Artisans du bâtiment : comment réduire son impact environnemental

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Le secteur du bâtiment est le 2ème secteur émetteur de gaz à effet de serre en France après le transport. En 2019, il est équivalent à près d’un quart de l’empreinte carbone de la France. 

Plusieurs mesures permettent de réduire l'impact environnemental des activités dans le bâtiment. 

Découvrez-les.

 

Comprendre l’impact environnemental de la construction

Émissions de gaz à effet de serre

Les impacts environnementaux du secteur se situent majoritairement sur la phase de construction des bâtiments et sur la phase d’exploitation.

La phase de construction implique d’importantes quantités de matières premières (ciment, acier, etc.), dont la fabrication, la transformation et le transport génèrent d’importantes émissions de gaz à effet de serre (GES). 

Dans le gros œuvre, le béton est responsable de la majorité des émissions en raison notamment des chaleurs nécessaires à la production du clinker contenu dans le ciment. 

Dans le second œuvre, les impacts sont plus diffus mais se concentrent en général sur les métaux et les produits issus la pétrochimie (peintures, huiles, solvants, vernis, etc.). De plus, la construction implique généralement d’artificialiser le sol, ce qui génère de nombreuses pressions environnementales (perte de biodiversité, pollution du sol, etc.) et limite la capacité du sol à capturer du CO2.

L’impact de la phase d’exploitation est lié aux énergies utilisées pour le chauffage, la climatisation ou encore l’éclairage. Pour de nombreux bâtiments, le chauffage est assuré par l’utilisation de combustibles fossiles (gaz, fuel) dont l’impact environnemental est significatif.

En France, en 2019, l’exploitation des bâtiments représentait 17% de l'empreinte carbone du pays, tandis que la fabrication des matériaux et équipements nécessaires à la construction représentait 8 % de l’empreinte. Néanmoins, à l’échelle d’un chantier, les émissions de GES se situent majoritairement sur la phase de construction.  

Artificialisation des sols

Le secteur contribue également de manière significative à l’artificialisation des sols. 

Ce processus consiste à transformer des espaces naturels ou agricoles en surfaces artificialisées. Sur la décennie précédente en France, 24 000 hectares d’espaces naturels, agricoles ou forestiers ont été artificialisés, soit l’équivalent de 5 terrains de football par heure.  

L’artificialisation engendre une série d'impacts environnementaux majeurs. D’une part, la disparition des espaces naturels entraîne la perte d’habitats pour de nombreuses espèces animales et végétales. D’autre part, l’artificialisation des sols réduit leur capacité naturelle à absorber le carbone, ce qui accélère le réchauffement climatique.  

Face à ces enjeux, la lutte contre l’artificialisation des sols s’est inscrite dans un cadre juridique avec la loi Climat et résilience du 22 août 2021. Celle-ci fixe un objectif ambitieux de zéro artificialisation nette (ZAN) d’ici à 2050. 

Concrètement, cet objectif impose une réduction progressive du rythme d’artificialisation des terres avec, à partir de 2050, une compensation stricte : chaque nouveau sol artificialisé devra être contrebalancé par la renaturalisation d’un espace de surface équivalente. Cet objectif suppose à la fois une réduction massive de la construction neuve dans les prochaines années et un report progressif de ce marché vers la rénovation et la réhabilitation des logements. 

 

Autres impacts environnementaux

Le secteur de la construction génère d’autres pressions sur l’environnement :

  • Utilisation de la ressource en eau (ex : malaxage du béton, nettoyage et refroidissement des machines, etc.)
  • Génération de déchets qui causent de la pollution (ex : amiante, gravats, etc.)

Découvrez les outils pour faire le point sur votre impact environnemental

Les leviers pour limiter l’impact environnemental de son chantier

La diminution de l’impact environnemental d’un chantier passe en priorité par la réduction de la consommation de matériaux, l’utilisation de matériaux bas carbone et la gestion des déplacements des équipes.

 

Utiliser des matériaux et des équipements durables et bas carbone  

Les matériaux de construction ont des impacts environnementaux qui varient en fonction de certains paramètres :

  • Nature du matériau : par exemple, un m² de carrelage aura un impact carbone largement supérieur à un m² de parquet en bois. La base de données INIES fournit des données environnementales sur la totalité des familles de matériaux utilisées dans des chantiers 
  • Caractère biosourcé du matériau : les matériaux biosourcés sont issus de matière organique renouvelable, végétale ou animale. La fabrication de ces matériaux nécessite en général moins d’énergie que pour leurs alternatives conventionnelles. Par ailleurs, les matériaux végétaux (bois, lin, chanvre, etc.) absorbent et stockent du carbone tout au long de leur durée de vie : leur utilisation est donc doublement bénéfique pour le climat.  Ainsi, par exemple, l’impact d’un isolant biosourcé est environ 4 fois moins important que celui d’un isolant conventionnel (laine de verre ou roche) 
  • Ancienneté du matériau : par convention, on amortit l’impact environnemental d’un matériau sur sa durée d’utilisation. Ainsi, utiliser des matériaux de seconde main plutôt que des matériaux neufs permet de réduire l’impact environnemental de son chantier. Des plateformes spécialisées existent pour vous aider à identifier et à vous fournir en matériaux de seconde main. Les matériaux issus du recyclage ont également une empreinte carbone plus faible. C’est particulièrement vrai pour les métaux où le recyclage permet d’éviter certains process de fabrication énergivores. L’aluminium recyclé est par exemple 4 fois moins émissif en moyenne que l’aluminium neuf 

La règlementation environnementale RE 2020 impose, pour la première fois dans ce secteur, des exigences élevées concernant l’empreinte carbone des matériaux de construction. La réglementation se base sur l’analyse du cycle de vie du bâtiment sur 50 ans, ce qui encourage l’utilisation de matériaux à faible impact environnemental (biosourcés, recyclés, de seconde main, etc.). 

 

Éco-concevoir son chantier

Au-delà du choix des matériaux, il est pertinent de penser l’impact de son chantier dans sa globalité et d’identifier des leviers pour le réduire. On parle de "chantiers écoconçus". 

Quelques exemples de leviers :

  • Optimiser le transport et l'acheminement des matières premières et des équipements en essayant de mutualiser ce poste avec plusieurs chantiers 
  • Réduire l’impact des déplacements des équipes via la mutualisation des véhicules ou via l’utilisation de véhicules électriques 
  • Optimiser la quantité de matériaux commandés afin de limiter la quantité de déchets générés 
  • Valoriser au maximum les déchets inévitables, notamment en faisant appel à des plateformes spécialisées

Prendre part au défi de la rénovation énergétique

La consommation d’énergie des bâtiments représente à elle seule 44 % de la consommation énergétique du pays.

Pour réduire cette consommation, les artisans du secteur disposent de deux leviers majeurs :  

  • La sélection de modes d’isolation performants : ce sujet est particulièrement encadré réglementairement. La RE2020 impose par exemple une dépense énergétique de 0 kWh/m²/an pour les nouvelles constructions dans le tertiaire. C’est-à-dire que l’immeuble doit produire plus d’énergie qu’il n’en consomme (via des panneaux solaires par exemple) ou de façon égale 
  • L’installation ou le remplacement des modes de chauffage par des modes de chauffage bas carbone : pompes à chaleur, chauffages bois, poêles à granulés ou réseaux de chaleur urbains pour les logements collectifs

Ces leviers concernent à la fois les bâtiments neufs mais aussi les bâtiments existants, dont la rénovation constitue un enjeu majeur pour décarboner l’exploitation des bâtiments. D’après les modélisations de l’Ademe (Agence française de la transition écologique), le parc de logements devrait être composé à 80% ou 90% de logements classés A ou B. 

Or en 2024, seulement 6 % des logements français sont classés A ou B. La rénovation représente donc un marché considérable, d’autant plus qu’il bénéficie de nombreuses aides et dispositifs étatiques. 

Vous pouvez retrouver l’ensemble de ces aides sur ce site.

Pour contribuer à ce défi, il est essentiel de se préparer, en formant vos équipes et en obtenant les qualifications adéquates. En effet, la plupart des aides de l’Etat sont conditionnées à la détention par le professionnel de la rénovation de la qualification RGE.

Chauffagistes et électriciens : élargir votre offre pour répondre aux nouveaux besoins liés à la transition environnementale

Les chauffagistes et électriciens disposent de deux leviers majeurs pour réduire leurs impacts environnementaux  et contribuer à la transition écologique :  

  • Utiliser des produits bas carbone, dont la fabrication nécessite peu de matériaux et de consommations énergétiques, comme les produits réutilisés ou issus du recyclage 
  • Installer des équipements performants, qui permettront de réduire la consommation énergétique des clients finaux  

Les principaux leviers d’action sont détaillés dans le tableau ci-dessous.  

Étapes
Impacts environnementaux
Principaux leviers d'action
 Achats de matériels et équipements  La fabrication du matériel et des équipements génère des émissions de GES

1. Comparer l’impact de différents choix de produits en s’aidant par exemple de la base INIES. Pour les câbles et les gaines, les plastiques et métaux recyclés constituent en général les alternatives les plus vertueuses (ex : câbles électriques en aluminium recyclé)

2. Valoriser les équipements encore fonctionnels et privilégier des équipements de seconde main ou reconditionnés en utilisant par exemple des plateformes spécialisées 

DéplacementsEmissions de GES et pollution liées à la consommation de carburant des véhicules de transport

1. Privilégier des chantiers proches ou loger sur place pour limiter les déplacements

2. Utiliser des véhicules électriques pour les déplacements, environ deux fois moins émissifs que des véhicules thermiques de gamme équivalente

3. En cas de déplacements longue distance, privilégier le train à l’avion, 100 fois moins émissif 

Utilisation des équipements
Emissions de GES liées à la consommation énergétique des équipements installés (chauffage, climatisation, éclairage, etc.) et aux fuites de liquide frigorigène des équipements froids (climatisation, pompe à chaleur)

1. Installer des solutions intelligentes de gestion de l’énergie : systèmes de GTB, domotique, thermostat connecté, etc.

2. Encourager et installer des systèmes de production d’énergies renouvelables : panneaux photovoltaïques ou éoliennes domestiques

3. Installer des équipements économes en énergie en s’appuyant sur les labels et systèmes de classification : étiquette énergétique pour les appareils électroménagers, NF environnement pour les lampes

4. Installer des systèmes de chauffage bas carbone : pompes à chaleur, chauffages bois, poêles à granulés ou réseaux de chaleur urbains pour les logements collectifs. Pour les pompes à chaleur, le choix des fluides frigorigènes a également un fort impact environnemental. Privilégier les fluides frigorigènes naturels type propane (R290), dioxyde de carbone (R744) ou ammoniac (R717). L’impact de ces fluides est jusqu’à 1 000 fois inférieur aux fluides traditionnels type HFC (ex : R410a) 

Fin de vie des équipements vendus Emissions de GES et pollution liées au transport et au traitement des équipements vendus lorsqu’ils arrivent en fin de vie

1. Sensibiliser les clients à une bonne gestion des équipements en fin de vie, en particulier les équipements froids dont les fuites de fluides frigorigènes en cas d’erreur de tri ont un impact considérable sur le climat

2. Sensibiliser le client aux bons gestes d’entretien des équipements pour maximiser leur durée de vie

Menuiserie et travail du bois : valoriser l’impact carbone de ses produits bois

Le bois est par nature un matériau bas carbone  : son exploitation génère une empreinte assez faible par rapport aux autres matériaux et, en tant que matériau biosourcé, il fait office de stock de carbone lorsqu’il est utilisé pour une longue durée. 

Ce bénéfice climatique ne doit cependant pas occulter les autres enjeux environnementaux liés à sa fabrication (coupe, transport, étapes de transformation) et à sa fin de vie (transport, combustion, décomposition).

Afin de maximiser le potentiel de stockage du bois et de limiter les externalités négatives liées à son utilisation, il est important d’utiliser des matériaux provenant de forêts dont l’exploitation n’endommage pas la biodiversité et permet une régénération suffisante. Cette sélection peut notamment s’appuyer sur les labels PEFC ou FSC qui garantissent des produits bois provenant de forêts gérées durablement.  

Les principaux leviers d’action sont détaillés dans le tableau ci-dessous :

Étapes
Impacts environnementaux
Principaux leviers d'action
Achats de bois et produits bois - Emissions de GES liées à la culture et au transport du bois  
- Impacts sur la biodiversité liés à la culture du bois

1. Identifier des fournisseurs de bois et de produits bois provenant de forêts gérées durablement, en s’appuyant sur les labels PEFC et FSCS

2. Eco-concevoir les produits et les chantiers pour limiter l’utilisation de matières premières : designs légers, réutilisation des éléments sur place au lieu du remplacement

3. Contacter ses fournisseurs pour identifier la provenance des essences de bois et privilégier des essences locales et adaptées au changement climatique 

Achats d’autres matières premières (PVC, aluminium, produits de traitements, etc.) Emission de GES et pollution liées à la fabrication des matières premières et des produits

1. Limiter l’utilisation de produits chimiques. Utiliser des produits de finition biosourcés (huiles de lin, cires végétales) ou à base d’eau, avec des certifications écologiques comme l’Ecolabel européen

2. Privilégier les matières premières d’origine recyclée pour la fabrication des produits (aluminium recyclé, PVC recyclé). L’aluminium recyclé est jusqu’à 4 fois moins émissif que l’aluminium neuf 

DéplacementsEmissions de GES et pollution liées à la consommation de carburant des véhicules de transport 

1. Privilégier des chantiers proches ou loger sur place pour limiter les déplacements

2. Utiliser des véhicules électriques pour les déplacements, environ deux fois moins émissifs que des véhicules thermiques de gamme équivalente

3. En cas de déplacements longue distance, privilégier le train à l’avion (100 fois moins émissif)

 Fin de vie des produits vendusEmissions de GES et pollution liées au transport et au traitement des produits en fin de vie

1. Proposer des conceptions modulaires pour permettre aux clients de faire évoluer leurs projets sans tout remplacer

2. Créer des modèles circulaires en proposant des offres de valorisation des produits en fin de vie

3. Concevoir des produits facilement réparables et sensibiliser le client aux bons gestes d’entretien et de réparation pour maximiser la durée de vie des produits

4. Limiter les adhésifs et autres produits chimiques pour faciliter le recyclage des produits en fin de vie 

Ressources utiles pour approfondir

 

Il existe une multitude de ressources et de financements spécifiques. Les entreprises peuvent bénéficier de conseils, de diagnostics, de formations payantes ou gratuites, et d'aides financières variées, allant des subventions aux prêts en passant par des aides fiscales. Consultez le panorama des aides et financements dédiés à la transition écologique

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