Diagnostic financier de reprise de titres de société

En fonction de l'importance de l'entreprise convoitée, l'analyse des comptes portera sur les trois ou cinq dernières années. Elle consiste à tirer les enseignements de l'évolution, dans le temps, des postes du bilan, du compte de résultat et des documents annexes, à confronter la description par le cédant de l'activité et des performances de l'entreprise aux chiffres comptables, à étudier les ratios de l'entreprise et leur évolution (rapport entre certaines valeurs du bilan et/ou du compte de résultat), à comparer ces ratios avec les indicateurs moyens de la profession.

Recommandations

Il est recommandé de travailler à partir de documents officiels (formulaires Cerfa destinés à l'administration fiscale), mais une première analyse peut être faite sur des documents plus synthétiques préparés par le cédant ou son expert-comptable.
En tout état de cause, si c'est le cas, le repreneur devra impérativement et avant l'acquisition, faire vérifier par son expert-comptable la réalité des chiffres sur lesquels il aura basé son analyse et sa décision.

Toute décision ou tout acte de la vie de l'entreprise doit fatalement trouver sa traduction dans les chiffres comptables : il est donc intéressant de regarder ces chiffres en gardant en tête toutes les autres informations rassemblées sur l'entreprise et son activité. C'est aussi pourquoi le diagnostic financier doit être mené par le repreneur. Un expert-comptable pourra guider son analyse et mettre sous une forme plus "digeste" les documents communiqués par le cédant.

L'objectif est :

  • d'affiner la compréhension de l'activité de l'entreprise,
  • de déterminer ses performances réelles de rentabilité,
  • de juger de sa situation financière (solvabilité),
  • d'estimer ses perspectives de pérennité.

Les comptes de résultats et leurs évolutions

  • Le Chiffre d'Affaires

Le diagnostic de l'activité a permis de comprendre d'où venait le chiffre d'affaires, sa saisonnalité à l'intérieur d'une année et sa ventilation année après année par client, produit, zone géographique, etc.

Il convient d'estimer son évolution :
- croissance ou décroissance sur la période,
- variabilité d'une année sur l'autre, que le repreneur devra pouvoir expliquer : c'est tel client qui a été perdu, ou au contraire tel gros marché gagné cette année-là, ou encore l'abandon de telle ligne de produit dont la succession a pris un peu de temps,
- la comparaison avec le secteur d'activité ou le panier moyen pour ces produits, sur une zone comparable.

Le repreneur doit se faire une image nette du niveau d'activité typique de l'entreprise et de sa volatilité, c'est à dire de l'étendue des variations possibles du niveau de l'activité de l'entreprise d'une année sur l'autre.

Regarder le chiffre d'affaires en euros ne suffit pas, il faut aussi exprimer l'activité de l'entreprise dans l'unité de production adaptée : nombre de maison livrées, nombre de pièces produites, de vêtements traités, etc.
  • Les postes de charges

Une fois bien connu le niveau d'activité de l'entreprise, exprimé à la fois en euros et en unités de production, il est intéressant de déterminer les moyens qui ont été mobilisés : c'est l'objectif de l'analyse des charges.

Les comptes de l'entreprise classent les charges selon leur nature :
- matières premières et pièces détachées,
- charges externes (électricité, loyers, etc),
- impôts et taxes (hors impôt sur les sociétés),
- salaires et charges sociales,
- amortissements et provisions,
- frais financiers.

Comment évoluent les charges en parallèle du chiffre d'affaires ?
Certaines sont plus ou moins proportionnelles (achats), sauf évolution majeure des produits, d'autres sont fixes (loyer par exemple).

Le repreneur doit s'attacher à comprendre pourquoi et comment elles varient. Il en déduira des faiblesses éventuelles :
- baisse de productivité (les coûts augmentent, mais pas le chiffre d'affaires ni le nombre d'unités produites),
- érosion de la compétitivité (les volumes produits sont constants, mais les prix baissent plus vite que les charges),
- perte d'un produit phare ou d'un client important (la marge moyenne diminue),
- bradage des produits (baisse volontaire des prix non compensée par une augmentation de volume suffisante),
- etc.

Liens avec le bilan de l'entreprise : le bilan, clôturé en fin d'année, peut ne comporter que peu de dettes bancaires à court terme, alors que l'entreprise y recourt fortement en cours d'année (cas d'une activité extrêmement saisonnière, par exemple).
Le poste "frais financiers" permettra au repreneur d'estimer le niveau moyen de dettes bancaires que porte l'entreprise au cours de l'année. En tout état de cause, ces charges financières ne devraient pas représenter plus de 5 % du chiffre d'affaires.

Les bilans et leurs évolutions

Dans le cadre de la reprise d'une entreprise, l'analyse de son bilan et de son évolution dans le temps se concentre sur deux points :

  • Les menaces futures sur la trésorerie, qui pourraient empêcher le remboursement de l'emprunt contracté pour acquérir l'entreprise, telles que :

- l'évolution future du besoin en fonds de roulement (BFR)
- les besoins futurs en investissements,
- les échéances de remboursement de la dette financière.

  • Les erreurs d'appréciation sur la valeur d'aujourd'hui de l'entreprise, qui pourrait conduire à en surévaluer le prix, à travers :

- les stocks,
- les créances clients,
- les dettes et leur exhaustivité.

 

  • L'évolution du BFR

L'évolution future de la société dépend bien sûr du repreneur. S'il prévoit de développer l'activité par l'adjonction d'un nouveau produit, le BFR augmentera de son fait.

Cependant ce BFR peut aussi évoluer indépendamment de lui. Si, quelque temps avant la cession, le cédant a allongé le délai de règlement de ses fournisseurs et fait un effort de collecte sur ses créances clients pour améliorer la trésorerie de l'entreprise, le BFR risque de repartir à la hausse rapidement après la cession.

Il est donc important de bien comprendre comment se forme le BFR de l'entreprise et d'analyser son évolution à l'intérieur d'une année (évaluation de sa saisonnalité) et d'une année sur l'autre. Cette évaluation devra se faire en euros et en jours de chiffre d'affaires pour tenir compte du niveau d'activité, voire en unités produites : nombre de vêtements traités, nombre de chantiers réalisés, etc.

Exemple de calcul du BFR en jours de chiffre d'affaires :
- chiffre d'affaires (compte de résultat) = 100
- poste client (bilan) = 20
- d'où poste client = 365 jrs x (20/100) = 73 jours de chiffre d'affaires

  • Les besoins futurs en investissements

L'analyse de l'actif immobilisé de l'entreprise et de son évolution sur plusieurs années permet de reboucler avec les informations données par le cédant sur le rythme de ses investissements et leur niveau.
Si l'actif immobilisé net (actif immobilisé brut moins les amortissements cumulés) décroit depuis quelque temps, cela révèle peut-être une stratégie du cédant de réduire ses investissements pour préserver la trésorerie de l'entreprise.
Dans ce cas il faudra peut-être que le repreneur rattrape ce retard, c'est à dire qu'il trouve de l'argent pour financer ces investissements tout en restant capable de faire face aux remboursements de ses emprunts.

  • Les échéances de remboursement de la dette financière

La dette financière recouvre toutes les dettes qui ne sont pas liés à l'exploitation courante, telles que les fournisseurs, les dettes fiscales et sociales appréhendées. On y trouve :
- les dettes bancaires (emprunts, découverts, etc.),
- ainsi que les comptes-courants d'associés dans le cas d'une société.

Les comptes-courants d'associés sont en général rachetés pour leur valeur comptables par le repreneur (voir ce point dans Evaluer l'entreprise).
Pour bâtir le plan de reprise financier (Business plan), il est nécessaire de tenir compte des échéances des autres dettes financières.

  • L'évaluation des stocks, des créances clients et des dettes

L'évaluation des stocks et des créances clients est évidemment importante pour évaluer correctement le prix de l'entreprise. Si une partie du stock n'est plus vendable ou utilisable en production, sa valeur est diminuée d'autant. Il en est de même si une créance clients est douteuse. La garantie d'actif et de passif est en principe faite pour couvrir ce risque, s'il reste d'un niveau raisonnable.

 Attention toutefois à l'impact sur le chiffre d'affaires et sur la marge brute de ces postes :
- Si le poste client contient beaucoup plus de créances douteuses que les années passées, c'est peut-être le signe que le cédant a pu être tenté de vendre "à n'importe qui" pour faire gonfler le chiffre d'affaires ou masquer une baisse de celui-ci...
- Si le niveau de stock est régulièrement mal évalué, quelle confiance peut avoir le repreneur dans le niveau de la marge brute et donc dans la rentabilité de l'entreprise ?

Pour les dettes, le principal souci tient à leur exhaustivité : ont-elles toutes été bien enregistrées dans les comptes de l'entreprise ?

Evolution et comparaison par les ratios

Les ratios sont parfois plus significatifs que les montants en valeur absolue, notamment lorsqu'il s'agit de rendre compte d'une tendance. Le repreneur doit comprendre leur valeur et ce qui a causé leur évolution au cours du temps.

Il est intéressant aussi de positionner l'entreprise-cible par rapport à son secteur d'activité en comparant ses ratios avec les performances moyennes de la profession. Ils doivent être utilisés en complément des autres aspects du diagnostic car leur utilisation connaît certaines limites.

Les ratios par branches professionnelles sont disponibles auprès de la Fédération des centres de gestion agréés ou auprès de la Banque de France, grâce aux données issues de la Centrale des bilans fournies sous forme de plaquettes sectorielles.

En conclusion

Le repreneur ne doit jamais oublier que tout finit par se retrouver dans les comptes de l'entreprise et que même leur stabilité apparente peut recouvrir des évolutions importantes. Charge à lui de les comprendre, au même titre que l'activité de l'entreprise, l'inventaire de ses moyens de production ou encore son organisation commerciale. Il pourra d'ailleurs les utiliser pour affiner sa compréhension des autres dimensions de l'entreprise et de sa dynamique.

L'étude de la situation patrimoniale de l'entreprise et de son évolution, l'analyse de la performance économique, la confrontation des indicateurs avec ceux des autres entreprises du secteur, doivent amener le repreneur à prendre position sur l'état de santé financière de l'entreprise, sur ses perspectives dans le cadre d'une reprise et sur les contraintes susceptibles de peser sur le remboursement futur d'un emprunt d'acquisition.

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