Quand les doctorants créent leur entreprise en 24 heures !

Pouvez-vous nous présenter votre équipe ?

Equipe n°1 : L'équipe était constituée de 6 personnes. Les organisateurs nous avaient mis ensemble car nous étions l'équipe  "environnement - agronomie". Nous étions deux agronomes, deux juristes en droit de l'environnement et deux microbiologistes. Pour tous les 6, c'était la première fois que nous participions à ce type d'événement. Au début du concours, nous ne nous connaissions pas et c'est vrai que nous n'avons eu que très peu de temps pour discuter ! C'est pourquoi la première étape du concours a été importante.  A notre arrivée nous avons fait connaissance sous forme de speed dating. L'objectif était d'expliquer quel était notre secteur de recherche et quelle était notre activité. A ce moment-là, on ignorait totalement quelle équipe on aller intégrer. A 13h,  les équipes ont été formées et le concours a démarré. On s'est vite rendu compte que nous partagions les mêmes valeurs et que nous étions complémentaires en termes de compétences.

Equipe 1

Equipe n°2 : Nous étions 6 dans notre équipe. Tous doctorants, avec des spécialités similaires, 4 biologistes spécialisés dans la recherche contre le cancer, un biologiste qui travaille sur les maladies génétiques, et une personne de biomécanique. Les équipes ont été faites par les organisateurs du concours, en fonction des profils des participants. Nous étions ensemble parce que l'on était tous dans le domaine médical. Pour anecdote, on nous appelait les "médecins" même si nous ne le sommes absolument pas ! Le profil des autres équipes était assez varié : agronomes, ingénieurs, sciences humaines etc.

 

Equipe 2

Quel était votre projet ?

Equipe n°1 : Nous voulions créer une "peinture végétalisante". Même si le mot est compliqué, le principe est très simple. Il s'agit de créer une sorte de pâte de peinture que l'on appliquerait sur tous types de surface, et à partir de laquelle des plantes pourraient pousser. Par exemple, si l'on souhaite avoir un mur, ou un pied de table avec des plantes, il suffit d'appliquer cette peinture. A partir de là, des plantes pourraient pousser.

Equipe n°2 : 

Nous avons décidé de proposer un sac de ski, qui permet de porter à la fois les skis et les chaussures. Il évite ainsi de devoir transporter plusieurs sacs très encombrants entre la voiture et la station. Le sac que nous avons imaginé permet également de se transformer en simple sac à dos, utile pour mettre le pique-nique et les chaussures.

Et comment avez-vous eu cette idée ?

Equipe n°1 : Au début les idées fusaient, mais nous avons décidé de nous centrer sur notre champ d'activité et le type de produit que nous souhaitions créer. On aime les plantes et la biologie on a donc cherché quelque chose lié au monde du vivant. On voulait intégrer un concept technologique, mais sans forcément développer un produit informatique. Notre réflexion a abouti à une idée de peinture végétalisante. Equipe n°2 : Nous avons misé sur un produit qui n'avait aucun rapport avec notre spécialité d'étude. Nous avons beaucoup cherché afin de trouver "l'idée du siècle" et de proposer un produit "révolutionnaire" mais en vain ! Nous avions beaucoup d'idées, essentiellement dans le domaine de la santé, avec des projets collaboratifs mais nous nous sommes vite rendu compte qu'elles n'étaient pas vendables. Lorsque nous avons vu que le temps défilait, nous avons décidé de  réfléchir à quelque chose d'utile. Nous nous sommes donc centré sur nos centres d'intérêts. Il y avait dans l'équipe des personnes qui pratiquaient énormément de ski et nous sommes donc parti d'un problème auquel elles avaient déjà été confrontées. On a perçu un besoin, et nous avons essayé d'y répondre. Par ailleurs, nous voulions un produit qui puisse servir à toute la famille. Avec notre sac à dos, les parents ne portent plus obligatoirement les affaires de leur enfant puisqu'ils peuvent les transporter eux-mêmes. C'est plus pratique pour toute la famille.

Comment vous êtes-vous organisés pour construire votre projet ?

Equipe n°1 : Les étapes pour monter le projet sont assez codées finalement, et l'organisation entre nous s'est faite naturellement. On était pressés par le temps et les décisions devaient se prendre très vite, donc chacun a travaillé sur la partie dont il avait le plus de compétences. Les agronomes ont travaillé sur l'aspect technique (comment créer et développer le produit), les microbiologistes se sont chargés de réaliser une étude de marché et les juristes de regrouper de l'information sur les formalités liées à l'innovation. Nous avons travaillé en binômes, et une personne s'est chargée de la gestion de projet au sein du groupe. Elle regroupait de façon cohérente les travaux des différents binôme.  Au début du concours, l'organisation était bien définie mais plus on avançait, plus on avait envie de donner son avis sur tous les sujets...et comme le temps était limité, ça n'a pas toujours été évident. Il faut trouver le juste milieu entre le travail de chaque binôme et les décisions qui en découlent. Donc nous nous sommes réservé des temps d'échanges avec toute l'équipe. Au début nous avions imaginé faire des relais pour pouvoir dormir un peu, mais une fois impliqués dans le projet nous ne l'avons pas fait. Tout le monde a été conciliant,  et ça nous a permis de travailler dans une bonne ambiance. Vers 7 heures du matin, on s'est rendu compte que nous étions en avance et nous avons remarqué que notre idée plaisait. Nous avons donc ralenti le rythme de travail, et c'est là que notre coach nous a remotivés pour que nous ne perdions pas notre dynamisme !Equipe n°2 : Le brainstorming a été un exercice très difficile et nous avons eu énormément de difficultés à nous arrêter sur une idée. Nous avons donc commencé assez tard… Mais finalement nous avons réussi à mener notre projet jusqu'au bout. Nous avons beaucoup travaillé par petits groupes. Chacun d'entre nous a pris une partie du projet, avec laquelle il se sentait le plus à l'aise et nous avons travaillé en binôme. Deux d'entre nous se sont chargé de l'étude de marché, une personne s'est centrée sur  l'organisation de la recherche et du développement technique du produit, d'autres personnes se sont concentrées sur le design, la fabrication et la production du sac et d'autres ont réfléchi au montage financier du projet. Les binômes se sont constitués tout naturellement, et chacun a travaillé sur la thématique qui l'intéressait et dont il avait les compétences nécessaires. Par exemple, la partie design a été réalisée par la personne qui a proposé le produit parce qu'elle savait exactement ce qu'elle voulait.

Aviez-vous eu une formation, ou une méthodologie pour construire le projet ?

Equipe n°1 : En école d'ingénieur agronome, il y a des cours prévus à cet effet. Nous avons des cours de gestion mais pas de cours sur la propriété intellectuelle par exemple. Sur le campus il y a une structure qui accueille des étudiants porteurs de projets et des échanges avec des chercheurs qui ont créé leur entreprise sont régulièrement organisés. C'était une thématique que nous connaissions, de près ou de loin. De plus, comme nous sommes tous en Cifre nous savons ce qu'est une entreprise et comment elle fonctionne. Par contre, nous n'étions pas des gestionnaires. Equipe n°2 : Nous n'avons pas eu de formation au préalable, nous n'étions donc pas des spécialistes en gestion. Cependant, pendant le concours les organisateurs ont mis en place des ateliers méthodologiques pour nous aider. Des coachs étaient également là pour éclaircir nos doutes et nous appuyer dans la construction du projet.

Comment avez-vous eu connaissance de ce concours ?

Equipe n°1 et 2 : l'ANRT nous a informés du concours par e-mail.

Pourquoi avez-vous eu envie de participer à ce concours ?

Equipe n°1 : Dans le groupe certaines personnes l'ont fait car elles souhaitaient être sensibilisées à l'entrepreneuriat, d'autres avaient déjà créé une entreprise et voulaient approfondir leurs connaissances, surtout sur les aspects juridiques et comptables. Certains ont participé pour relever le défi. Le format de la formation était assez attractif, c'était un jeu, un challenge et ça motive !

Equipe n°2 : Nous souhaitions acquérir des notions de base sur la création d'entreprise, et savoir si nous serions capable de mener le projet jusqu'au bout. Par ailleurs, certains membres de l'équipe ont leur propre projet de création, ils voulaient prendre connaissance des démarches à faire et voir s'ils en étaient capables.

Qu'attendiez-vous de ce concours ?

Equipe n°1 : On voulait surtout apprendre des choses et savoir si c'était facile de créer une entreprise. On avait tous des idées préconçues, mais nous n'avions pas la réponse sur la faisabilité de la démarche. Nous voulions connaître les étapes pour transformer une idée en véritable projet d'entreprise. Bien que nous n'ayons pas étudié le projet en détails nous avons tout de même construit une bonne base. Notre bon sens nous a permis d'élaborer un projet  logique et cohérent. Nous avons réalisé qu'en travaillant en équipe, on peut être productifs. A condition d'être organisés !

Equipe n°2 : Nous voulions avoir un peu d'expérience, et aussi des contacts. C'est une manière de se construire un réseau qui pourra par la suite nous servir si nous décidons un jour de créer une entreprise. Des anciens participants au concours se sont lancés et c'est très motivant. Ça donne envie de continuer... donc si l'on peut avoir quelques contacts dans le milieu, c'est un véritable atout !

Que retiendriez-vous de cette expérience ?

Equipe n°1 : Nous retenons tous la bonne entente qu'il y a eu dans le groupe et notre cohésion d'équipe. Avant de commencer le concours, nous savions  que ça allait être angoissant et que la fatigue serait difficile à gérer. On s'était imaginé que les nerfs lâcheraient et que cela aurait des répercussions sur le travail en équipe et nos réactions vis-à-vis des autres. Mais en réalité, pas du tout, tout à très bien fonctionné. A la fin du concours, nous étions très heureux de la manière dont nous avons conduit le projet et surtout de la bonne ambiance dans laquelle nous avons travaillé. On ne se connaissait pas, et nous avons réussi à travailler ensemble et appris sur notre propre fonctionnement au travail.

Equipe n°2 : Il y a eu beaucoup de pression, surtout parce que le délai est très court et que la fatigue est importante. Ce qu'il faut retenir c'est que le concours est avant tout une expérience humaine très enrichissante. On découvre beaucoup de choses sur le comportement des autres et l'on apprend aussi à se connaître soi-même. Par ailleurs, la fatigue fait ressortir énormément de traits de caractère et chacun réagit différemment. Ce n'est donc pas toujours évident à gérer !C'est aussi impressionnant car nous avons été très étonnés d'arriver en finale. De plus, notre idée de produit ne nous paraissait pas être une idée révolutionnaire, contrairement à d'autres projets qui ont été présentés pendant le concours. Nous avons compris que l'essentiel n'était pas d'avoir "l'idée du siècle" ou un produit  "ultra innovant" mais juste de proposer un produit qui puisse répondre à un besoin et construire le projet de manière logique. Cette expérience nous a permis de comprendre que nous sommes capables de le "faire".En résumé, nous avons beaucoup appris sur l'humain et notamment sur la gestion du stress lorsque l'on est fatigué... Nous avons également appris quelques points plus techniques, notamment sur la partie financière.

Cette expérience vous a-t-elle donnée envie d'entreprendre ?  Quels sont vos projets ?

Equipe n°1 : Oui, bien sûr ! Actuellement nous réfléchissons à la façon de mettre en place le projet. Nous souhaitons maintenir une réflexion et tenter d'approfondir certains aspects. Nous échangeons régulièrement des mails pour entretenir une réflexion, analyser les produits qui existent déjà sur le marché et éventuellement commencer les premiers tests de notre produit. C'est un projet dont on a envie de mesurer le potentiel. Nous avons tous des échéances différentes, la première thèse se termine à la fin de l'année 2013, d'autres en 2015. Nous avons des rythmes différents mais il y a une réelle volonté de continuer sur ce projet. La priorité c'est la thèse, mais en parallèle on continue de réfléchir.

Equipe n°2 : L'expérience nous a surtout donné envie de finir la thèse, puisqu'il y a encore beaucoup de travail ! Mais c'est vrai que la création d'entreprise ne parait plus si éloignée qu'auparavant. C'est une voie à envisager à la fin de la thèse. Avant de participer à 24 heures Chrono, nous avions beaucoup d'idées reçues sur la création d'entreprise, notamment sur les montants financiers à investir.  Et lorsque nous en parlions à notre entourage, on était souvent découragés car on nous disait qu'il fallait énormément d'argent, que personne ne pourrait nous aider, etc. Finalement, on se rend compte qu'il ne faut pas obligatoirement avoir une idée incroyable pour réussir et que financièrement il y a énormément de possibilités. Il y a beaucoup d'idées reçues, le concours nous a permis d'en abolir quelques-unes. Cela a été une grande découverte et nous avons changé d'avis. Nous nous rendons compte que ça à l'air tout à fait faisable et ça fait moins peur ! Concernant le projet, il nous a surtout permis de découvrir de nouvelles disciplines et de développer de nouvelles compétences telle que monter un business plan.

Le mot de la fin ? Les mots à retenir ?

Equipe n°1 : Nous avons beaucoup apprécié l'ambiance générale du concours. Nous n'avons pas ressenti de compétition entre les participants. Lorsque l'on se croisait à la pause, on partageait notre expérience, prenait le temps de rencontrer de nouvelles personnes. Le concours nous a permis d'apprendre des choses et de rencontrer des personnes avec le même état d'esprit : c'est un jeu, c'est un défi, mais l'enjeu n'était que très limité. Super heureux d'avoir participer à ce concours ! Et un grand merci à l'équipe organisatrice et à tous les participants !

Equipe n°2 : La joie, le trophée et le repas avec la Ministre !

Propos recueillis en novembre 2013 par Sandra Pires

Décembre 2013