Créatrice de Laminiak « le financement est essentiel mais pas autant que l’humain »

Céline Patinet, fondatrice de Laminiak, a une formation de designer produit et un CAP pâtissier il y a 5 ans. Son atelier intègre un espace de production de pâtisserie et un espace de fabrication numérique (imprimante 3D, thermoformeuse, plotter de découpe) « inspiré des modèles Fablab. » 

Comment avez-vous détecté cette opportunité ?

Dans le cadre de ma formation (CAP pâtissier), j’ai pu intégrer les équipes de Pierre Hermé et de la Grande Epicerie. J’ai pu observer comment s’organisent ces grandes entreprises et leurs manières d’intégrer la créativité. Cela m’a permis de détecter une opportunité pour développer des outils, des emporte-pièces, des moules design sur-mesure pour accompagner les pâtissiers dans leur art.

Lorsque vous avez lancé Laminiak, avez-vous été accompagné ?

Absolument, j’ai d’abord cherché des prêts et un cautionnement de prêt avec l’aide de France Active Garances Seine-Saint-Denis. Je suis allée voir les banques en leur présentant mon business plan, comme une plaquette de communication pour inverser les rapports de force, en disant : « si vous ne me prenez pas, ce sera une autre banque qui le fera et vous le regretterez ». Cela a très bien fonctionné !

Au-delà de l’accompagnement, quelles ont été vos premières actions commerciales ?

Aller chercher des clients sur les réseaux sociaux car j’avais déjà une petite réputation avant de me lancer. Ce fut ma première clientèle. Je participe aussi à la Maker Faire, un salon qui ne me coûte rien mais qui permet de faire découvrir mes innovations.

Et vous n’avez rencontré aucune difficulté ? 

Bien sûr, il y a eu quelques embûches ! J’ai créé une SAS car j’avais des associés qui ont mis un pourcentage du capital, et ce qui a permis d’avoir de la trésorerie. Mais très rapidement pour des questions de désaccords stratégiques, j’ai racheté leurs parts pour la transformer en SASU, grâce à un prêt personnel.

Une autre difficulté, c’est d’être seul. Logo, site, communication, travaux dans les locaux...j’ai tout conçu de A à Z. Le temps passé sur un poste, c’est du temps en moins sur d’autres. Je n’ai pas de problème pour déléguer, mais davantage pour trouver le bon profil qui pourra m’épauler.

Avec du recul, que feriez-vous différemment ?

Je prendrais peut-être moins de temps sur certains aspects pour développer des offres plutôt que d’autres sur lesquelles j’ai renoncé depuis. Au démarrage, le Labo était destiné à être mis à disposition du coworking. Cependant, en pâtisserie les gens veulent avoir un poste de travail à eux, laisser leurs affaires de façon plus pérenne et venir quand ils veulent, sans être prêts à payer pour le temps qu’ils n’occupent pas. C’était trop complexe à gérer, et j’ai donc changé cette offre.

Un laboratoire en pâtisserie c’est une idée ambitieuse, est-ce que votre entourage vous a soutenu ?

Le démarrage a été compliqué car l’investissement de départ était assez conséquent. J’avais besoin de 160 000 euros pour acheter des machines de prototypage relativement coûteuses, trouver un local aux normes alimentaires... En étant freelance, je m’étais vite retrouvée à cours d’argent pour payer mon loyer. Mais j’ai eu la chance d’être épaulée par quelqu’un qui m’a permis de me concentrer davantage sur mon entreprise que ma vie de famille, durant les trois premières années. Cela m’a sauvée sinon j’aurais dû arrêter mon entreprise…

Selon vous, qu’est-ce qui est essentiel lorsqu’on monte sa structure ?

Je dirais l’envie et l’humain avant tout. Le financement est essentiel c’est sûr, mais c’est grâce au contact humain qu’on arrive à le trouver.

Et votre prochain défi maintenant que l'entreprise est sur les rails ?

Accompagner véritablement les professionnels de la pâtisserie sur le design et entrer dans de grandes entreprises, avoir des collaborations. Enfin développer de nouvelles offres.

Février 2020