Le débat sur la réforme des retraites rappelle à tous combien il est important d’anticiper. Pas évident pourtant de savoir quelles seront ses futures ressources une fois à la retraite lorsque l’on est chef d’entreprise. A quoi s’attendre ? Quels bons réflexes avoir dès aujourd’hui ?
Commençons par une bonne nouvelle : comprendre le système de cotisation retraite est aujourd’hui beaucoup plus aisé. Certes, pour un entrepreneur, les modalités varient en fonction du statut juridique de l’entreprise, mais sans conséquences majeures. Les fondateurs d’une SAS ou d’une SASU sont assimilés à des salariés et cotisent donc au régime de retraite général des salariés. Les présidents d’une SAS ou d’une SASU et les gérants minoritaires et égalitaires d'une SARL sont assimilés à des salariés et cotisent donc au régime de retraite général des salariés. Les gérants majoritaires d’une SARL ou d’une EURL, eux, cotisent auprès du régime de retraite des indépendants. “Néanmoins, avec l’instauration du régime unifié, cela rejoint le régime de base de la sécurité sociale. Seul leur régime complémentaire est celui des indépendants. Mais, au final, quel que soit le statut de l’entreprise, les dirigeants ont tous un système de retraite quasi similaire”, explique Jean-François Chauffeté, fondateur du cabinet EOR, Expertise-Optimisation-Retraite.
La simplification n’empêche pas la déception
Le montant de la retraite dépend de la durée de cotisation et du montant de la rémunération perçue. Attention, c’est désormais la moyenne des 25 meilleures années de salaire qui est retenue. “Souvent, le salaire que se versent les dirigeants n’est pas très élevé, car ils préfèrent d’autres modes de rémunération plus intéressants fiscalement, comme les dividendes. Il faut alors se souvenir que cette rémunération n’est assortie d’aucune cotisation retraite”, souligne Jean-François Chauffeté. D’où certaines déconvenues ultérieures devant le montant des pensions. Déconvenues d’autant plus fortes que le chef d’entreprise a l’impression d’avoir beaucoup cotisé, entre ce qui a été prélevé sur son propre salaire et ce que son entreprise a versé en charges patronales.
Connaître les rouages
“On ne dira jamais assez l’importance de commencer à cotiser tôt à des régimes d’épargne retraite, comme par exemple le PER, qui peut être mis en place dans l’entreprise ou souscrit à titre individuel, insiste l’expert. En effet, plus on épargne tôt, plus on profite d’un accroissement de son capital grâce aux intérêts composés.” Mieux vaut donc mettre 250 € de côté à partir de 30 ans que 500 € à 50 ans.
Et c’est loin d’être le seul conseil du spécialiste. Il rappelle ainsi qu’en période de chômage, le futur ou ex-entrepreneur voit certes des trimestres enregistrés à son crédit, mais ne cotise pas pour la retraite sur le régime de base (mais des points sont comptabilisés dans le régime complémentaire dans la limite de 4 plafonds de la sécurité sociale), car aucune cotisation n’est prélevée sur les allocations chômage. Sans oublier que le nombre d’années cotisées entre en compte dans le calcul du régime de la sécurité sociale. “Mieux vaut oublier aussi la fausse bonne idée des entrepreneurs qui ne se rémunèrent pas les premières années. Ils perdent parfois deux ans de cotisation ainsi. Alors qu’ils pensaient pouvoir partir à la retraite, ils se retrouvent à travailler plus longtemps ou devoir racheter des trimestres.”
“Il n’y a pas de recette miracle : il faut mettre de l’argent de côté pour la retraite, et ce le plus tôt possible. Je conseille toujours d’aller faire une simulation de sa future pension sur le site Info retraite ou celui de l’Assurance retraite, ça motive ensuite pour s’organiser.”