Rocambole, est une nouvelle plateforme de streaming littéraire avec du contenu original. Rencontre avec le co-fondateur François Delporte.
“Notre première mission est de faire ou refaire lire les Français tous les jours 5 minutes.” Accessible depuis smartphone, tablette et ordinateur, la plateforme Rocambole renoue avec le style du roman feuilleton en déclinant des histoires originales découpées en épisodes de 5 minutes de lecture. Avec 50 000 utilisateurs, François Delporte espère aujourd’hui gagner en notoriété en convaincant des auteurs connus à publier sur la plateforme. Entretien.
Comment avez-vous eu l’idée de créer Rocambole ?
Lorsque nous nous sommes rencontrés avec Camille Pichon en 2018, lors d’une conférence sur la blockchain à Lyon, nous avons été surpris d’apprendre que, selon un rapport du CNL (Centre national du livre), 2 Français sur 3 voulaient lire davantage. Camille venait du milieu de l’édition numérique et de la littérature, et moi de la finance et de l’entrepreneuriat. Nous avons décidé de participer à un “startup week-end" organisé par le ministère de la Culture et nous avons été lauréats. À partir de ce là, nous avons développé le concept avant de créer en 2019 Rocambole, la première plateforme européenne de streaming littéraire 100 % originale en termes de contenu.
Comment vous positionnez-vous dans le secteur du divertissement ?
Notre première mission est de faire ou refaire lire les Français tous les jours 5 minutes. Ensuite, notre ambition est de créer un géant du divertissement made in France. Le streaming a bouleversé le segment de la vidéo, de la musique et bientôt celui de la lecture sur un format court.
D’où vient le contenu de Rocambole ?
80% de notre contenu est issu de notre Fabrique, une innovation unique dans le milieu éditorial plus ou moins équivalente à la pige dans le modèle journalistique. Vingt-cinq auteurs et scénaristes ont été retenus pour écrire sur-mesure et sur demande nos premières séries.
Deux semaines après le succès du Jeu de la dame sur Netflix, nous avons par exemple sorti la série La dame du jeu qui racontait le réel parcours de Judith Polgar, la meilleure joueuse d'échecs du monde. Par ailleurs, notre best-seller Invisible, s’inspire des influenceurs, de la relation aux haters, etc. Nous produisons finalement sur ce marché ce que les gens ont envie de lire. Force de proposition, nous avons adopté une approche à l’américaine !
Avec qui avez-vous mis au point la plateforme ?
Nous avons dès le début travaillé avec une agence de design qui réfléchit, avec des anthropologues et des ethnologues, au futur des usages. Aujourd’hui, on lit toute la journée mais différemment. Nous avons ainsi élaboré une plateforme proche de la SVOD*. On scrolle au lieu de tourner des pages. Tout le développement est réalisé en interne.
*SVOD : subscription video on demand, ou service de vidéo à la demande par abonnement en français.
L’année dernière, vous avez levé 350 000 euros. À quoi ont-ils servi ?
D’abord à séduire des talents ! Nous travaillons notamment avec Christophe Pinna, ancien champion du monde de karaté ou encore Elizabeth Reynaud, biographe de Céline Dion. Nous avons également publié une série avec Jacques Expert, un grand nom du polar. Nous sommes donc en train de convaincre à la fois des grands noms de la littérature mais aussi du sport, des personnalités publiques, des youtubeurs…Plus globalement, cette levée de fonds nous a permis d’accélérer et de consolider notre projet.
Aujourd’hui, nous nous lançons dans une seconde levée de fonds. Deux concurrents américains ont levé 60 millions de dollars ensemble. Avec les bons investisseurs, nous pourrons nous battre à armes égales d’ici 18 à 24 mois ! Il s’agira ensuite de signer les meilleurs talents et de proposer les meilleures histoires.