Qu'est-ce que l'essaimage ?

Qu'appelle-t-on "essaimage" ?

L'essaimage est le fait pour une entreprise d'accompagner et de faciliter l'accès à la création/reprise d'entreprise par ses salariés, en essayant de maximiser leurs chances de réussite. Aujourd'hui au sein de Diese, on constate régulièrement un taux de réussite à 3 ans supérieur à 80 %.

Pouvez-vous nous en dire plus sur Diese. De quoi il s'agit ?

Créée en 2000, Diese est une association qui a pour vocation de regrouper les entreprises qui souhaitent pratiquer l'essaimage avec des règles simples :- Volontariat du salarié- Confidentialité dans la démarche- Accompagnement professionnel individualisé- Suivi post-créationDiese est un lieu d'échanges et de partage de nos bonnes pratiques, de nos réussites (mais aussi de nos difficultés) afin de progresser dans la pérennité de nos essaimés.Diese a également pour vocation de contribuer au développement de l'essaimage : elle est à la disposition des entreprises qui envisagent de le mettre en place. Elle compte à ce jour douze entreprises membres qui pourraient être bientôt rejointes par de nouveaux adhérents. Ses membres accompagnent la création ou la reprise d'environ 1 000 entreprises chaque année.Pour mieux connaître l'association, ses missions et ses valeurs, n'hésitez pas visiter son site internet : http//diese-essaimage.org !

Quelles sont les aides les plus fréquemment apportées par les employeurs ?

Les aides les plus fréquentes sont du temps (rémunéré) pour étudier puis concrétiser le projet et un accompagnement pour la réalisation de l'étude de marché et du business-plan. Cet appui peut être apporté directement par la cellule d'essaimage de l'entreprise ou confié à des organismes extérieurs. Le futur essaimé bénéficie également parfois de formations à la création d'entreprise ou à la gestion. Il existe aussi des prêts sans intérêt, voire des subventions ou des possibilités de réintégration en cas d'échec. Chaque entreprise reste libre de sa politique !

Est-ce réservé aux grandes entreprises ?

Il est un fait que ce sont principalement de grandes entreprises qui ont instauré un dispositif d'essaimage au bénéfice de leurs salariés. Diese compte par exemple parmi ses membres : Air France, Areva, Eaux Minérales d'Evian, EDF, France Télécom, IFPEN, Saint-Gobain, Sanofi, SFR, Schneider Electric, SNCF et Total. Mais il ne faut surtout pas croire que cela est réservé aux multinationales… On sait que l'essaimage existe naturellement de façon ponctuelle au sein de PME.Chaque année, 500.000 entreprises sont créées ou reprises. Environ la moitié d'entre-elles sont le fait de salariés ou d'anciens salariés. Parmi eux, combien ont bénéficié de l'appui de leur dernier employeur ? Il n'est pas possible d'avancer de chiffres car il n'existe pas d'outil statistique permettant de comptabiliser le nombre d'essaimages.

Quel est l'intérêt pour une entreprise de mettre en place une politique d'essaimage ?

Cette question incontournable est centrale. Pour être pérenne, un dispositif doit être "gagnant/gagnant" : si l'une des deux parties n'y trouve pas son compte, le dispositif s'essouffle rapidement et tombe en désuétude.L'essaimage peut constituer une réponse aux enjeux multiples des entreprises en matière notamment de développement économique, de stratégie de valorisation, de gestion des ressources humaines et de développement durable.Ainsi, l'essaimage constitue un axe de la démarche de responsabilité sociétale et environnementale (RSE) dans laquelle de nombreux groupes sont fermement engagés. Il est aussi intégré parmi les outils de gestion de carrière des salariés et figure parfois au sein des accords de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Il peut offrir des perspectives en dehors de la grande entreprise à certains salariés qui ne sont pas mobiles.Enfin, dans certaines entreprises, l'essaimage est un élément de la politique de valorisation de technologies mises au point en leur sein.

Avec l'essaimage, l'entreprise ne risque-t-elle pas de perdre des compétences difficiles à remplacer ?

C'est une problématique souvent abordée par les services des ressources humaines et les Directions générales des grandes entreprises.Les qualités entrepreneuriales sont extrêmement recherchées par les entreprises lors des embauches. Elles sont aussi mises en avant dans les entretiens d'évaluation. Il n'est donc pas anormal de voir ces salariés, après un moment passé dans l'entreprise, ressentir un besoin de plus d'autonomie, de responsabilité ou tout simplement avoir l'envie d'entreprendre... Alors, récompensons-les en les aidant à réussir !D'après mon expérience personnelle au sein de Schneider Electric, environ 1% seulement des cas pose problème. L'entreprise peut alors réagir pour conserver son salarié en lui proposant une promotion, une augmentation, etc. Mais l'expérience prouve que quelques mois, voire quelques années plus tard, le salarié quittera quand même l'entreprise pour réaliser son projet !

Quels conseils peut-on donner à un salarié qui a un projet d'entreprise ?

Il est tout d'abord indispensable qu'il se pose ces questions essentielles : pour quelles raisons ai-je envie d'entreprendre ? Quels sont mes objectifs personnels dans ce projet ?Je conseillerai ensuite à ce salarié qu'il se renseigne dés que possible sur l'existence d'un dispositif d'essaimage dans son entreprise en consultant par exemple le site intranet, les publications internes, les panneaux d'affichage... Lorsqu'un tel dispositif existe, il ne faut pas hésiter à le solliciter pour bénéficier d'un accompagnement en toute confidentialité.Enfin, qu'il prenne le temps nécessaire pour préparer son projet dans de bonnes conditions car, après la création, il lui sera beaucoup plus difficile de prendre du recul. Il convient donc de soigner la réalisation des études préalables et la construction du business-plan.

Lorsque l'entreprise ne pratique pas l'essaimage, peut-on conseiller à un salarié d'informer son employeur de son projet ?

J'aimerais pouvoir vous répondre par un oui franc et massif... Mais ma réponse sera plus nuancée.En parler, oui, mais uniquement à partir du moment où le projet est suffisamment mûr. Il ne faut pas se dévoiler trop vite... mais en parler tout de même assez tôt pour ne pas mettre son employeur en difficulté. En l'absence de politique d'essaimage, le salarié porteur de projet peut demander, dans certaines conditions, à bénéficier du congé pour création d'entreprise. Pour augmenter ses chances de succès, il ne doit pas rester seul dans la préparation de son projet. Il est important qu'il puisse être accompagné par les réseaux spécialisés.

Propos recueillis en décembre 2012 par Dorothée Sabot

Décembre 2012