Pouvez-vous nous parler de l'origine de votre projet ?
Nous sommes tous les quatre très sensibles aux enjeux liés à l'environnement et à la raréfaction des ressources naturelles. Nous souhaitions construire un projet répondant à ces enjeux.
Nous avons constaté que les gobelets des distributeurs automatiques de notre école étaient jetés, tout comme 4,7 milliards de gobelets en France ce qui représente 38 000 tonnes de déchets… dont seulement 1 % est recyclé. Hugo Roy a travaillé dans une entreprise implantée en Ille-et-Vilaine qui fabrique des gobelets réutilisables pour l'événementiel. L'idée a alors germé : pourquoi ne pas adapter cette solution aux distributeurs automatiques de boissons chaudes ?
Et cette idée vous l'avez mise en oeuvre. En quoi consiste l'activité de Newcy ?
Nous offrons à nos clients un service clé en main proposé sous forme de forfait mensuel comprenant :
- la mise à disposition de gobelets adaptables à tous les distributeurs de boissons chaudes, personnalisables - le client peut, par exemple, y apposer son logo - et fabriqués localement en Bretagne ;
- l'installation de collecteurs connectés qui nous indiquent quand nous devons récupérer leurs gobelets ;
- un service de récupération : un prestataire logistique les emporte dans une station de lavage située dans un Esat (établissement et service d'aide par le travail) ou une EA (entreprise adaptée), puis les gobelets sont ramenés chez les clients.
Par ailleurs, nous proposons des rapports trimestriels sur le taux de récupération des gobelets ainsi que des animations et actions de sensibilisation sur la thématique des déchets.
Vous êtes les seuls à proposer ce service ?
Oui, nous sommes les seuls à proposer un service clé en main qui permet de remplacer les gobelets jetables par des gobelets réutilisables directement dans les distributeurs automatiques. D'autres entreprises proposent des solutions de recyclage de gobelets jetables.
Quels sont les ingrédients à réunir pour concrétiser un projet comme le vôtre ?
Le statut étudiant-entrepreneur, dont deux d'entre nous bénéficient, est un ingrédient de la réussite. Il nous a permis d'intégrer un réseau, Pépite Bretagne*, et d'approfondir nos connaissances sur l'entrepreneuriat grâce à des cours dédiés.
De manière générale, le fait de s'entourer et de se faire aider est une clé de la réussite. A ce titre, nous faisons partie de plusieurs réseaux professionnels en plus de Pépite Bretagne. Un parrain chef d'entreprise de "Passeport Armorique pour entreprendre" nous accompagne, ainsi que la CCI de Bretagne à travers son dispositif Créativ qui nous a aidés à formaliser notre business model.
En parallèle, nous avons chacun rejoint un autre réseau. J'adhère par exemple au réseau Femmes de Bretagne, un de mes associés est membre de l'association de réduction du gaspillage et des déchets Zero Waste tandis qu'un autre fait partie de Yao (Fonds de dotation pour la jeunesse de Bretagne).
Comment avez-vous démarché vos premiers clients et qui sont-ils ?
Nos clients sont des universités (les étudiants sont sensibles à notre démarche), des grandes entreprises menant une politique RSE (Responsabilité sociale des entreprises) et des institutions désireuses de montrer l'exemple. Nous n'avons pas eu besoin de les démarcher : nous les avons rencontrés grâce à nos réseaux et à deux prix que nous avons remportés : le Prix de l'Académie des oscars d'Ille-et-Vilaine** et le "Grand prix Pépite-Tremplin Entrepreneuriat étudiant 2015", attribué à 3 projets sur 451 par le ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche et la Caisse des dépôts.
Avez-vous mis en place des outils de communication ?
Quelles difficultés avez-vous rencontrées dans la réalisation de votre projet ?
Je relève deux difficultés principales : la première c'est notre manque d'expérience, notamment face aux fournisseurs : certains devis que nous avions demandés étaient largement surévalués. Grâce au coaching et au parrainage, nous avons compris la leçon et nous mettons désormais nos fournisseurs en concurrence pour obtenir des devis raisonnables.
La deuxième difficulté est de prendre du recul sur notre projet que nous mûrissons tous les jours depuis un an et demi. Là encore, le travail avec le réseau est déterminant.
Avez-vous bénéficié de financements spécifiques ?
Le Prix Pépite nous a apporté 20 000 euros et nous avons obtenu un prêt d'honneur d'Initiative Rennes. Nous devrions par ailleurs obtenir un prêt bancaire. Nous envisageons de faire entrer un "business angel" dans la société et nous allons constituer un "club Cigales" pour que nos proches puissent investir dans notre entreprise.
Quels sont vos objectifs ?
Pour 2016, nous avons prévu de tester l'activité auprès de cinq clients à partir du mois de juin puis de l'étendre à cinq autres clients à partir de septembre, tous situés en Bretagne. En 2017, nous souhaiterions développer notre offre en Ile-de-France et dans la région nantaise. Nous réfléchissons à la création d'un système de franchise.
Pour développer votre entreprise, quelles solutions ou partenaires recherchez-vous ?
Nous recherchons continuellement des partenaires logistiques pour la partie "récupération des gobelets" de notre activité ainsi que des Esat/EA qui souhaiteraient développer une activité de lavage de contenants réutilisables, au plus près de nos futurs clients.
Qu'avez-vous envie de dire aux étudiants qui, comme vous, veulent devenir entrepreneurs ?
Il ne faut pas avoir peur de se lancer. Quand on s'entoure, cela se passe bien et quelle que soit l'issue de l'aventure, celle-ci vaut la peine d'être vécue car elle est passionnante et très formatrice !
Propos recueillis en mars 2016 par Céline Arsac
Pour en savoir plus sur Le statut étudiant-entrepreneur.
Pour en savoir plus sur Les Cigales, consultez la page Des investisseurs à l'écoute de la petite entreprise : les cigaliers.
* Pépite Bretagne fédère des établissements de l'enseignement supérieur, des technopôles et des acteurs économiques de l'accompagnement à la création d'entreprise.
** Cette cérémonie récompense des entreprises d'Ille-et-Vilaine au fort potentiel de développement dans les domaines de l'innovation sociale, du développement durable, de la technologie et de la réussite commerciale à l'export.
Avril 2016