A 17 ans, ils se lancent dans la grande aventure de l'entrepreneuriat !

Pouvez-vous nous parler de votre projet ?

Avec deux amis, nous avons monté Goodeed. Il s'agit d'un site internet qui permet aux internautes de faire le don d'un vaccin, d'un sachet de riz ou bien d'un arbre. Le principe est simple, il suffit  de choisir un don puis de regarder un spot publicitaire ou de liker une page sur facebook. L’argent généré par le "like" sera directement versé aux associations qui gèrent le don. Celui-ci est donc totalement gratuit pour l’internaute. 

Qu'est-ce qui vous a donné l'envie de créer ce site ? Comment vous est venue cette idée ?

Pour ma part, j'ai toujours été intéressé par l'entrepreneuriat. Ce que j'apprécie particulièrement c'est de partir de l'idée et de devoir passer toutes les étapes pour concrétiser le projet. Par ailleurs, j'ai lu le livre de Muhammad Yunus "Pour une économie plus humaine" et j'ai trouvé que la manière dont était perçu le profit était très intéressante. J'ai eu envie de construire un projet dans ce sens. Mes amis et moi avions déjà mené des projets ensemble. Nous avions notamment eu besoin d'argent pour aller à un concert et nous avions réfléchi à la façon de récolter des fonds. On avait passé quelques soirées sur la question et ça nous avait vraiment plu. Quand je leur ai parlé de mon projet de création, ils ont trouvé que c'était une bonne idée et ont décidé de me suivre. En effet, beaucoup de personnes souhaitent donner de l'argent, mais ne savent pas quels organismes choisir et à quoi servira leur don. Avec Goodeed, les gens pourront choisir le produit qu’ils souhaitent donner et faire ce don "gratuitement". Ils ne verseront pas d’argent aux associations, c’est l’argent que va générer leur "like" ou leur "vue" du spot publicitaire qui sera versé aux associations qui se chargeront de gérer le don. Notre système permet également de savoir qui est destinataire du don. Les personnes savent donc ce qu'elles donnent et à qui.

Quelles ont été les étapes de construction de votre projet ?

Au début, nous sommes partis d'un modèle de business plan. Nous avons beaucoup travaillé en utilisant le brainstorming. Cela nous a permis d'enrichir le projet. La réflexion a duré quelques mois. Nous avons ainsi évalué les coûts que ce projet pourrait représenter et ensuite nous avons créé une association.Par la suite, nous avons cherché des concours auxquels nous pourrions participer pour acquérir un maximum de visibilité et de crédibilité car lorsque l'on va à la rencontre de personnes, les gens acceptent de nous aider mais ne nous prennent pas très au sérieux lorsqu'une négociation se profile. Ils pensent que des lycéens de 17 ans s'amusent à créer une entreprise et ne mènent pas un véritable projet de création.

Avez-vous ressenti des freins, des difficultés dans la mise en place de votre projet dû à votre âge ?

Oui, c'est évident !  Surtout lorsque l'on doit négocier des devis : nos interlocuteurs se méfient souvent de notre "jeune âge". Entreprendre lorsque l'on est jeune, ce n'est pas toujours facile. Par exemple, les démarches de création pour les mineurs créateurs sont un peu compliquées…Il faut se faire émanciper et cela prend beaucoup plus de temps. C'est notamment pour cela que nous avons commencé par créer une association.Néanmoins, notre jeune âge nous a parfois servi. Les personnes que nous avons rencontrées ont été très ouvertes à nous aider. Elles nous ont donné des conseils parce que nous étions jeunes. Avec du recul, je pense que nous nous en sommes bien sortis…Par ailleurs, nous avons eu des difficultés à rencontrer les responsables d'ONG. Nous aurions besoin d'une sorte de médiateur qui nous mette en relation avec des personnes et organismes susceptibles de pouvoir nous aider. Surtout dans le domaine publicitaire.Enfin, il a été difficile de faire accepter notre projet à nos parents qui, au départ, étaient très inquiets pour nos études. Nous leur en avons parlé en mars, donc 2 mois après que nous ayons pris la décision de nous lancer. Le projet était déjà bien défini ; nous avions abordé tous les points du projet, y compris les coûts, et réalisé un chronogramme d'actions. Au début, nos parents étaient assez réticents car nous devions passer le bac à la fin de l'année. Nous avons donc mis le projet en stand by pendant un mois. Ils ont vu que nous pouvions à la fois faire nos études et mener le projet. Ils sont à présent davantage disposés à nous aider. Quand ils ont vu que nous commencions à gagner des prix, ils ont compris que le projet prenait de l'ampleur et que cela nous intéressait vraiment. Les concours nous ont donné de la crédibilité également vis à vis de nos parents ; cela les a rassurés.

Comment arrivez-vous à concilier vos études et votre projet de création ?

Cela demande beaucoup d'organisation ! Il y a deux ans, lorsque nous étions en seconde, nous n'aurions pas pu mener à bien ce projet. Mais maintenant que nous sommes tous les 3 en terminale (deux en terminale S et un en terminale STI), l'emploi du temps est plus facile à gérer, même si l'année est sanctionnée par le bac.

Vous êtes lauréat du concours "100 jours pour entreprendre". Cette récompense a-t-elle donné un nouvel élan à votre projet ?

Le concours nous a permis d'acquérir de la crédibilité et de gagner en visibilité. Il nous permet également de bénéficier d'un accompagnement tel que des conseils juridiques, du coaching et d'avoir accès plus facilement à certaines aides. C'est pour cette raison qu'être lauréat de "100 jours pour entreprendre" est une étape importante dans notre projet.

Vincent Goodeed et son équipe

Comment avez-vous eu connaissance de ce concours ?

Lorsque nous sommes allés créer l'association, nous avons vu un flyers du concours. On souhaite renouveler l'expérience et participer à d'autres concours. Mais beaucoup exigent que l'entreprise soit déjà créée, qu'il y ait un numéro de Siret... et nous ne l'avons pas encore !

Où en êtes-vous dans votre projet ?

Notre site internet est en cours de développement et une première version est en ligne. L’objectif pour le moment est de réunir un maximum de contacts, alors n’hésitez pas à les soutenir sur www.makeyourgoodeed.com ! Notre priorité est de développer le site internet et de veiller à capter l'audience. On pourra ensuite espérer avoir plus de poids, notamment auprès des annonceurs publicitaires. En effet, plus il y aura d'annonceurs plus il y aura de dons. Nous devons donc les démarcher.Nous allons également essayer de trouver un budget publicitaire pour augmenter notre visibilité sur le net et les réseaux sociaux.Par ailleurs, plusieurs ONG nous ont contactés pour parler du projet. On ne sait pas quels seront les résultats de ces discussions, mais cela nous permet d'élargir notre réseau. On est également en discussion avec des entreprises pour proposer de nouveaux produits pour les dons.

Allez-vous continuer à allier études et projets entrepreneuriaux ?

Je rentre en prépa HEC, un ami est en droit et un autre intègre une école d'ingénieur. C'est vrai que cela va être compliqué, mais l'avantage d'être en équipe, c'est que l'on pourra s'arranger en fonction de la charge de travail de chacun. Si le projet prend beaucoup d'ampleur, qu'il fonctionne et qu'il peut être rentable nous aviserons. L'idée étant de pouvoir continuer les études en parallèle du projet.

Que retenez-vous de cette expérience ?

Nous sommes fiers d'avoir réussi à monter le projet tout en décrochant le bac. Surtout qu'au lycée on ne nous avait jamais parlé de création d'entreprise.Le jury de "100 jours pour entreprendre" a reconnu la qualité de Goodeed et nous a encouragés à continuer. Mais nous sommes conscients que le plus dur reste à faire ! On espère pouvoir gérer les prochaines étapes aussi bien que nous l'avons fait précédemment.En tout cas, c'est une très belle expérience et nous avons gagné en maturité !

Propos recueillis par Sandra Pires, juillet 2013

Septembre 2013