Dans cet article :
En 2022, les biens de consommation représentaient en moyenne 1,9 tonne de CO2e par an pour un Français, soit 16 % de ses émissions annuelles.
Les commerces de proximité ont donc un réel rôle à jouer pour réduire l’impact de cette consommation. Vendeurs de prêt-à-porter, de biens de consommation divers, de produits de ménage ou de bricolage : tous disposent de leviers d’action pour réduire l’impact environnemental de leurs commerces tout en renforçant leur attractivité auprès de leurs clients.
Comprendre l’impact environnemental du retail
Les produits vendus par un commerce doivent être fabriqués et transportés jusqu’au magasin, avant d’être utilisés puis traités en fin de vie. Pour un commerçant, les enjeux environnementaux sont principalement liés aux produits qu’il propose : leur fabrication, leur utilisation et leur fin de vie génèrent la majeure partie des impacts du commerce.
Les phases d’acheminement (transport des produits de leur lieu de fabrication au magasin, livraison au client le cas échéant) et de vente (utilisation du local de commerce) génèrent aussi des émissions, bien que moins importantes.
Émissions de gaz à effet de serre liées à la fabrication des objets
Les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’un commerce de proximité dépendent en premier lieu des produits distribués.
Ces émissions se rattachent à différentes étapes :
Etapes | Exemples d'impacts environnementaux |
---|---|
Production des matières premières | L’extraction minière de métaux ou la fabrication de plastique à partir de pétrole, génèrent d’importantes quantités de GES. Par exemple, pour un lave-vaisselle, la production des matières premières représente 57 % des émissions de GES générées lors de la fabrication |
Fabrication et assemblage des produits en usine | La fabrication nécessite de consommer de l’énergie, qui émet plus ou moins de gaz à effet de serre selon sa source. Du plus au moins émissif : fioul, charbon, électricité produite à partir d’énergies fossiles, électricité produite à partir d’énergies renouvelables. Suivant le pays dans lequel sont fabriqués les produits et le mix énergétique local, la phase d’assemblage peut donc peser plus ou moins lourd dans l’empreinte carbone de l’objet |
Phase d'utilisation | Si le produit nécessite de l’énergie lors de son utilisation (par exemple un aspirateur), cette énergie compte dans les émissions de son cycle de vie |
Fin de vie | Si les produits peuvent être réparés ou recyclés, ou à l’inverse doivent être incinérés, les émissions liées sont attribuées au commerçant |
En fonction des produits vendus par votre commerce, les impacts se répartissent différemment sur ces 4 étapes.
Émissions de gaz à effet de serre liées au transport et au quotidien du commerce
Une fois fabriqués, les produits sont acheminés jusqu’au commerce (voire jusqu’au consommateur en cas de livraison), ce qui génère de nouvelles émissions de gaz à effet de serre. Ces émissions dépendent fortement du moyen de transport utilisé pour acheminer les produits.
Pour un transport de longue distance, un avion-cargo émet environ 100 fois plus qu’un porte-conteneurs par tonne de produit transportée ; en ville, une livraison en camionnette électrique émet 5 à 10 fois moins par kilomètre qu’une camionnette diesel ou essence.
Enfin, la phase de vente émet des gaz à effet de serre à cause des consommations d’énergie des points de vente (chauffage, ventilation et climatisation) et des déplacements des clients pour venir jusqu’au magasin.
Une fois de plus, ces émissions dépendent de la consommation énergétique : un local bien isolé et chauffé à l’électrique émettra beaucoup moins de gaz à effet de serre qu’une "passoire thermique" chauffée au gaz.
Autres impacts environnementaux d’un commerce
Au-delà des gaz à effet de serre générés, un commerce a d’autres impacts environnementaux.
La fabrication de produits entraîne la consommation de ressources et d’eau douce et peut générer des pollutions de différents types. Par exemple, la fabrication de produits chimiques (cosmétique, pharmaceutique) génère des émissions de microparticules dans l’air autour des usines ; pour les usines fabriquant des vêtements, la phase de teinture a des effets importants sur la qualité de l’eau locale. Ces impacts sont donc liés aux types de produits et à la façon dont ils sont fabriqués.
Sur la phase de livraison, des pollutions atmosphériques sont liées à l’utilisation de véhicules thermiques en ville.
3 leviers pour limiter l'impact environnemental de son commerce
Le premier volet à considérer pour réduire votre impact environnemental est votre marge de manœuvre.
- Si votre point de vente est sous franchise, vous serez moins libre dans le choix des actions à mettre en place (votre catalogue de produits sera probablement imposé par la franchise, vos moyens financiers seront potentiellement moins importants, etc.). Vous pouvez néanmoins solliciter la franchise pour bénéficier d’un accompagnement.
- A l’inverse, si vous ouvrez un magasin indépendant ou que vous développez vous-même une franchise de points de vente, alors vous disposez d’importants leviers d’action pour décarboner votre commerce.
Leviers liés aux produits vendus
Pour un fabricant, l’écoconception des produits (choix des matières premières, procédés industriels, efficacité énergétique, etc.) est un levier d’action central : non seulement la fabrication est souvent la phase la plus émissive pour un produit, mais les impacts environnementaux générés par les phases d’utilisation et de fin de vie des produits sont également liés aux choix effectués durant la conception (efficacité énergétique, choix des matériaux, etc.).
Ainsi, pour un commerçant, sélectionner des produits durables, éco-conçus, recyclables, est le premier axe sur lequel travailler :
Etapes | Principaux leviers d'action |
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Fabrication de produits | Catalogue produit : • Proposer des produits labellisés (Ecolabel, Oeko-tex ou GOTS pour les textiles, etc.) et/ou écoconçus Sensibilisation des clients : • Mettre en avant les produits les plus vertueux dans vos rayons (marketing, têtes de gondole, offres promotionnelles, etc.) |
Phase d'utilisation | • Proposer des produits avec la meilleure efficacité énergétique possible |
Fin de vie | • Proposer des produits sans emballage • Pour les produits périssables (cosmétiques par exemple), mettre en avant les produits dont la date de consommation approche (rayon dédié, offre promotionnelle, etc.) |
Leviers liés à la distribution et à la vente
L’impact de la phase de distribution (jusqu’au commerce et, le cas échéant, jusqu’au client) peut aisément être réduit.
Etapes | Principaux leviers d'action |
---|---|
Distribution des produits | Approvisionnement : • choisir autant que possible des modes de transport bas carbone sur la longue distance (train, véhicule électrique, bateau) “Dernier kilomètre” et livraison des clients : • choisir autant que possible des modes de transport bas carbone sur courte distance (véhicule électrique, vélo-cargo, etc.) |
Déplacements des clients | Encourager les clients à réduire l’impact de leurs propres déplacements : • mener des campagnes de sensibilisation (via des affichages en magasin par exemple) pour encourager l’utilisation de transports moins carbonés comme le vélo ou les transports en commun |
Leviers liés à la consommation énergétique des magasins
Votre commerce consomme de l’énergie, que ce soit pour le chauffage, la ventilation, la climatisation ou l’éclairage.
Pour réduire l’impact de ces consommations, voici plusieurs idées d’actions, classées en fonction de leur coût, de leur efficacité et de leur facilité de mise en œuvre :
Actions | Investissements nécessaires | Gains de consommation d'énergie (*) | Complexité de mise en œuvre |
---|---|---|---|
Désigner une personne ou équipe en charge du suivi énergétique et former les équipes terrain à réduire les consommations | € | ++ | + |
Impliquer le bailleur (ou le propriétaire) dans les démarches d’investissement | € | ++ | ++ |
Mettre en place un Système d’information énergétique (SIE) pour l’ensemble des bâtiments | €€€ | ++ | +++ |
Programmer les horaires de chauffage / ventilation / climatisation (CVC) et adapter les consignes de température (pas plus de 19°C en hiver, pas moins de 26°C en été) | € | +++ | + |
Renforcer l’isolation thermique du bâtiment et des vitrages (améliorer le diagnostic de performance énergétique) | €€€ | +++ | +++ |
Mettre en place un éclairage LED | €€ | ++ | ++ |
Acheter de l’énergie verte | € | + | + |
Mettre en place des panneaux photovoltaïques | €€ | ++ | ++ |
Mettre en place une pompe à chaleur sur géothermie | €€€ | +++ | +++ |
(*) + : faibles (entre 1 et 5%)
++ : moyens (entre 6 et 10%)
+++ : élevés (plus de 10%)
Il existe une multitude de ressources et de financements spécifiques pour être accompagné dans cette démarche. Les entreprises peuvent bénéficier de conseils, de diagnostics, de formations payantes ou gratuites, et d'aides financières variées, allant des subventions aux prêts en passant par des aides fiscales. Consultez le panorama des aides et financements dédiés à la transition écologique.
Vente en ligne ou en boutique, comment prendre en compte l’environnement ?
La vente en ligne s’est très fortement développée les 20 dernières années. Elle a permis de réduire les déplacements des clients en magasin, mais a aussi eu pour effet d’augmenter le nombre de paquets en circulation (1 milliard par an en France) et de réduire le temps de livraison attendu par le client. Or un colis qui doit être livré en quelques heures ne peut être regroupé avec d’autres ou employer un mode de transport "doux".
Si vous souhaitez développer une activité de vente en ligne, voici quelques conseils pour limiter votre impact environnemental :
- Informez vos clients sur l’impact de la livraison rapide et proposez-leur une livraison plus lente (en 3 à 5 jours), qui vous permettra de regrouper les colis et d’utiliser des modes de transport moins émissifs. Vous pouvez même proposer aux clients un retrait en magasin si vous opérez un point de vente physique en parallèle de votre e-commerce.
- Si vous opérez les livraisons vous-même, assurez-vous que le remplissage des camions et des véhicules de livraison soit optimisé avant chaque tournée.
- Privilégiez la livraison en points relais plutôt qu’à domicile, elle permet également de faciliter le regroupement de colis et encouragez vos clients à se rendre en points relais en mobilité douce.
- Réduisez autant que possible les emballages ou proposez des emballages réutilisables pour la livraison.
Upcycling, recyclage, seconde main : les nouvelles pratiques de consommation plus respectueuses de l’environnement
Le marché de la seconde main connaît une croissance annuelle de 15 % en France depuis quelques années.
Cette pratique s’appuie surtout sur des motivations économiques, dans un contexte de forte inflation, mais aussi sur une préoccupation environnementale croissante. 72 % des Français ont acheté un produit d’occasion au cours des 12 derniers mois et près de 50 % achètent de la seconde main au moins 1 fois par mois.
Dans la même lignée, les produits recyclables ou issus de matières recyclées, voire upcyclées (c’est-à-dire retravaillées) ont le vent en poupe.
Voici quelques idées pour promouvoir ces pratiques dans votre commerce :
- Installer un "rayon seconde main" dans votre magasin pour encourager les clients à valoriser des produits déjà utilisés. Vous pouvez également leur proposer de les rapporter en magasin afin d'alimenter ce rayon, en leur proposant par exemple une réduction valable sur les gammes neuves.
- Mettre en avant les produits recyclés ou upcyclés de vos rayons à l’aide d’un affichage spécifique qui présente leurs avantages environnementaux.
- Proposer un service de réparation pour vos produits, soit en continu, soit sur des plages dédiées (par exemple en faisant venir un réparateur sur place le samedi matin).
- Proposer certains produits à la location plutôt qu’à l’achat, surtout pour des produits pour lesquels l’usage est souvent ponctuel, comme des outils de bricolage.
- Travailler avec des filières de recyclage ou des associations de dons (comme Label Emmaüs) pour donner une deuxième vie à vos invendus si vous en avez.
Enfin, si cette tendance vous parle, vous pouvez tout à fait ouvrir vous-même un magasin dédié à la seconde main.
Bon à savoir : le réseau national des ressourceries pourra vous fournir un certain nombre d’informations utiles pour vous lancer.
Ressources utiles pour approfondir :
- 100 labels environnementaux recommandés par l’Ademe sur les produits du quotidien : un outil pour les consommateurs et les acheteurs professionnels
- L’Écolabel européen : un écolabel connu et reconnu en France
- L’impact environnemental du e-commerce
- Les outils pour faire le point sur son impact environnemental
- Les programmes d'accompagnement et les formations