Claire et Léa donnent la parole aux habitants de l'Ardèche !

En quoi consiste votre activité ?

Notre projet n'est ni une radio, ni une agence de communication ! Nous avons plusieurs propositions de travail, basées sur la création sonore et le lien social :  Nous animons des ateliers radio avec des publics variés : enfants, ados, adultes, résidents de maisons de retraites… Ils réalisent leur propre émission radio; nous nous chargeons ensuite du montage et de la diffusion sur la radio locale. Nous recueillons aussi des témoignages et des ambiances pour faire des illustrations sonores. Les modules audios sont ensuite restitués lors d'expositions, sur internet, pour valoriser un travail de recherche, une structure, un événement (festival par exemple).De manière plus privée, nous réalisons des reportages audio lors des mariages, des anniversaires, qui permettent de garder une archive sonore originale… De notre passage à la radio, nous conservons un esprit journalistique que nous mettons en application avec des reportages de terrain et, surtout, lors de rencontres avec les gens.

Pourquoi avez-vous décidé d'entreprendre à deux ?

Il était vraiment difficile pour l'une comme pour l'autre de nous imaginer travaillant seules. Notre projet était avant tout un projet à deux et nous n'avions pas vraiment de doute sur le fait de pouvoir y arriver. Il nous semblait aussi plus facile de créer à deux, de gérer les démarches ensemble.

Quelles ont été vos démarches de création ?

Claire a suivi une formation à la création d'entreprise de trois mois. Nous en avons tiré plusieurs pistes pour construire notre projet. En parallèle, nous avons tâté le terrain pour voir ce qui pouvait fonctionner. Au cours de nos démarches, nous avons rencontré la Coopérative d'activité et d'emploi (CAE) de l'Ardèche et son fonctionnement nous a séduites. Le secteur de l'Economie sociale et solidaire nous plaisait par principe, et nous étions aussi rassurées par l'idée de rejoindre un réseau d'entrepreneurs. La CAE proposait un accompagnement dès le démarrage du projet, elle prenait en charge les aspects comptabilité et administratif : cela nous permettait de nous concentrer à 100% sur l'activité et de démarrer directement.

Quand et comment avez-vous lancé l'activité ?

Nous avons lancé notre activité en avril 2010. Nous parvenons depuis peu à en vivre : Claire est salariée à temps plein depuis août et moi depuis octobre. Avant cela, nous avons bénéficié d'un contrat d'activité avec un complément de rémunération versé par les Assedic. Cela nous a permis de laisser à notre activité le temps de se développer.

Vous n'étiez pas originaires d'Ardèche… Vous auriez aussi pu faire le choix de quitter la région pour trouver un emploi salarié ailleurs…

Effectivement, nous ne sommes ni l'une  ni l'autre originaire de la région. Je vivais à Lyon et je me suis installée en Ardèche pour venir travailler à la radio. Claire, elle, était arrivée en Ardèche pour rendre visite à des amis et avait décidé de s'y installer. Mais nous avions l'une et l'autre la volonté de nous inscrire durablement dans ce territoire. Ainsi, quand nous avons perdu nos emplois, nous n'avons même pas songé à partir ! Aujourd'hui, le réseau et les relations que nous avons tissés peu à peu nous confortent dans ce choix.

Quel conseil donneriez-vous à un créateur qui souhaiterait entreprendre à la campagne ?

Je ne crois pas au clivage ville / campagne ! Pour entreprendre à la campagne, comme ailleurs, je crois qu'il faut d'abord et surtout apprécier son lieu de vie. Il y a beaucoup d'idées reçues sur la campagne, mais aujourd'hui, en particulier avec les moyens de communication comme Internet, les échanges y sont tout aussi rapides qu'ailleurs. Le plus important quand on entreprend, c'est d'être en accord avec l'activité qu'on exerce. Ensuite, que ce soit en milieu rural ou urbain, il faut avant tout aimer l'endroit où on s'installe. Je conseille à tous les entrepreneurs de s'inscrire dans un réseau. Il ne faut pas envisager la concurrence comme quelque chose de conflictuel, mais comme quelque chose de complémentaire. Avoir des concurrents peut être très porteur ! En ce qui nous concerne, nous avons inventé un nouveau métier en fonction de ce que nous étions et de ce que nous avions envie de faire. Cela ne veut pas dire que nous n'avons pas fait face à une certaine concurrence ! Aujourd'hui, notre activité sert de modèle et nous avons été en contact avec d'autres créateurs qui souhaitent créer des activités similaires dans d'autres régions de France.

Propos recueillis par Anne-Sophie Poupin en octobre 2012

   
Novembre 2012