Sonia Josse, fondatrice de Talâme : une entrepreneure qui veut transmettre

Quels ont été les débuts de votre parcours entrepreneurial ?

J’ai un parcours professionnel atypique. À la sortie de mon école de commerce en 2008 - en pleine crise économique –, je ne trouvais pas de travail. J’ai fait des petits boulots pendant 1 an et demi pour survivre, puis j’ai occupé un poste de chef de projet web pour des banques françaises et européennes. Mais cela n’avait pas de sens à mes yeux.

Après quelques années d’expérience, je me suis dit que j’étais enfin armée pour entreprendre. En 2015, j’ai eu l’idée de monter une entreprise de chaussures grandes tailles - moi qui chausse du 42-43. Je me suis faite financée par Crédit Agricole d'Ile-de-France et Initiative Seine Yvelines à hauteur de 130 000 euros sur 3 ans. De là est née Aynos. D’abord orientée vers l'e-commerce, l’entreprise a changé de business model pour la distribution puis le sur-mesure. Depuis 2 ans, c’est un atelier de design qui travaille avec une quinzaine de petites marques qui veulent se lancer.

Parlez-nous de la création de Talâme

Talâme, c’est l’association du "mont Tal", le volcan philippin, et "Palam" qui signifie "pont" en hindi. C’est une histoire d’amour, c’est mon bébé. J’adore entreprendre, c’est formidable ! Mais ça n’est pas si simple d’être bien accompagné. Lorsqu'on veut créer une entreprise aujourd’hui, on n’a pas toujours accès à des entrepreneurs, et on fait face à la solitude de l’entrepreneur. Avec Aynos, j’ai appris à entreprendre, à gérer des choses que je ne connaissais pas (la clientèle, la concurrence qui évolue très vite, maintenir la confiance…). Je me suis dit que si j’en sortais vivante, il fallait que je transmette ces compétences.  

Qu’est-ce que fait concrètement l’entreprise ?  

Nous accompagnons des créateurs d’entreprise et des dirigeants de TPE/PME sur tous types de projets sans exclusion, de l’idée jusqu’au moment où ils se sentent prêts à se lancer et ce jusqu’à temps que l’entreprise soit solide.  

Il faut être très long-termiste dans l’accompagnement et proposer un programme complet. Nous créons des ponts, des passerelles de compétences : les entrepreneurs ne sont jamais seuls et peuvent parler à d’autres entrepreneurs.

Talâme a une dimension sociale ? 

Oui, je travaille à favoriser l’entrepreneuriat comme voie d’insertion professionnelle auprès de personnes éloignées de l’entreprise (personnes sans emploi, femmes victimes de violences conjugales, jeunes issus de zones prioritaires…) et à développer des programmes sociaux et solidaires. Je travaille avec beaucoup d’acteurs de l’entrepreneuriat social. 

Et comment voyez-vous la suite de l’aventure ? 

J’aimerais avancer sur la mise en réseau et poursuivre le mentorat dans des écoles, des centres de décrochages scolaires.... Cela peut générer des vocations, de l’espoir. L’idée est d’entretenir l’étincelle qu’on a dans les yeux de ceux qui entreprennent. Il faut que les gens continuent d’être heureux. Moi je suis une entrepreneuse heureuse !  

Janvier 2021