My Vizito : un hackaton pour trouver son concept et développer son réseau

Evelyne Sorasio a passé plus de vingt ans au service informatique d’un équipementier automobile. A l’approche de la cinquantaine, une voie sans issue se dessine : "Le placard, ce n’est pas mon genre, et j’ai pris les devants en montant ma boîte." Elle obtient un Master en administration des entreprises et négocie son départ. "C’est une formidable façon de se sentir vivre et de renouer avec le goût du challenge !" souligne-t-elle.

Vous avez eu l’idée de My Vizito lors d’un hackathon…

Exactement, en novembre 2015, j’ai participé à un hackathon sur le thème du "m-tourisme" : l’expérience touristique sur smartphone. 

L’événement était organisé par Telecom Valley, une association qui regroupe les acteurs du numérique de la zone Nice - Sophia Antipolis. On a travaillé d’arrache-pied sur un projet d’application basée sur la réutilisation d’Open data pendant 2 jours. C’est à ce moment-là que j’ai posé les bases de mon application. J’ai remporté l’adhésion des participants et un prix qui m’a permis de tester avec succès mon concept sur les bornes tactiles JCDecaux de la ville de Nice. 

Comment fonctionne votre concept ?

C’est une application qui génère des programmes de visites personnalisés, pour les touristes comme pour les résidents. Après avoir renseigné son profil, ses goûts et ses attentes, My Vizito propose des idées de sorties, de restaurants et de shopping. Puis l’application calcule l’itinéraire, les temps de visite, et peut même envoyer des pushs de notification lorsque le smartphone est géolocalisé à côté d’un site d’intérêt…

Conçu comme un Saas (Software as a Service), l’application se connecte aux bases de données des offices du tourisme, qui payent un abonnement pour valoriser leur territoires et leurs partenaires.

Et l’application a-t-elle été difficile à commercialiser ?

Jean-Bernard Titz, le vice-président de Telecom Valley, estime que "trop d’entrepreneurs se lancent avec une bonne idée, mais sans savoir précisément comment pénétrer les marchés et générer du chiffre d’affaires." 

Dans mon cas, le business model était sérieux. Mais la difficulté consistait à convaincre les offices du tourisme du sud de la France d’investir dans un service innovant, alors que la région est déjà très attractive pour les touristes. L’acquisition d’utilisateurs est simplifiée par la gratuité de l’application. Mais j’ai dû me constituer un réseau solide et penser chaque détail de mon application pour remporter mes premiers marchés…

Avez-vous été accompagnée dans la création d’entreprise ?

Bien sûr, je n’ai pas hésité à me faire accompagner même si je suis épaulée par deux associés, afin de mettre toutes les chances de mon côté. J’ai adhéré à la Telecom Valley, participé aux commissions du m-tourisme. J’ai aussi été coaché par M. Tizt et fait un passage au sein de l’accélérateur The Bridge, spécialisé dans les projets culturels et touristiques, en 2016 (rattaché depuis à la French Tech Grande Provence). 

Grâce à cela, j’ai réussi à me construire un réseau solide et à obtenir une subvention de Bpifrance, ainsi qu’une aide de la région Côte d’Azur pour financer le développement de mon application et le lancement commercial début 2017.

Aujourd’hui où en êtes-vous ?

Je m’appuie sur différents prestataires pour développer de nouvelles fonctionnalités et je sais vers qui me tourner pour développer mon portefeuille clients. J’ai signé avec l’Office du tourisme d’Avignon, qui a tout de suite mis l’application en libre-service sur des écrans tactiles, et j’ai remporté un appel d’offres avec JCDecaux pour l’aéroport de Nice. 

Et si tout se passe comme prévu, l’application devrait bientôt devenir européenne, en commençant par s’implanter en Italie l’année prochaine !

Février 2020