Entretien avec l'inventeur du Gobi, une bouteille d'eau réutilisable pensée pour la vie urbaine

Pouvez-vous nous présenter votre concept ?

Le Gobi est une bouteille d'eau réutilisable pensée pour la vie urbaine. C'est un produit design, écologique, personnalisable et fabriqué en France. L'idée du Gobi nous est venue en 2009. Nous nous sommes demandés pourquoi il n'existait pas de solution plus performante, écologique et pratique que les gobelets en plastique. En entreprise, un salarié en utilise en moyenne trois chaque jour. Cela coûte de l'argent, et au final, les gobelets se retrouvent à la poubelle. Nous nous sommes dit qu'on pouvait proposer une alternative écologique et économique au gobelet en plastique.

Qu'est-ce qui fait du Gobi un objet innovant ?

Avant nous, il n'existait pas d'offre à destination des entreprises. Les produits existants, comme les gourdes classiques, ciblaient plutôt les sportifs, les randonneurs. Pour nous, chaque salarié doit avoir son propre Gobi sans avoir à le partager. Les consommateurs ont donc besoin de quelque chose de pratique et d'adapté au monde professionnel. La réduction des déchets et l'aspect écologique sont aussi des aspects majeurs de notre concept. Nous avons ainsi choisi un plastique très performant pour ses qualités sanitaires et environnementales.Par ailleurs le Gobi est accompagné d'une communauté www.gobilab.com pour rassembler ses utilisateurs et d'une démarche associative Eaupen www.eaupen.net  pour recenser les points d'eau dans l'espace public.

A partir de quelle matière le Gobi est-il fabriqué ?

Le corps du Gobi est en Tritan, un plastique qui a été retenu à l'issue de notre éco-conception préventive. Ce matériau spécifique est très durable, transparent, et ne contient ni BPA ni phtalates. L'ADEME nous a permis de co-financer cette étude d'éco-conception préventive. Nous avons un partenaire industriel, situé dans le Val de Marne, qui se charge de fabriquer le produit. Il était important pour nous qu'il soit fabriqué en France.

Comment vous y êtes-vous pris pour la création d'entreprise ?

L'idée du Gobi est née en avril 2009. Nous nous sommes vite demandé s'il y avait un marché pour ce type de produit. Jusqu'à la fin de l'été, nous avons donc réalisé nos études de marché, ce qui nous a permis de valider le potentiel du projet. En septembre, mes associés et moi avons pris la décision de quitter nos emplois. Ainsi, nous nous sommes consacrés à notre projet à temps plein dès janvier 2010. Nous avons travaillé en parallèle sur la partie design et sur la partie administrative : la création de l'entreprise avec des avocats, et la recherche de fonds. Nous devions également nous consacrer à la démarche commerciale.

Comment avez-vous trouvé vos premiers clients ?

Nous avons rapidement commencé à nous occuper de la partie commerciale. Nous avons toutefois attendu d'avoir protégé notre concept grâce à un dépôt de brevet. Il fallait aussi pouvoir montrer des prototypes à nos futurs clients. Aujourd'hui, notre chiffre d'affaires se fait à 85% en BtoB. Nous avons également une boutique en ligne pour vendre aux particuliers.

De quels types d'aides avez-vous pu bénéficier ?

Hormis l'ADEME, nous avons reçu deux aides du Centre Francilien de l'Innovation : une sur la protection intellectuelle, et une deuxième plus importante sur nos moules de test : AIR (Aide à l'Innovation Responsable), qui a fortement contribué à notre investissement. Et finalement, après un temps d'études technique, de prototypage etc. Cela nous a emmenés jusqu'à mi-juin 2011, date de première livraison de Gobi chez nos clients.

A quelles difficultés avez-vous dû faire face durant le processus de création de votre entreprise ?

Le temps d'attente pour le lancement de notre produit a été vraiment long : il nous a fallu 18 mois avant de tout voir se concrétiser ! Nous ne voulions pas nous lancer après l'été 2011 puisque la période estivale est idéale pour proposer des produits d'hydratation. Mais la concrétisation du projet a été plus longue que prévue car il y avait sans arrêt des choses à rectifier ici ou là.

Comment s'est constituée votre équipe de départ ?

Nous sommes trois associés : Florence, Samuel et moi-même. Gobilab est un projet collectif à la base. Nous nous sommes rencontrés en 2003 en travaillant ensemble sur un projet pour lequel nos entreprises étaient partenaires. Nous nous sommes très bien entendus et avons vite eu envie de créer une entreprise ensemble. Nous travaillions tous les trois dans le conseil avec des profils assez proches finalement. Aujourd'hui dans Gobilab, nous sommes très complémentaires. Florence s'occupe des aspects liés à la RSE (Responsabilité sociale d'entreprise), Samuel gère les aspects liés à la production et la logistique, et je prends en charge les questions administratives et financières. Nous faisons tous les trois du développement commercial.

Et aujourd'hui, combien êtes-vous ?

Nous avons recruté une directrice commerciale en décembre 2011. Aujourd'hui, depuis que les indemnisations Assedic se sont arrêtées, Gobilab nous fait tous vivre.

Auriez-vous quelques conseils à donner à de jeunes créateurs ?

S'entourer d'associés est essentiel pour créer son entreprise et trois est un bon chiffre car il est facile de prendre des décisions. Penser à se renseigner au maximum auprès d'institutions en rapport avec son projet est aussi important : une structure d'aide à l'innovation reste le plus souhaitable. Mais il ne faut pas oublier une chose : on peut être innovant sans forcément dans l'innovation uniquement technologique !

Propos recueillis en juin 2012 par Johanna Guery

Juin 2012