Qu’est-ce qui a été l’élément déclencheur pour créer votre entreprise ?
Avant de pédaler dans les rues de Clermont-Ferrand en tenue vert pomme, nous étions tous deux salariés, à Paris puis à Rennes. Albane en tant que responsable administrative dans un centre de formation, et moi, développeur commercial grands comptes depuis près de 20 ans. Mais en devenant parents, nous avions pris conscience de l’urgence d’agir pour la planète et cherchions un concept qui nous permette de créer ensemble une entreprise responsable.
Quels sont les constats que vous avez observés ?
Nous constatons alors que les transporteurs sont de plus en plus nombreux à chercher des solutions vertes pour acheminer leurs marchandises dans les centres-villes, sur le fameux dernier kilomètre réputé pour être le plus complexe et le plus cher à livrer. Nous décidons alors de proposer un service de livraison à vélo, et cherchant une ville de plus de cent mille habitants pour tester notre idée. Puis nous nous sommes tournés vers Clermont-Ferrand, dont Albane est originaire.
Enfin, nous découvrons un contexte porteur pour notre projet, car de très nombreuses entreprises ne souhaitaient plus se faire livrer par camions thermiques. Il fallait trouver une solution pour désengorger le centre-ville et livrer la zone piétonne à toute heure de la journée. La demande était forte du côté des transporteurs et le terrain était vierge. C’est toujours intéressant d’être le premier à planter le drapeau.
Pouvez-vous expliquer le fonctionnement de votre entreprise ?
Depuis 2 ans, nous sillonnons les rues de la capitale auvergnate, à la force de nos mollets sur nos vélos-cargos électriques « Made in France ». Ils sont équipés de caissons et de remorques pouvant transporter plus de 180 kg de marchandises, en colis ou sur palettes. Une initiative réjouissante qui apporte une solution zéro carbone à la problématique du dernier kilomètre de livraison, tout en créant du lien social et en sensibilisant les piétons au potentiel du deux roues…Nous avons opté pour un entrepôt logistique de proximité (E.L.P.) de 70 m2 pour stocker les marchandises dans le centre-ville.
Comment s’est passé votre projet de création d’entreprise ?
Une fois la décision prise, Albane suit une formation AFTRAL de gestionnaire de transports pour montrer patte blanche aux transporteurs. Pour ma part, j’avance sur le business plan avec l’aide d’un ami, en partant du principe que nous prendrons en charge à la fois les livraisons, le commercial et l’administratif les premières années.
Même si le chiffre d’affaires de la première année est difficile à estimer, le business plan est bouclé à 98% sur le générateur en ligne de la Chambre de Commerce et de l’Industrie avant d’être finalisé par l’expert-comptable.
Vous avez opté pour un prêt d’honneur pour accélérer le financement ?
Sur les conseils de ce dernier, nous nous tournons ensuite vers Initiative Clermont Agglo pour obtenir un prêt d’honneur à taux 0, sans garantie extérieure, à rembourser sur 3 à 4 ans. Une fois notre dossier accepté, nous sommes passés rapidement en commission et chacun obtient 3500€ à titre individuel. Ce qui nous ouvre les portes des banques pour obtenir un prêt.
Le démarrage s’est déroulé sur les chapeaux de roue ?
Le 12 décembre 2017, l’entreprise est immatriculée et la prospection peut commencer. Après huit mois consacrés au commercial, à l’administratif et aux premiers tests, les tournées récurrentes commencent en septembre 2018. Cette année-là, nous remportons le prix régional des Trophées Initiatives RSE Banque Populaire, dont la dotation de 2000€ permet d’investir dans une charte graphique et de nouveaux supports de communication.
Au début, on passait pour des illuminés ! Puis les gens se sont mis à nous parler et à nous encourager. A force de nous voir en t-shirts verts transporter d’énormes colis, des palettes et même des meubles sur nos vélos-cargos, les professionnels clermontois sont de plus en plus nombreux à faire appel à nos services.
Et aujourd'hui ?
Les Colis Verts livrent chaque matin plus de quatre-vingts restaurants du centre-ville en pain frais et légumes, et près de cinquante points l’après-midi pour les commerçants et les transporteurs, dont un expressiste. Face à un tel engouement, nous venons de nous équiper d’un véhicule hybride électrique/hydrogène, et on compte recruter un premier livreur début 2020. Mais avant de descendre de selle, nous souhaitons avant tout démontrer la rentabilité de notre modèle et asseoir l’entreprise dans la région. Avant de partir à la conquête d’autres villes ?
LES 4 IDÉES À RETENIR
- Suivre une formation professionnelle de gestionnaire de transports, obligatoire, pour gagner aussi en crédibilité auprès de ses interlocuteurs : https://www.aftral.com
- Demander un prêt d’honneur au réseau Initiative France pour sécuriser son prêt bancaire : http://www.initiative-france.fr/Creer/Pret-d-honneur
- Investir dans du matériel français
- Définir sa politique RSE dès la création de l’entreprise