Un jour de 2009, vous avez décidé d’arrêter votre carrière de kinésithérapeute et de cofonder, avec votre mari, une startup. Pourquoi ?
Certes, j’avais un bon travail en tant que kinésithérapeute. Mais à 50 ans, je me suis sentie enfermée. Même si j’aimais mon travail, je trouvais que l’avenir était un peu étroit… Et je n’aime pas les avenirs étroits ! En outre, c’est arrivé à un moment où les enfants étaient partis de la maison. Je n’avais plus grand-chose à craindre, je pouvais me lancer.
Comment avez-vous fait le choix du secteur ?
J’avais fait moi-même une thérapie et cela m’avait apporté un véritable coup de boost. Je me suis dit que ce serait une bonne chose que chacun puisse avoir un accès facile à des psychologues et des thérapeutes.
À l’époque, que vous disait votre entourage ?
Mon entourage me disait “tu gagnes bien ta vie, pourquoi te lancer dans quelque chose d’aléatoire ?”, ou encore “commence ta startup tout en gardant à mi-temps ta kiné”. Au bout de trois ans, en voyant que nous ne gagnions toujours pas d’argent, ils nous disaient : “quand est-ce que vous arrêtez ?” Mais il vaut mieux ne pas écouter son entourage, sinon on ne fait rien. C’est aussi l’un des avantages de devenir entrepreneur à 50 ans : on est moins influençable qu'à 20 ans...
Votre âge a donc été une force…
L’atout, entre autres, est de ne plus avoir de bébé qui vous réveille la nuit, d’enfants qui ont les oreillons, la classe à la maison... Par ailleurs, côté finances, j’avais vendu mon cabinet et pu donc démarrer cette aventure avec un petit capital.
Les débuts n’étaient pas faciles. Pourtant, vous avez maintenu le cap. Quel a été votre moteur ?
Pendant les trois premières années, nous avons a eu l’audace de continuer alors que nous n’avions pas de revenus. C’est seulement après avoir gagné l’appel d’offres d’un ministère que nous avons véritablement démarré. Le fait que des personnes haut placées nous fassent confiance nous a donné le moral. Autre avantage, nous étions deux dans cette aventure. Si l’un de nous deux ressentait une baisse de confiance, l’autre lui remontait le moral. Tout seul, cela doit être plus difficile.
Et cela a marché : votre entreprise est aujourd’hui un succès !
Trois ans et demi après la création, nous réalisions un chiffre d’affaires de 500 000 euros et nous avons pu embaucher trois personnes. Et depuis deux ans, nous sommes en forte croissance. En 2019, notre C.A. était de 3 millions d’euros. Et puis le confinement est arrivé. De 3 millions de salariés pris en charge, nous sommes passés à 5 millions. Nous avons installé un grand nombre de numéros verts. Aujourd’hui, nous sommes 28 et nous prévoyons d’embaucher 15 personnes.
Vous avez également une filiale outre-Manche. D’autres projets ?
Nous avons lancé il y a quelques temps GeoPsy, un service innovant qui permet aux particuliers de géolocaliser un psychologue et le faire venir chez soi. Nous allons désormais nous orienter davantage vers le grand public, tout en poursuivant notre travail avec les entreprises. Et nous comptons bousculer le marché de la prévention des risques psychosociaux, en développant une intelligence artificielle qui rendra l’audit accessible à des petites structures.
À 60 ans, vous avez toujours autant le goût d’entreprendre…
Nous avons toujours envie de créer, d’inventer et d’explorer de nouveaux territoires. Il y a une sorte de frisson à préparer son sac, tracer son itinéraire… Lancer une startup est une aventure. Dans tous les cas, je le referais !