Sylvain Brevot, Le Cirier d'Auribeau : le numérique booste l'artisanat

Lorsque l’on fait un métier artisanal et que l’on est installé dans un village médiéval des Alpes-Maritimes, comment développer son activité artisanale grâce au numérique ? 

C’est moins compliqué qu’il n’y paraît. Un site internet avait le mérite d’exister quand j’ai repris Le Cirier, mais il a fallu intégralement le repenser. Après des dialogues de sourds avec plusieurs prestataires, j’ai eu la chance qu’un ami spécialisé en web marketing comprenne mon besoin. Grâce à ses conseils et afin de ne pas noyer le site marchand sous des centaines de références produits, je l’ai démarré avec peu de gammes de bougies et ça m’a largement facilité la tâche. En renouvelant régulièrement ces produits d’appel, je peux aussi plus facilement adapter ma production au rythme des saisons et des floraisons. Un site marchand, c’est comme une boutique supplémentaire et on peut vite être débordé.

Est-ce que vous constatez déjà des retombées commerciales grâce au nouveau site ? 

Tout à fait, je voulais que le site soit opérationnel pour les achats de Noël 2020. Et puis surprise : Le Cirier est passé au journal de 13h de TF1 le 14 décembre. Des centaines de commandes ont suivi et j’ai dû mettre le site hors ligne au bout de 2 jours parce que je n’arrivais plus à suivre le rythme. Je me suis d’ailleurs rendu compte que j’avais trop de références disponibles et que la cadence après un tel coup de projecteur n’était pas tenable.

Utilisez-vous les réseaux sociaux en complément du site internet ou de manière indépendante ? 

Pour l’instant, je n’associe pas forcément les réseaux sociaux du Cirier au site internet. Je considère ma page Instagram comme un album photo de mon activité, un moyen de valoriser mon savoir-faire d’artisan. Facebook me permet plutôt de communiquer de façon instantanée avec mon réseau local ou de préciser des informations pratiques concernant la boutique.  

Est-ce que ça a été facile de se mettre à la gestion de toutes ces plateformes digitales ? 

Quand on vient de l’art ou de l’artisanat, ce n’est pas évident de se mettre au numérique parce que, même lorsque l’on demande de l’aide, on ne parle pas forcément la même langue que ses interlocuteurs ! Ce qui manque aujourd’hui pour faciliter le passage au numérique des artisans, c’est un service dédié qui vous prend par la main et que vous n’avez plus qu’à suivre. Avant de m’y mettre, j’ai fait des formations en gestion de site internet et de pages Facebook et Instagram grâce à la Chambre des métiers et de l’artisanat, sans quoi ça aurait été extrêmement compliqué.

Avez-vous pu bénéficier d’aides à la numérisation pour mettre en place vos dispositifs ? 

Les aides à disposition comme le chèque numérique sont appréciables, mais c’est finalement une goutte d’eau lorsque l’on fait appel à un prestataire extérieur. La Région PACA a malgré tout été un vrai facilitateur administratif pour l’entrepreneur local que je suis, que ce soit avec Bpifrance ou pour le chèque numérique.

Avec la Chambre des métiers et de l’artisanat, la Région est également à l’initiative de rassemblements d’artisans locaux, comme le groupement qui tend à fédérer tous les acteurs de la parfumerie de Grasse. C’est bénéfique pour le réseau et les idées, et puis ça nous offre la possibilité de rayonner. Chaque région possède de telles richesses, que l’ère du numérique nous permet de valoriser bien plus facilement.

Juin 2021