Christophe Winckler [Lessonia] : « Il faut savoir quitter le navire et laisser la nouvelle génération s’exprimer. »

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Comment est-ce que l’on se prépare, psychologiquement et matériellement, à passer le flambeau ?

Christophe Winckler : Je m’y suis mis il y a environ 7 ans. La transmission de l’entreprise et le départ à la retraite se pensent parallèlement. J’ai été témoin d’expériences malheureuses de cessions d’entreprise dans mon passé professionnel. Grâce à ces contre-exemples, je savais ce que je ne voulais pas pour Lessonia et j’ai pu établir un projet de cession locale de transmission de l’entreprise aux salariés, mené étape par étape.   

Comment s’est passée l’intégration progressive de Sébastien Guillotin, votre successeur, au poste de directeur général ? 

CW : Il y a à la fois la transmission des responsabilités et la transmission patrimoniale de l’entreprise, qui doivent être pensées simultanément. Sébastien Guillotin a naturellement gravi les échelons : embauché comme cadre commercial il y a 12 ans, il a été promu directeur commercial puis nommé directeur général en avril 2020. Il s’est imposé par des compétences et une vision stratégique qui a contribué à doubler notre CA. 

Dès ses débuts chez Lessonia, il a pris des initiatives intéressantes, comme proposer de s’expatrier pendant 2 ans à Hong Kong pour que l’on puisse y créer une filiale. C’était déjà quelqu’un qui voyait loin ! Au sein de l’entreprise, les collaborateurs reconnaissent ses compétences et l’apprécient : c’est le candidat parfait pour me remplacer.

Vous avez choisi d’organiser votre transmission d’entreprise de manière progressive, notamment en passant à mi-temps au 1er juillet 2021. Quelle sera la prochaine étape de votre transmission entrepreneuriale ? 

CW : Sébastien a ses domaines de prédilection sur lesquels je n’empiète pas. Je suis encore président de l’entreprise et me consacre à certains services opérationnels. On collabore tout de même ensemble sur ses domaines, ce qui permet de progressivement l’installer à son nouveau poste. 

La prochaine étape sera que je ne travaille plus qu’occasionnellement et que Sébastien reprenne les rênes des services dont je m’occupe actuellement, d’ici début 2022. Cela implique des recrutements, en cours depuis 2 ans : il ne s’agit pas de simplement transférer des responsabilités, il faut également étoffer les équipes afin de transférer du temps de travail.

Auriez-vous des conseils à donner aux dirigeants d’entreprise créateurs d’entreprise qui auraient du mal à quitter le navire ?  

CW : Ce qui est frustrant en quittant son entreprise, c’est de ne pas participer au “coup d’après”. J’adore mon travail et c’est un plaisir d’avoir développé une entreprise maintenant pérenne et innovante. C’est difficile de quitter quelque chose qu’on aime, mais il faut le faire quand on s’aperçoit que les jeunes sont plus réactifs que soi. Il faut se fixer un horizon de départ, savoir quitter le navire et laisser la nouvelle génération s’exprimer, d’autant plus qu’il faut s’y prendre très longtemps à l’avance. Dans mon cas, la cession aura pris 10 ans. 

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Septembre 2021