Vincent Bouguet [Insectösphere] : Créer mon entreprise dans le village qui m'a vu grandir

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Comment vous êtes-vous retrouvé à élever des coccinelles et autres insectes en plein cœur de l'Ain ? 

Vincent Bouguet : Je suis ingénieur agronome de formation, fils d'agriculteurs et très investi dans la vie locale de Saint-Jean-le-Vieux. J'ai donc naturellement voulu créer mon entreprise dans le village qui m'a vu grandir. Cela est arrivé au bon moment, puisque la « loi Labbé » sur la fin des pesticides chimiques pour les collectivités et les particuliers venait d'être votée. J'avais donc envie de développer un projet autour de ma spécialité, les produits de bio-contrôle. Voilà comment je me suis retrouvé en 2016 à lancer Insectösphere ! 
 

Le succès a-t-il été immédiat ? 

Vincent Bouguet : Dès la deuxième année, l'activité a accéléré. Nous avons tout de suite visé les particuliers via la vente en ligne et un important travail de référencement naturel. Lors du premier confinement, en 2020, et le retour des Français au jardin, nous avons ensuite vu la demande exploser.

Vous êtes très attaché au caractère rural de votre activité et de votre société. Quels en sont les bénéfices ?

Vincent Bouguet : C'est à la fois une question d'attachement, de valeurs et de facilité. En effet, je connais le coin par cœur, ma famille est implantée ici depuis longtemps et l'effet réseau me permet d'aller vite. Mais nous ne sommes pas ici dans un désert ! L'Ain est très bien desservi, à proximité de deux aéroports internationaux et entouré de trois métropoles dynamiques (Lyon, Mâcon, Genève). S'implanter en milieu rural, c'est aussi bénéficier de locaux moins chers ou de la nature à deux pas, mon jardin en l'occurrence, pour tester de nouvelles espèces d'insectes.

Votre croissance est telle que vous investissez près d'un million d'euros. Quel est votre projet ? 

Vincent Bouguet : Notre croissance étant intrinsèque, nous avons réussi à convaincre des banques. Nous avons un fort savoir-faire dans l’élevage d’insectes et élevons quatre espèces de coccinelles, toutes endémiques. Nous sommes les seuls, en France, à commercialiser les larves de la coccinelle à sept points. Très voraces, celles-ci permettent de lever des impasses de la lutte biologique dans certaines cultures, notamment la fraise. Mais les locaux que nous occupons depuis le début de l’activité sont désormais trop petits et ne nous permettent pas de répondre à la demande. Voilà pourquoi il est nécessaire de construire un nouveau bâtiment. Nous espérons une ouverture au printemps 2022.

Quels sont vos objectifs à plus long terme ? 

Vincent Bouguet : Développer de nouvelles espèces endémiques encore inexploitées. Nous avons des pistes et nous avons hâte d'être dans nos nouveaux locaux pour pouvoir avancer. Entre la production sous serre, la culture légumière, ornementale, l’arboriculture ou encore la viticulture, la lutte biologique est promise à un bel avenir.

Novembre 2021