Si c'était à refaire... je le referais beaucoup plus tôt !

Pourquoi avez-vous décidé de vous lancer dans l'entrepreneuriat ?

Je me suis lancée dans l'entreprenariat pour faire ce que j'ai envie de faire, comme et avec qui j'ai envie ! Le plus important pour moi est d'être épanoui dans ce que l'on fait et de se donner les moyens d'y parvenir. J'avais suivi un schéma qui ne me correspondait pas. Je me suis rendu compte, à l'université, que je travaillais mieux en faisant les choses par moi-même. J'ai donc orienté mon parcours professionnel pour créer mon entreprise.Aujourd'hui, si c'était à refaire, je le referais beaucoup plus tôt car j'ai une liberté que je ne pourrais avoir en étant salariée.Je fais les choses en fonction de mes propres valeurs et non en fonction de ces fameux codes, qui ne me correspondent pas.Je fais des choses avec comme seule limite, le respect d'autrui. Je n'ai, pour certains projets, ni l'expérience, ni le diplôme adéquat. Pour autant, les choses avancent. Mes projets sont tellement variés et tellement riches, que je m'éclate de plus en plus.Les rencontres sont tout aussi enrichissantes. C'est un milieu qui est tellement vivant, que je ne peux qu'être comblée !

Quel est votre meilleur souvenir ?

Je n'ai que de bons souvenirs ! Toutes mes expériences, quelques soient leurs conséquences, m'ont énormément apportées, sur moi-même, sur certaines personnalités, sur l'entreprenariat que je découvrais.Le meilleur reste néanmoins, le jour, où la responsable de ressources humaines m'a appelée pour m'informer que mon dossier de départ volontaire pour création d'entreprise a été accepté. Il a été d'autant plus savoureux que, dès réception de mon dossier, cette même personne m'avait auparavant contactée pour m'annoncer que, vu les critères de sélection (agence en sous-effectif), il fallait que je m'attende à un "non". Il est vrai qu'avant de prendre la décision, j'ai beaucoup cogité. Si mon dossier avait été refusé, j'aurais eu la casquette "a voulu partir", avec les conséquences qui auraient été adéquates. Le fait est que, je me suis dit "qu'est-ce-que je risque ?". Juste être heureuse, étape par étape et quoi qu'il arrive.

L'erreur que vous ne referiez pas ?

Le mot "erreur" a tendance à nous faire peur. Est-ce-grave de se tromper ? Est-ce grave de se donner les moyens d'être épanoui ? Nous vivons dans une société où le mot "erreur" est beaucoup utilisé. On nous fait penser que tout doit, tout de suite, fonctionner. Ça se saurait si c'était le cas !La seule manière de voir les choses pour avancer au mieux et plus sereinement, est d'être dans la remise en question de soi, d'analyser tous les évènements pour n'en garder que le positif, en se basant sur les faits, sans jugement.Seule la détermination, la volonté sont importants. La véritable erreur, s'il doit y en avoir une, ce serait d'écouter les gens qui nous disent "tu n'y arriveras pas", "c'est trop dur pour toi", "trouve-toi un travail tranquille", "ça ne fonctionnera pas", "c'est impossible, ton truc", etc. Tout est faisable. Il suffit de trouver la première personne qui nous dise comment faire, et de trouver les autres.

Vous avez témoigné devant des jeunes et allez le refaire cette année dans le cadre de la semaine de sensibilisation des jeunes à l'entrepreneuriat féminin. Qu'est-ce qui vous motive ?

L'auto-censure concerne toutes les catégories socio-professionnelles. Personne n'est épargné.Nous fonctionnons trop souvent en fonction du "qu'en dira-t-on". Qu'en est-il de nous ? Je suis dans l'entreprenariat depuis plus de 4 ans. J'ai côtoyé différents réseaux de chefs et cheffes d'entreprises.Le constat aujourd'hui est que :- les femmes se mettent trop souvent de côté lors d'évènements professionnels et vont "naturellement" voir d'autres femmes ;- dans des réseaux purement féminin, les échanges sur le quotidien refont surface à une vitesse grand V ;- les hommes pensent naturellement aux hommes quand il s'agit de certains postes ;- les femmes s'orientent beaucoup vers l'auto-entreprise pour des raisons familiales, même si le père est présent et que cela se passe bien ;- etc.La liste est longue. Entre l'auto-censure et les préjugés, les femmes ne pensent pas ou pas suffisamment à l'entreprenariat. Elles sont peu visibles lors d'évènements professionnels, qui ont lieu en soirée. Bien souvent, leur projet est mis de côté parce qu'elles entendent trop souvent, qu'elles ne peuvent gérer en même temps leur vie de famille et leur entreprise. Et que surtout, pour une femme, le plus important est le bien-être de sa famille. Les frustrations font surface quand les enfants sont indépendants... et - c'est un constat - elles peuvent déclencher une séparation.Je souhaite transmettre le fait que tout est possible, étape par étape, avec une bonne organisation, en conciliant épanouissement privé, familial et professionnel.

Qu'est-ce qui vous a le plus surpris lors de votre échange avec les jeunes ?

Les jeunes ont une image du "patron" qui donne des ordres et qui a beaucoup d'argent.Le fait d'intervenir, me permet de transmettre la vraie image du poste de dirigeant/dirigeante d'entreprise, une personne qui travaille beaucoup pour se donner les moyens d'aller jusqu'au bout de son projet et de vivre, simplement.L'autre élément qui m'a surpris, c'est d'entendre des demoiselles dire : "une femme ne peut pas être cheffe d'entreprise, ou "est-ce-qu'une femme peut être cheffe d'entreprise ?" ou encore "une femme est faite pour s'occuper des enfants"... Bref, les clichés sont toujours bel et bien présents. D'où l'importance de continuer à intervenir pour montrer "en chair et en os" qu'une femme peut être cheffe d'entreprise ! 

Quels messages et conseils donneriez-vous aux jeunes femmes qui souhaiteraient se lancer ?

Le rôle de la femme n'est pas réservé au cocon familial. Il faut avant tout bien se connaître, être toujours dans la remise en question et ne jamais considérer que tout est acquis. Détectez vos propres valeurs pour en imprégner votre projet. C'est à partir de soi, que le projet se mettra en place naturellement, avec, certes, beaucoup de travail, de ténacité et d'optimisme.Le fait de voir les choses de manière positive, nous fait mieux avancer, sereinement.Le plus important : ne pas s'arrêter à la première personne qui vous dit "c'est pas possible" ; la frustration n'est bonne pour personne. Et continuer jusqu'à trouver la personne qui vous dira comment faire.Echanger, partager. Votre projet est innovateur ? Apprenez à en  dire suffisamment sans trop divulguer d'informations. Ne pas être dans "je veux aller dans tel événement pour qu'on m'aide". Allez dans les réseaux pour apprendre et rencontrer de nouvelles personnes. Toutes ces démarches vous permettront de savoir si votre projet est compris par tous, d'avoir de nouvelles idées, souvent apportées par des personnes extérieures. Il est effectivement important que votre projet soit compris par le plus grand nombre pour que ces personnes puissent en parler à leur tour... à commencer par l'entourage proche.Ayez pour amies : détermination, curiosité, ouverture d'esprit... Y'a plus qu'à !  

Propos recueillis en février 2014 par 100 000 entrepreneurs

dans le cadre de la semaine de sensibilisation des jeunes à l'entrepreneuriat féminin

Mars 2014