Le 25 février dernier, la coordination nationale d’Initiative France et le réseau des Chambres d’Agriculture ont signé une convention de partenariat au Salon de l’Agriculture pour soutenir l’entrepreneuriat rural et institutionnaliser le prêt d’honneur agricole. Créé en 2010 en Nouvelle-Aquitaine, ce prêt soutient la création ou la reprise d’une exploitation en facilitant l’accès aux crédits bancaires. Il est désormais proposé par les plateformes Initiative France des régions Bretagne, Hauts de France, Auvergne-Rhône-Alpes et Centre- Val de Loire ainsi qu’en Corse, en attendant d’être accessible sur tout le territoire…
Le prêt d’honneur agricole est né en Dordogne en 2010. Dans cette zone rurale fragile, seuls les jeunes agriculteurs qui bénéficiaient de la DJA (dotation jeune agriculteur) pour démarrer leur activité étaient accompagnés. Alors que les fermetures d’exploitations se multipliaient, la plateforme Initiative Périgord a expérimenté la création d’un prêt sans intérêt ni garantie, directement inspiré du prêt d’honneur traditionnellement proposé aux entrepreneurs dans d’autres secteurs.
Majoritairement financé par la Région, puis par la chambre d’Agriculture, le Conseil Départemental de la Dordogne ainsi que des partenaires bancaires (Banque Populaire, Crédit Mutuel, Crédit Agricole) et privés (Groupama, Cerfrance et des coopératives régionales), le dispositif fait vite ses preuves : près de 150 agriculteurs l’utilisent depuis chaque année en région Nouvelle Aquitaine.
Prêt d’honneur agricole, mode d’emploi
En Nouvelle-Aquitaine, le dispositif est proposé par les plateformes Initiative France aux exploitants non-éligibles à la Dotation Jeunes Agriculteur et, pour les moins de 40 ans, non-titulaires d'un diplôme de niveau IV. Au moment du dépôt du dossier, le demandeur ne doit pas être installé depuis plus d’un an ou être installé comme cotisant solidaire ou à titre secondaire.
Le montant du prêt est compris entre 5 000 et 20 000 € et doit être remboursé en moins de 7 ans, avec une possibilité de différé de 9 mois. Sans intérêt ni garantie, le prêt n’est attribué qu’en complément d’un prêt bancaire au montant équivalent, mais son attribution joue un effet levier auprès des banques qui sont généralement plus en confiance.
Le plus souvent, les demandeurs sont adressés directement par les banques et la Chambre d’Agriculture, qui jouent un rôle essentiel dans la promotion du prêt.
Dès que le dossier est monté, l’exploitation est visitée puis un comité se réunit pour déterminer le montant alloué. L’argent est ensuite décaissé dès l’immatriculation et la signature de la banque, puis un accompagnement personnalisé est proposé pendant trois ans, en parallèle d’un parrainage par un exploitant expérimenté. Dans les autres départements où le dispositif se développe, les modalités peuvent différer en fonction des financeurs : en Bretagne et en Corse, le prêt d’honneur est par exemple cumulable avec la DJA.
Un dispositif en développement
La signature de la convention de partenariat entre Initiative France et les chambres d’agriculture marque un tournant dans l’histoire du prêt d’honneur agricole.
Nous avons deux ou trois ans de travail devant nous pour déployer le dispositif au plan national et le faire connaître, estime Anne Cluzeau-Pedenon, directrice adjointe d’Initiative Périgord qui suit le dispositif depuis sa création. Nous nous sommes fixés un objectif de 640 dossiers d’ici quatre ans, financés par la Région Nouvelle-Aquitaine et le fonds européen de développement régional (FEDER). Mais nous sommes toujours en quête de co-financeurs pour soutenir l’entreprenariat agricole. Nous espérons également que nos prêts seront bientôt contre-garantis par un dispositif national et que les banques pourront soutenir les petits agriculteurs plus facilement dans les années à venir.
En attendant, en Nouvelle-Aquitaine comme ailleurs, les institutions publiques et les acteurs privés se mobilisent en faveur des agriculteurs.
Les prêts d'honneur sont accordés aux porteurs de projets de création, reprise ou développement d'activité. Leur objet est de renforcer leurs apports personnels. Il s'agit de prêts sans intérêts ni garanties que l'on s'engage à rembourser "sur l'honneur". L'obtention d'un prêts d'honneur crédibilise le projet de création ou de reprise et a un effet de levier significatif pour l'obtention d'un financement bancaire complémentaire. Cela permet par ailleurs de bénéficier de l'accompagnement de l'organisme qui vous l'accorde pendant la phase de démarrage et de premier développement de votre activité. Deux avantages considérables pour la réussite de votre entreprise !