une entreprise, 29 % sont des porteurs de projet en cours de création, tandis que 26 % d’entre eux sont déjà chefs d’entreprise voire 24 % sont d’anciens dirigeants.

Des publics type qui témoignent d’une perception différente de l’entrepreneuriat : si tous ont peur de percevoir un revenu insuffisant et/ou instable, les intentionnistes voient malgré tout majoritairement (43 %) l’entrepreneuriat comme le moyen de réaliser un rêve, le risque d’échec préoccupant 28 % d’entre eux ; les porteurs de projet citent également la réalisation d'un rêve (29 %) mais craignent de manquer de crédibilité (19 %) ou de financements (18 %), signe d’un début de confrontation au réel. Les chefs d’entreprise continuent de citer la réalisation d’un rêve dans leurs motivation (29 %), mais au titre des difficultés, ils pointent du doigt le stress (16 %) devant le manque de crédibilité (14 %).

L'entrepreneuriat social et environnemental a le vent en poupe

Pour les jeunes de la chaîne entrepreneuriale, il est important qu’une entreprise s’inscrive dans une démarche environnementale et d’innovation pour se développer.

S’inscrire dans une démarche RSE (responsabilité sociétale des entreprises), l’exploitation des outils digitaux ou le développement à l’international sont des axes de développement importants mais qui font moins consensus.
Cette prégnance des préoccupations sociales et environnementales s’observe régulièrement, à chaque distribution de prix à destination de jeunes entrepreneurs, comme le Prix Pépite remis le 6 octobre dernier à 33 étudiants-entrepreneurs

Face à cette soif d’agir, et d’oeuvrer en équipe, dans une démarche projet, idéalement pour la planète, les enseignants sont interpellés dans leurs méthodes pédagogiques. Comment accompagner et encourager ces envies d’expérimenter l’entrepreneuriat ? Le succès rencontré par les Journées des pratiques pédagogiques en entrepreneuriat (JOPPE) chaque année en atteste : pour sa 21e édition, l’événement organisé par Bpifrance, autour des techniques d’animation, mise en réseau et ateliers d’intelligence collective a attiré de nombreux enseignants, sans pouvoir satisfaire à toutes les demandes d’inscription.

Enseigner autrement

L’idée est d’accompagner les enseignants à mettre en place des actions de sensibilisation (pour les plus jeunes) ou d’accompagnement (pour les plus avancés) : hackathons, mini-entreprises, projets de classe menés sur l’année… les formules sont nombreuses.

Car loin d’être un pas de côté de l’enseignant vis-à-vis du programme, ces démarches projet se révèlent être des moyens de s’adresser autrement à un public en décrochage scolaire, comme l’explique Gabriel Bran Lopez, président et fondateur du réseau d’accompagnement des jeunes Fusion Jeunesse.

L’enseignante Isabelle Rastoin, professeur d’éco-gestion à Marseille, était présente aux JOPPE, où elle vient pour le réseau qu’elle s’y fait, les outils qu’elle y découvre… « Cela sert à se redonner de l’enthousiasme ! », sourit-elle, venue avec en tête l’idée que créer sa société, « ce n’est pas une vocation pour tous », mais le souhait que ses élèves « soient tous entreprenants, sans forcément être entrepreneurs ». De quoi répondre à des aspirations de plus en plus fortes chez les jeunes, entre autonomie et envie d’action concrète sur le monde.