Pour conditionner ses assemblages de plantes médicinales et ses tisanes, l’herboristerie Millymenthe a choisi de confier ses délicates matières premières à un Esat (établissement et service d’aide par le travail, où travaillent des personnes en situation de handicap) de la Fondation des Amis de l’Atelier.
Une collaboration efficace, qui devrait encore se renforcer à la faveur de la croissance de l’entreprise, comme l’expliquent Victoria Renaud-Foughali, dirigeante de Millymenthe, Marie de Langle, chef de service, et Alexandre Maris, responsable des relations externes au sein de l'Esat.
Pourquoi choisir de travailler avec un Esat ?
Victoria Renaud-Foughali : Je dirige Millymenthe, une herboristerie historique implantée à Milly-la-Forêt. Nous avons récemment ouvert une grande boutique à Sceaux. J’avais déjà collaboré avec un Esat dans le 91 et voulais poursuivre. J’ai sélectionné l’Esat des Amis de l’Atelier, à Châtenay-Malabry, près de notre nouveau point de vente.
Je tenais vraiment à collaborer avec un Esat pour le côté éthique et social. Nous travaillons dans le secteur du bien-être, des plantes, et je trouve que notre philosophie doit aller au-delà du produit. C’est un argument sur lequel j’insiste beaucoup auprès de nos collaborateurs. D’autre part, faire appel à un Esat présente un réel avantage économique. Je n’ai pas les ressources internes, que ce soit en termes d’employés ou de place et de logistique, pour assurer le conditionnement de mes produits. L’Esat m’apporte un service que je n’aurais pas pu gérer en direct, à un coût abordable.
Quelle mission remplit votre Esat pour Millymenthe ?
Alexandre Maris : Situés à Châtenay-Malabry et au Plessis-Robinson, nos Esat accueillent 180 personnes en situation de handicap mental. Nous travaillons pour 165 clients-partenaires dans les domaines des espaces verts, de la blanchisserie, de l’entretien de locaux et du conditionnement. Nos activités permettent la montée en compétence des travailleurs et leur insertion professionnelle. Nous portons de nombreux projets, comme la création d’un pôle textile, destinés à favoriser les interactions entre le milieu ordinaire, celui de l’entreprise, et le milieu protégé, celui des Esat.
Marie de Langle : Pour Millymenthe, nous conditionnons des produits, soit près de 300 références, notamment de tisanes et de thés, biologiques pour certains. Nous réceptionnons les matières premières, faisons les pesées, l’emballage, l’étiquetage et une partie du stockage. Il s’agit d’une chaîne de tâches très complète, ce qui rend la mission intéressante pour nos travailleurs.
Quels sont les atouts que vous mettez en avant auprès des entreprises ?
Marie de Langle : Il y a bien évidemment l’aspect social, suivi de l’intérêt économique car notre structure nous permet de proposer des tarifs compétitifs. Je pense aussi qu’une de nos grandes qualités est notre flexibilité et notre adaptabilité. Il n’a fallu qu’un mois pour lancer le conditionnement des produits de Millymenthe. N’importe quelle entreprise peut nous contacter pour étudier le type de partenariat que l’on peut mettre en place, car nous avons un large panel d’activités, réparties sur 7 sites en région parisienne et un près de Limoges.
Vos conseils pour qu’une collaboration entre une entreprise et un Esat se passe bien ?
Victoria Renaud-Foughali : En tant qu’entreprise, il faut avoir conscience que ce sont des personnes en situation de handicap qui travaillent, donc la marge d’erreur existe. Cela signifie par exemple qu’une étiquette peut ne pas être collée exactement au bon endroit, ce que nous expliquons à nos clients professionnels – et qu’ils comprennent très bien ! Nous travaillons avec des êtres humains et non avec des machines, c’est un souhait. Mais je dois souligner que j’apprécie beaucoup notre collaboration justement parce que nous nous connaissons bien et que l’Esat arrive à détecter certaines erreurs ou problèmes, par exemple lors de la livraison des matières premières. Pour réussir ce type de collaboration, l’échange est clé. Il faut instaurer une bonne communication et savoir faire preuve de bienveillance.
Marie de Langle : La mission confiée par Millymenthe comporte des tâches différentes, ce qui a permis de faire monter en compétences nos travailleurs. Certains sont maintenant capables d’assurer toute la chaîne de conditionnement des produits. Il y a une réelle progression, et c’est un point que nous apprécions beaucoup.
Alexandre Maris : Pour que la relation fonctionne bien, il est important de coconstruire le projet avec les entreprises qui nous sollicitent.
Avez-vous d’autres projets ensemble ?
Victoria Renaud-Foughali : Millymenthe est en pleine phase de développement. Pour nous accompagner, je pense à moyen terme profiter de l’opportunité offerte par l’Esat de détacher des salariés au sein de l’entreprise.
Marie de Langle : Nous favorisons ces opportunités de stage ou partenariat directement en entreprise car cela contribue à changer le regard sur les personnes en situation de handicap. Or notre mission est bien là : favoriser leur insertion et leur inclusion.