Créer une marque française de mode : le pari réussi d'Arthur, entrepreneur cravaté

Pouvez-vous nous présenter votre entreprise ?

Hédoniste Club et une entreprise de mode spécialisée dans les cravates. Un de mes objectifs, en la créant, était de prouver que la qualité et le savoir-faire pouvaient être accessibles au plus grand nombre. Les cravates proposées sont confectionnées dans un atelier que j'ai choisi de créer à Milan pour obtenir une garantie de qualité, car l'Italie bénéficie d'une excellente réputation dans ce domaine. Aujourd'hui, Hédoniste Club produit et vend exclusivement des cravates, mais ce n'est qu'une première étape. Mon objectif est de proposer un vestiaire complet, masculin comme féminin, en internalisant chaque processus de confection afin de satisfaire à nos exigences de qualité.

Comment vous est-venue cette idée ?

L'idée m'est venue du constat simple que le marché de la mode est divisé en deux : d'une part les marques établies qui vendent avant tout un produit et une image en oubliant totalement la qualité de leurs produits, et d'autre part le marché du Luxe qui propose des pièces magnifiques avec une qualité de confection certes irréprochable mais à des prix peu attrayants pour le plus grand nombre.J'ai donc décidé de me placer sur les deux marchés en créant une véritable marque de mode ouverte en termes de style et de prix, proposant des pièces confectionnées à la main avec un savoir-faire reconnu mondialement.

Pourquoi le choix des cravates pour lancer votre marque ?

J'ai souhaité me spécialiser dans une pièce unique, rare et exclusive pour pouvoir prouver dès le début que la qualité Hédoniste Club n'a rien à envier aux maisons de luxe. La cravate est un produit idéal : elle n'a pas de taille, elle est unisexe et l'on ne peut pas tromper la clientèle sur sa qualité…

Vous avez dénommé votre entreprise "Hédoniste club", un nom pour le moins original. Que souhaitez-vous exprimer à travers ce nom ?

On pourrait penser que la Maison Hédoniste Club n'a qu'un seul objet : confectionner des cravates. La réalité est toute autre. Notre ambition est double :- promouvoir le fait-main, le savoir-faire ancestral avec des pièces exceptionnelles à travers un vestiaire complet,- créer un véritable "esprit hédoniste". L'hédonisme, c'est un système philosophique qui fait du plaisir le but de la vie. Cela exprime idéalement notre volonté : celui de former un véritable club composé d'hommes et de femmes qui se reconnaissent dans cet esprit de plaisir et de Liberté.

Vous n'êtes pas seul sur ce marché, n'était-il pas risqué de créer votre propre marque ?

C'était évidemment risqué, d'autant que j'ai commencé seul, sans grande expérience du marché, avec peu de contacts et peu de financement. Je n'ai pas pris cette aventure comme un risque à proprement parler mais plutôt comme un défi. Je veux pouvoir changer la vision de chacun sur le prêt-à-porter : le véritable fait-main de “qualité luxe” est encore possible et l'on peut proposer cette qualité à un prix accessible au plus grand nombre.

Quelle stratégie de communication avez-vous mis en place pour vous faire connaître ?

La stratégie de communication que j'ai mise en place est 2.0. Nous sommes présents sur Facebook, Twitter et Instagram et interagissons chaque jour à travers les réseaux sociaux. Cette stratégie était la meilleure pour nous car, d'une part, elle repose sur une relation de proximité avec chaque utilisateur et, d'autre part, elle ne nécessite pas de mobiliser un budget important.La principale difficulté pour nous aujourd'hui, c'est de convaincre les médias de nous mettre en avant. Il est en effet très difficile de se faire une place en tant que “jeune marque”.

Avez-vous bénéficié d'appuis et de financements pour lancer votre entreprise ?

Non, je n'ai bénéficié d'aucun appui ni de financement, que ce soit avant ou après la création de mon entreprise. Il faut dire qu'il est plus facile aujourd'hui de trouver des financements lorsque l'on monte un projet high-tech, qu'une entreprise de mode. Mais ce n'est pas la seule raison. Je ne souhaitais pas obtenir d'aide extérieure afin de rester libre de développer ma marque à mon rythme et de rester maître de l'avenir de mon entreprise. J'ai ainsi choisi de laisser Hédoniste Club indépendant, français, sans investisseurs extérieurs, avec la farouche envie de recruter en France alors que l'on m'avait proposé de lancer la marque à Londres avec des financements privé et public.

Où en êtes-vous aujourd'hui ? Et quels sont vos projets à court et moyen terme ?

Aujourd'hui, Hédoniste Club est une Maison constituée d'une dizaine personnes qui travaillent à la confection et à la commercialisation. Mes équipes sont situées principalement à Milan et à Paris. Nous sommes constamment en recrutement, car nous cherchons à nous développer partout en France.

Quels conseils donneriez-vous à ceux ou celles qui, comme vous, souhaitent lancer leur propre marque de mode ?

Mon premier conseil est d'avoir de l'audace et d'être épris de son projet. C'est indispensable pour se lancer quel que soit le domaine.Ensuite, je les encourage avec conviction à créer des collaborations avec d'autres marques, malgré la difficulté de l'exercice. La grande majorité des marques ne se rendent pas compte de l'intérêt d'une telle collaboration autour d'une publication où d'un shooting. Pourtant cela augmente considérablement l'audience de chacun. Enfin, je leur conseille de prévoir un budget à attribuer à une agence de relation presse. Sans cela, ils auront peu de chances que les médias relaient leur marque.Entreprendre en France, c'est possible, il faut oser et ne jamais se décourager, le principal est d'être optimiste et pourquoi pas Hédoniste…

Propos recueillis par Laurence Piganeau en septembre 2017

triangle.gif Pour découvrir plus en détail Hédoniste Club et l'histoire de sa création : www.hedoniste-club.com

triangle.gif Hédoniste Club est présent sur Facebook, Twitter et Instagram : https://medium.com/@arthurjamin

Octobre 2017