Pouvez-vous nous présenter 100 jours pour entreprendre ?
Ce mouvement s'organise en 3 étapes. La première consiste à encourager et à valoriser les jeunes. Les messages que nous voulons leur faire passer sont "Soyez fier d'entreprendre!", "Lancez-vous, on vous soutient". L'année dernière, nous avons engagé une grande opération média dont le slogan était : "Foncez, on vous admire".45 millions de personnes ont été exposées à notre message. La deuxième étape consiste à fédérer et rassembler les jeunes, notamment par l'intermédiaire des réseaux sociaux. La dernière concerne l'accompagnement. Elle se matérialise par le concours de création "100 jours pour entreprendre". Une mécanique d'accompagnement est mise en place avec un suivi des lauréats mais aussi des jeunes qui ont pu concourir et qui se disent "ce n'est pas pour moi cette année mais pourquoi pas l'année prochaine !".
Comment est née cette opération ?
L'opération 100 jours pour entreprendre a été lancée par le club Esprit d'entreprises, fondé en 2003 par Diaa Elyacoubi et moi-même. Pendant la campagne présidentielle de l'année dernière, nous avons réfléchi à des actions à mener pendant cette période de grand bruit médiatique. Nous sommes partis du constat que beaucoup de jeunes ne trouvent pas d'emploi et que ceux qui ont envie de se lancer n'osent pas toujours le faire. Même s'il existe des initiatives sur le territoire, nous avons constaté qu'elles ne sont pas d'envergure et pas toujours connues des jeunes. Enfin, la jeunesse a besoin d'être portée par un mouvement, un idéal, un élan. Il faut que cet élan associé à la création d'entreprise soit perçu comme positif. Et ceux qui souhaitent se lancer doivent trouver un regard favorable de leurs pairs, de leur famille et de leurs proches. De ces petites actions sur le terrain et cette réflexion est née l'opération "100 jours pour entreprendre".
Pouvez-vous nous nous en dire plus sur ce club Esprit d'entreprise ?
Ce club est composé de chefs d'entreprises qui ont entre 10 et 1 000 salariés et qui sont actionnaires de leur entreprise, critère d'entrée du club. Sa vocation première est de se réunir autour de valeurs de l'entreprise et de faire évoluer des réflexions en s'inspirant d'exemples de grands entrepreneurs. Sa première réunion s'est par exemple déroulée en présence de feu François Dalle, numéro 2 de l'Oréal, à l'origine de la transformation de cette dernière, qui nous a montré que certains grands groupes ont les mêmes problématiques que les PME et inversement.
Quelles sont les actions menées par ce club ?
Nous menons des actions de lobbying pour améliorer les conditions d'activité des PME. Nous avions, par exemple, interpellé en 2008 le président Nicolas Sarkozy sur les difficultés qu'avaient les PME à se financer au moment du déclenchement de la crise financière. Nous lui avions alors demandé d'accroître le rôle de l'Etat pour soutenir les entreprises qui souhaitent obtenir des prêts. A la suite de nos rendez-vous avec le cabinet du président, un système d'obligations a été mis en place par la Caisse des dépôts et Oseo. Des prêts sont aujourd'hui plus facilement accordés aux entreprises avec ce système, permettant ainsi de financer les entreprises à plus ou moins court terme et aussi de donner une garantie auprès des banques. Mais le club mène également des actions de terrain. Nous avons, par exemple, été à l'initiative de l'opération de tutorat menée par l'incubateur de l'Essec. Nous intervenons dans les lycées en participant à des opérations comme celles de 100 000 entrepreneurs. Nous faisons le lien avec les rectorats. Et aujourd'hui nous lançons 100 jours pour entreprendre !
En quoi consiste ce prix ?
Les concours qui existent et qui sont très proches du nôtre, comme par exemple le prix "Moovjee Innovons ensemble" concernent généralement des projets déjà lancés. Le concours "100 jours pour entreprendre" s'adresse aux 18-25 ans. Il se situe dans la phase de lancement du projet et se veut être un déclencheur, à travers une aide au lancement de projets en maturation. Les 10 lauréats du concours recevront une box permettant d'être accompagnés et plus encore… Leur seront offerts : un chèque d'un montant de 2 500 euros pour l'ouverture d'un compte en banque, un contrat d'assurance et notamment une assurance pour le dirigeant, un smartphone avec 2 ans d'abonnement, des cartes de visite, des chèques "conseil juridique" et "expertise comptable", un tuteur chef d'entreprise, et un accès au mentorat proposé par le Moovjee. Les autres candidats ne seront pas en reste puisqu'ils profiteront de services proposés en direct par nos partenaires entreprises. En effet, les partenaires du concours relaient en interne l'opération afin que leurs salariés fournissent un soutien direct aux jeunes. Par exemple, la BNP a informé l'ensemble de ses salariés de l'opération. Ainsi, dans chaque agence partout en France, le jeune a un contact privilégié avec le réseau bancaire. Autre exemple, les jeunes qui le souhaitent pourront plus facilement faire référencer leurs produits chez notre partenaire Carrefour, etc.
Quels sont vos projets, perspectives d'évolution, les messages que vous souhaitez porter ?
Notre souhait est de voir les 10 lauréats de notre concours se lancer, se développer et pérenniser leur entreprise grâce à notre accompagnement et faire qu'ils deviennent des exemples de réussite. Au-delà, susciter et accompagner la mise en place du réseau (social) qui soutiendra et partagera initiatives et compétences. Nous nous sommes rendus compte qu'il existait au Québec une opération quasiment identique à la nôtre. Nous y avons retrouvé les mêmes hypothèses de base, les mêmes types de plan d'actions, à la différence qu'il y a eu un grand soutien du secteur public et de l'administration. Pour notre part, la première année de lancement de l'opération, nous nous sommes débrouillés seuls avec nos partenaires entreprises. Nous sommes une initiative privée financée par les entreprises, mais il existe énormément d'autres initiatives de qualité sur le territoire qui vont dans le même sens. Nous aimerions que le public et le privé puissent travailler main dans la main pour sensibiliser, informer et accompagner les jeunes à l'entrepreneuriat. Enfin, nous avons constaté que les peu ou pas diplômés ne savent pas toujours ce qu'est une entreprise, un chiffre d'affaires, un résultat, un client, une embauche. Ils voient l'entreprise "côté salariat" mais certainement pas en tant que créateur et chef d'entreprise. L'idéal serait d'amener l'enseignement secondaire et supérieur à intégrer cela dans les cursus de formation afin de permettre à chaque jeune qui souhaite se lancer, de le faire dans de bonnes conditions en disposant d'une boîte à outils avec les fondamentaux. Ce n'est pas encore le cas.
Les 10 lauréats du concours 2013 | |