Qu'est-ce qui vous a poussé à créer votre entreprise ?
J'ai eu le déclic lorsque j'ai réalisé que je souhaitais travailler en conformité avec mes propres valeurs et mon propre rythme de travail. En tant que psychologue du travail uvrant en faveur de la qualité de vie au travail, je voulais m'organiser comme bon me semblait en utilisant les méthodes qui me semblaient être les plus efficaces, sans enjeu financier autre que celui de développer sereinement mon entreprise. Par ailleurs, la thématique de la qualité de vie au travail est devenue centrale dans le débat public et privé. Je me suis spécialisé dans les conduites du changement intégrant la qualité de vie au travail comme levier de réussite et dans le sujet du burn out qui s'est trouvé, lui aussi, au centre du débat public. Ce projet me parlait et me parle encore aujourd'hui car je suis convaincu que des salariés en bonne santé sont des salariés performants.
En quoi consiste votre métier ?
Mon activité est répartie en trois domaines. Le premier est la prévention des risques psychosociaux au sens littéral du terme : audits, accompagnement des équipes et des plans d'actions, formations. Le second est le développement des déterminants humains du succès du changement. Pour faire simple, il s'agit de déterminer en amont du changement ce qui va pouvoir générer l'adhésion ou la résistance des salariés sur les aspects de qualité de vie au travail. Dans ce cadre, je mène des audits pronostics et je mets en place des cellules de soutien psychologique pour accompagner les équipes et les managers qui vivent des changements anxiogènes. Enfin j'ai créé avec ma collègue psychologue Ingrid Cartigny les premiers groupes de parole sur le burn out ouverts à tous en France.
Comment faites-vous la différence face à vos concurrents ?
Mon marché est assez resserré, mais j'ai de nombreux atouts qui reposent à la fois sur la durée et le nombre de mes expériences : j'ai réalisé plus de 150 missions sur des sujets et des environnements variés, allant du luxe à l'agro-alimentaire en passant par la banque et l'industrie métallurgique. Je me distingue également de la concurrence grâce à mon expertise sur le sujet de l'accompagnement des comportements managériaux générateurs de santé en situation de changement : nous sommes très peu en France à connaître ce sujet. Je développe d'ailleurs avec une université des outils scientifiques permettant de prédire le succès d'un changement sur sa composante humaine.
Quels sont les ingrédients pour réussir dans votre domaine ?
Selon moi, il faut un bon réseau d'interlocuteurs qui sont prêts à vous accorder leur confiance. Ensuite, je pense qu'il faut rester novateur en multipliant les expériences de terrain et les liens avec des équipes de recherche d'une université notamment. Enfin un peu d'audace, une bonne hygiène de vie et une dose de chance et le tour est joué !
Comment avez-vous démarché vos premiers clients ?
Essentiellement grâce au bouche à oreille sur la base des différentes missions que j'avais pu réaliser par le passé et à mes interventions en conférences et à l'université.Je travaille maintenant avec une quinzaine de clients fidèles qui sont plutôt de très grandes entreprises de plusieurs milliers voire dizaines de milliers de collaborateurs. Mes clients me sont fidèles depuis de longues années et me sollicitent régulièrement. J'ai la chance de ne pas avoir à démarcher et de fonctionner sur appels entrants et par le bouche à oreille encore une fois. Quand votre métier vous amène à aider des directions, des médecins du travail, des élus et des salariés un peu partout en France, votre nom circule dans ces petits mondes et on vous appelle. Je n'ai pas souhaité faire de grande communication sur mon entreprise et la discrétion me convient très bien. Un client m'a d'ailleurs dit il y a quelques mois que j'étais le plus connu des inconnus dans mon métier. Je n'aspire pas à plus que cela pour des raisons éthiques et personnelles. Faire un travail que j'essaie de réaliser qualitativement en toute discrétion me rend suffisamment heureux.
Quelles difficultés rencontrez-vous en tant qu'entrepreneur ?
Comme pour toutes les petites entreprises positionnées sur un marché de niche, que l'on peut qualifier de porteur, le plus difficile c'est de réussir à conjuguer une charge de travail soutenue avec une forte saisonnalité. Je dois refuser des contrats chaque année et ce n'est pas toujours de gaieté de cur. En dehors de cela, je n'ai pas de difficulté dans la mesure où mon expert-comptable est excellent et m'aide sur toute la partie administrative qui m'ennuie profondément.
Avez-vous été accompagné par des professionnels dans votre projet de création d'entreprise ?
Oui, je me suis fait aider principalement par mon expert-comptable et par un conseiller en création d'entreprise de la Chambre de commerce et de l'industrie de Nanterre sur tous les aspects juridiques liés au choix du statut et sur la façon de gérer efficacement ma trésorerie.
Quelles sont vos perspectives maintenant ?
Continuer à prendre du plaisir dans ce que je fais ! C'est pourquoi je cherche à rester en « mode artisanal » au sens où je prends le temps d'accompagner mes clients sans avoir à courir derrière le chiffre d'affaires. Je pense également faire un peu plus de recherche appliquée pour créer de nouveaux services et produits innovants en matière de qualité de vie au travail en situation de changement. Je souhaite aussi finaliser la rédaction de mon livre et continuer de publier des articles sur les thèmes qui me sont chers. Enfin, si j'ai la possibilité de poursuivre les activités d'enseignement j'en serais ravi. Mon objectif n'est pas de travailler plus mais de travailler mieux !
Propos recueillis en octobre 2015 par Yoann Rotureau
Octobre 2015