Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Marguerite : Nous nous sommes rencontrés dans le cadre de la formation PluriTAL, cohabilitée par l'université Paris 10, Paris 3 et Inalco. Cette formation a pour but de réunir des profils de formation différents comme celui de Gaël, plutôt technique, et d'autres, comme le mien, linguistique et analyste. Gaël : Lors de conférences scientifiques communes, nous avons échangé nos idées. Personnellement, je n'étais pas satisfait des orientations stratégiques et scientifiques fixées par mon entreprise et je souhaitais trouver des solutions pour les améliorer. Nous avions les mêmes ambitions et objectifs de création d'entreprise à l'issue de notre cursus. Marguerite : Nous n'avions pas réalisé de projet commun pendant notre thèse, nous avions juste les mêmes constats sur l'état du marché et de notre industrie. Gaël : Nous nous sommes dit que nous avions assez de contenus pour créer notre entreprise et proposer une offre de services différente.
Qu'est-ce qui vous a donné l'envie d'entreprendre ?
Gaël : Je voulais au départ faire de la recherche pure, mais je me suis rendu compte que les laboratoires de recherche disposaient de peu de moyens techniques et financiers et que les projets ne sont pas toujours opérationnels. Côté entreprise, nous avons des méthodologies et des compétences à faire valoir, mais personnellement je ne me suis pas senti écouté lors de mon expérience en entreprise. Après réflexion, je me suis dit que si je continuais dans ce domaine et que je voulais faire ce que j'aime, il valait mieux le faire à ma façon d'où l'idée de créer ma propre entreprise. Comme nous avons tous les deux un tempérament dynamique et n'aimons pas être passifs, c'était ce qu'il nous fallait. Marguerite : Nous avons pris des chemins différents et pourtant nous sommes arrivés à des conclusions analogues. A la différence de Gaël, je ne suis pas passée par une entreprise industrielle. J'ai réalisé mon début de Cifre dans des cabinets Relations Publiques, de conseil et des cabinets d'études. Ces milieux ont été des beaux terrains d'application pour apporter de nouvelles méthodes et ils m'ont permis de m'intéresser à de nouveaux sujets d'études académiques. J'ai pu apporter de nouvelles méthodologies de travail, cependant il y a des habitudes de travail ancrées difficiles à faire évoluer. D'autre part, les tâches quotidiennes ne sont pas toujours réalisées avec rigueur et ne respectent pas forcément les différentes étapes d'un processus. A ce moment, je me suis rendue compte de la différence entre le monde de l'entreprise et le monde académique dont je suis issue. J'ai également ressenti un décalage culturel. Gaël : Pour revenir sur notre envie d'entreprendre, nous aimons tous les deux être impliqués dans des projets, être acteur et guide sur des innovations technologiques et méthodologiques. L'environnement dans lequel on évoluait ne nous le permettait pas et c'était frustrant.
Avez-vous été sensibilisés à l'entrepreneuriat durant vos études ?
Marguerite : Nous n'avons pas été sensibilisés à l'entrepreneuriat lors de notre cursus ni même en entreprise. La création d'entreprise nous est venue par l'observation de notre milieu. Nous avons participé aux "24h Chrono pour les doctorants Cifre" organisés par Novancia et l'ANRT (Association Nationale de la Recherche et de la Technologie). Nous avions reçu une invitation de l'ANRT et nous nous sommes inscrits sans nous concerter. Nous y avons participé non pas pour nous sensibiliser mais pour développer nos compétences entrepreneuriales.
Qu'est-ce que Xiko ? Que proposez-vous ?
Gaël : Xiko propose une technique de sondage "nouvelle génération" utilisable sur les réseaux sociaux et sur internet. Les sondages classiques consistent à transmettre un questionnaire, les personnes y répondent, puis on analyse les résultats et en découlent des statistiques. Nous, nous proposons une approche différente que j'appellerai sondage "2.0". On va lire ce que disent les personnes sur les réseaux sociaux et sur internet sans a priori puis on analyse ces échanges. Comme les gens s'expriment en langage naturel, il nous faut un support technique pour analyser de manière pertinente. Marguerite : Cela nous permet de fournir des analyses ciblées sur des problématiques telles que définition du produit, ciblage consommateur, stratégie de positionnement, de marque, stratégie éditoriale, etc. Nous réalisons des études de perception de produit, des analyses concurrentielles également.
Quel est votre spécificité ?
Marguerite : Nous sommes spécialisés dans l'analyse des conversations spontanées pour lesquelles il n'y a pas de cadre prédéfini et sur lesquelles nous pouvons nous appuyer pour analyser le contexte. Nous pouvons concilier à la fois une rigueur académique à un aspect opérationnel du fait de notre cursus. Nous pouvons répondre à des demandes dans des délais courts et intégrer des problématiques d'optimisation de coûts, etc. C'est ce mariage culturel entre notre formation académique et notre expérience en entreprise qui nous distingue aujourd'hui. Gaël : Nous proposons de suivre et d'analyser des conversations sur internet et les réseaux sociaux. Cela peut se décliner ensuite en de la veille pharmaceutique, de l'analyse de produit, de l'analyse des opinions politiques, du marketing, etc. Marguerite : Nous ne sommes pas un institut de sondage, nous sommes complémentaires à ces derniers. Nous analysons des conversations spontanées non prédéfini et faisons de la découverte de savoirs. Cela permet de mieux déterminer les items d'une enquête qualitative par exemple. Cela peut également servir à mieux orienter son plan de communication pour mieux toucher sa cible. Les plates-formes de e-reputation, car c'est bien de cela dont on parle, sont des plates-formes pré-codées faisant de l'analyse automatique. Notre valeur ajoutée réside dans l'analyse des néologismes, par exemple une autre façon de dire que "c'est bien" est "c'est swagg". Cela permet d'identifier des communautés, des modes, des habitudes, etc. Nous travaillons sur tous les types de conversations numériques, tant écrites qu'orales, par le biais de sms, mails, blog, twitter, etc. Notre socle de connaissances linguistiques et nos méthodologies nouvelles permettent d'accélérer le nombre d'analyses qualitatives de ces conversations, et ainsi de prendre le pas sur la configuration de la machine. Nous sommes capables de sortir des statistiques sur des millions de messages.
Quels sont vos clients ?
Marguerite : Nous touchons différents types de profils de clients. Actuellement, nous travaillons avec un institut de sondage, une agence de relations publiques et communication globale, un annonceur et un cabinet d'analyse de données financières. Notre marché est avant tout national même si actuellement nous travaillons pour un client étranger. Si nous avons un avantage concurrentiel, nous souhaitons "évangéliser" notre pays, car la France a 3 à 5 ans de retard dans la compréhension, l'intérêt stratégique et surtout l'adaptation culturelle de tous ces processus métiers qui consistent à mieux écouter et cerner les consommateurs et les clients.
Avez-vous rencontré des difficultés dans le montage de votre projet ?
Gaël : Nous sommes tellement attachés à notre projet, que nous avons toujours été réticents à l'idée de nous faire accompagner ou à faire entrer des investisseurs dans notre aventure. Nous avons recherché l'information seuls surtout dans le domaine juridique. Aujourd'hui, nous recherchons des financements publics type Oseo, scientipole, etc. Nous avons trouvé les informations sur le public éligible, les documents à fournir, les montants maximums proposés, etc. Mais nous avons du mal à appréhender le processus de financement de ces structures : quelles sont les étapes à franchir et les critères de sélection des projets ? Existe-t-il un budget d'investissement global pour un nombre d'entreprises prédéfini dans telle ou telle région? Nous nous posons actuellement un grand nombre de questions et ne trouvons pas facilement les réponses. Et en même temps, c'est le serpent qui se mord la queue car nous devons faire des recherches de financement pour développer notre projet mais nous n'avons pas le temps de faire ces démarches. Marguerite : L'information trouvée est très générique. Nous cherchons des financements pour nos investissements en R&D et les informations doivent être précises. Gaël : Notre problème est que nous souhaitons être bien informés avant de nous lancer. Cela est dû à notre formation académique. Nous avons toujours eu du mal à nous baser sur du "prévisionnel".
Marguerite : Nous sommes aujourd'hui rassurés sur les aspects clients, concurrence et viabilité économique de notre projet. Nous recherchons donc maintenant des appuis financiers et un accompagnement.