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De plus en plus d'entreprises sont attirées par une stratégie de croissance externe. Et pour cause : le rachat d’une entreprise peut donner un véritable coup d’accélérateur à leur développement, à condition cependant de prendre quelques précautions…
Les grandes entreprises n’ont pas l’exclusivité de la croissance externe !
La croissance externe recouvre toutes les opérations menant au rapprochement de deux sociétés (fusion, acquisition, prise de participation, etc.). Bien appréhendée, elle peut booster le développement de votre entreprise. Un atout dont les entreprises ont d’ailleurs bien conscience, à en croire la multiplication des opérations qu’elles réalisent.
Selon une étude du cabinet Xerfi, il s’agirait même d’une véritable tendance de fond : 12 % d’entre elles ont réalisé au moins une acquisition de titres ou de fonds de commerce au cours de leurs cinq dernières années. Sur la même période, la croissance externe représentait entre 54 et 62 % de l’investissement total des entreprises en croissance.
Acheter oui, mais pourquoi ?
Une stratégie d’acquisition permet de gagner du temps. Acquérir une entreprise ou un fonds de commerce consiste à capter des parts de marché rapidement et augmenter sa visibilité auprès de nouveaux clients et partenaires.
C’est particulièrement vrai en matière de développement à l’international où la création de succursales peut s’avérer hasardeuse.
Ainsi, dix ans après sa création en 2001, Oxatis, éditeur de logiciels, spécialiste du e-commerce, s’est engagée dans une stratégie de croissance externe en multipliant les acquisitions : Actinic en Angleterre en 2012, la division e-commerce de Sage en 2014, Xopie en Espagne en 2015…
Résultat, l'entreprise marseillaise est devenue un acteur qui compte sur le marché européen, voire international : Oxatis, aujourd’hui, ce sont 14 nationalités, 10 langues parlées et une activité en progression de 30 % par an !
Plus localement, les entreprises de service de nettoyage mettent en œuvre le même type de stratégie, essentiellement basée sur la croissance externe. En rachetant des concurrents, elles récupèrent non seulement des contrats pérennes, mais également des salariés formés.
La croissance externe offre aussi l’opportunité de mettre la main sur des savoir-faire dont vous ne disposez pas en interne, et ainsi de diversifier votre activité sans pour autant investir massivement en R&D.
Les banques ont raté le virage du financement participatif ? Qu’à cela ne tienne, elles rachètent les start-up pour se positionner sur ces nouvelles offres. Par exemple, Crédit Mutuel Arkéa a racheté la plate-forme de cagnottes en ligne Leetchi tandis que la BPCE a investi dans le Pot Commun. Dans la même logique, en faisant l’acquisition d’une petite entreprise de couverture, un constructeur ou une entreprise générale de bâtiment s’épargne des démarches de recrutement aléatoires et complexes, portant sur des métiers en tension.
Enfin, une acquisition, peut aussi permettre de réaliser des synergies, ou encore rationaliser ou mutualiser des coûts, notamment en matière d’achats… Les bénéfices d’un rachat sont donc légion, si tant est que vous en maîtrisez les risques !
La croissance externe n’est pas sans dangers
Une acquisition nécessite en général une mobilisation importante de fonds, rendant souvent indispensable le recours à un endettement fort, ou à une ouverture du capital. Un sacrifice que tous les dirigeants ne sont pas prêts à consentir, de peur de perdre la main sur leur entreprise. D’autant qu’une opération de croissance externe mal maîtrisée peut déstabiliser l’ensemble du groupe, la première menace étant évidemment de payer trop cher une acquisition dont les bénéfices ont été surévalués.
Par ailleurs, les enjeux sociaux d’une acquisition doivent être pris en compte. Par exemple, les doublons de postes, des cultures de management différentes ou encore des disparités entre les grilles de salaires et avantages sociaux peuvent vous exposer à la défiance des salariés, et à des démarches techniques et périlleuses d’harmonisation sociale et de réorganisation. Il serait dommage que les gains attendus d’une opération de croissance externe soient grignotés par des conflits sociaux ou la perte de motivation de l’ensemble des salariés.
Créez les conditions d’une croissance externe réussie
Éviter ces difficultés et créer les conditions du succès nécessitera rigueur et… clairvoyance. Le recours à des spécialistes indépendants, qui n’ont pas d’intérêt propre dans l’opération, est essentiel.
Pendant la phase d’audit, n’hésitez pas à vous faire aider par un expert-comptable pour vérifier la santé financière du cédant et l’exactitude des chiffres qu’il avance.
Demandez à un avocat en droit social d’éplucher tous les contrats de travail, à un fiscaliste de vérifier que l’entreprise s’est bien acquittée de tous ses impôts et autres taxes, etc.
Faites-vous également accompagner pour arrêter un plan d’intégration avant même de signer l’acquisition. Vous éviterez ainsi toute période d’incertitude post achat, qui peut notamment conduire à des conflits sociaux.
Enfin, pour le montage financier vous pouvez prendre conseil auprès d'une Direction régionale de Bpifrance, de la structure Corporate Finance de votre banque ou auprès de sociétés de conseil spécialisées dans les fusions-acquisitions d'entreprises.
Bpifrance traite plus volontiers des opérations de financement des PME ou ETI que les grandes banques d’affaires, qui leur préfèrent souvent les opérations d’envergures.
Le choix de vos partenaires de croissance externe est capital… ne le négligez pas !