Une vie nouvelle à la campagne doit être un choix mûrement réfléchi !

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Vous recevez régulièrement des citadins qui ont des projets d'installation à la campagne. A quel stade se situe votre action ?

Notre action se situe au stade que l'on appelle "amorçage du projet", c'est à dire en phase très amont, bien avant l'immatriculation. On s'adresse avant tout à des personnes qui ont l'envie d'entreprendre, de créer une activité, qui ont un projet (à la fois de vie et professionnel). Elles ont souvent une expérience professionnelle ou une compétence particulière susceptible d'être valorisée, ou encore une passion pouvant déboucher sur un projet.

Quel type de soutien leur apportez-vous ?

Nous attachons une importance particulière à la personne tout autant - si ce n'est plus encore - qu'au projet. Suite à la décision d'un changement "de vie", d'une rupture avec le milieu d'origine, il s'agit d'appréhender tous les aspects logistiques et familiaux liés au contexte nouveau que ce changement entraîne. Nous n'avons pas d'a priori sur la faisabilité des projets au démarrage. C'est le cursus d'accompagnement individuel ou à travers les formations que nous proposons qui vont révéler ou non chez la personne les capacités à entreprendre et à aller au bout de son projet. Notre approche touche à une méthodologie de projet appliquée qui débouche sur un plan d'action. Dans un second temps, nous abordons les incontournables paramètres relatifs à toute création d'entreprise (aspects liés au juridique, financements, gestion, communication, marché...). Nous possédons également un centre de ressources "pour vivre et créer à la campagne", dénommé PIVERT, utile pour creuser une question en rapport avec l'activité choisie.

Pouvez-vous nous donner des exemples de projets que vous avez récemment accompagnés ?

Nous touchons des personnes souhaitant agir seules mais aussi collectivement, donc davantage en phase avec une économie solidaire. Récemment et sur un registre très différents, nous avons soutenu une personne musicienne spécialisée dans la musique ancienne (renaissance, baroque...). Installée en tant qu'indépendante, elle se produit dans des manifestations privées et publiques et donne des conférences sur les musiques anciennes en région Basse-Normandie. Nous avons également récemment accompagné un groupe de jeunes urbains issus de l'agglomération rouennaise qui se sont installés sur une petite commune de la Suisse normande sur une production en maraîchage biologique, en biodynamie.

Les gens que vous suivez ne sont jamais déçus par leur nouvelle vie ?

Nous devons les aider et les prévenir de possibles aléas. Une vie nouvelle à la campagne doit être un choix mûrement réfléchi. Par exemple, il ne s'agit pas de fuir la vie parisienne uniquement à cause du stress qu'elle engendre. Le choix du lieu a son importance, les réseaux d'amitié, professionnels, voir de voisinage sont à tisser. Les personnes intègrent une nouvelle communauté. Les effets de crises économiques à répétition ne permettent plus d'envisager un atterrissage à la campagne sans préparation. Même pourvu de nombreux bagages intellectuels et d'un bon niveau de qualification, il faut prendre le temps suffisant pour rebondir professionnellement.

Quelles sont les principales difficultés qu'ils rencontrent ?

La principale difficulté repose sur une méconnaissance, voir une ignorance du tissu rural en général et du territoire sur lequel ils sont amenés à s'installer. Bien avant d'étudier les notions liées au marché, il s'agit avant tout d'appréhender ce qu'est le territoire : ses atouts mais aussi ses faiblesses, les réseaux et personnes ressources qui pourraient les aider, les associations qui pourraient être approchées... au final, une analyse systémique du contexte dans lequel le projet pourrait exister.

Combien de temps dure votre accompagnement en moyenne?

Il peut s'échelonner sur plusieurs mois, une année à 18 mois dans certains cas. Nous attachons une importance fondamentale dans la formalisation du projet. Il faut donc du temps lorsqu'on part de quasi zéro. Ensuite, nous passons parfois le relais à d'autres organismes spécialisés. Au regard des publics touchés, il s'agit de décloisonner et d'activer de nouveaux réseaux susceptibles d'apporter d'autres compétences.

Avez-vous des conseils à donner aux porteurs de projets ruraux ?

1) Ne jamais agir seul et savoir s'entourer. 2) Sortir des idées et des représentations toutes faites concernant une implantation à la campagne. 3) Savoir se remettre en question (soi-même et son projet). "Une idée peut évoluer – un projet aussi !"

Propos recueillis en octobre 2012 par l'APCE

Pour en savoir plus sur la création ou la reprise d'une entreprise à la campagne, consulter le dossier spécial de l'APCE.

Novembre 2012