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La reprise d'une entreprise en difficulté est souvent perçue comme une reprise "pas chère" (reprise pour 1 euro symbolique). Il n'en est pourtant rien car les fonds à mobiliser doivent comprendre le prix d'acquisition de l'entreprise, mais aussi et surtout les investissements, les frais et le BFR indispensables à sa remise sur rails.
Si vous êtes tenté par ce type de reprise, ne vous lancez pas à la légère et sans accompagnement ! Voici quelques éléments de compréhension qui seront utiles à votre réflexion.
Reprendre une entreprise en difficulté est une opération par nature risquée et difficilement finançable
Vous ne bénéficierez pas des garanties prévues dans le cadre d'opérations classiques de reprise d'entreprise et ne pourrez effectuer un recours contre le cédant. Il faut en être conscient.
C'est pourquoi il est important de vous faire assister par un ou plusieurs conseils expérimentés (expert-comptable, avocat, notaire, conseil spécialisé, etc.). Leur connaissance du sujet et notamment de la procédure vous permettra :
- de vous concentrer sur la dimension économique de votre démarche, afin d'éviter de vous engager trop tôt ou sur un périmètre trop large,
- de prendre la véritable mesure du risque lié à l'opération de reprise,
- d'éviter les pièges de ce type de reprise d'entreprise,
- d'anticiper la pratique du tribunal.
Sachez par ailleurs qu’il y a peu d'aides directes pour financer ce type de reprise d'entreprise et il est parfois impossible de mobiliser de nouveaux crédits financiers. Toutefois, des plateformes locales permettent, sous certaines conditions, de financer certains projets. Renseignez-vous auprès de votre chambre de commerce et d'industrie ou de votre chambre de métiers et de l'artisanat.
Vous risquez de devoir travailler dans des conditions extrêmement tendues, définies par l'administrateur judiciaire
Vous ne disposerez que de peu de temps entre le moment où vous serez informé de l'entreprise à reprendre et celui où vous déposerez une offre. Le fait d'être informé en amont sur les difficultés de l'entreprise ou d'avoir un accès privilégié à l'information (ancien dirigeant, salarié, administrateur, etc.) permet de gagner en efficacité.
Pour obtenir le calendrier des audiences et des jugements : rendez-vous sur le calendrier des audiences d'Infogreffe.
L'accès à l'information est délicat
L'administrateur judiciaire vous adressera un dossier comprenant un certain nombre de pièces : les 3 derniers bilans, la dernière situation comptable, les contrats en cours, la liste du personnel avec les postes et le niveau de rémunération, un inventaire, une note sur l'activité, sur les produits, le bilan environnemental établi si l'entreprise exploite une installation classée, etc.
Mais ce n'est souvent pas suffisant pour savoir si l'entreprise peut être redressée. Vous allez devoir procéder à une analyse objective de la situation de l'entreprise, en vous efforçant de bien comprendre l'origine de ses difficultés. Pour cela, vous devrez étudiez le dossier de reprise avec vos conseils, vous rendre sur place pour rencontrer le dirigeant et vous rapprocher de personnes connaissant bien l'entreprise, comme son expert-comptable par exemple.
Demandez-vous pourquoi d'autres candidats, a priori plus légitimes que vous ou mieux renseignés, ne s'intéressent pas à l'entreprise (salariés, concurrents, fournisseurs, clients, distributeurs, etc.).
Les méthodes d'évaluation classiques sont d'application difficile
La première chose que vous devrez faire est donc de déterminer le périmètre de votre offre (ce que vous voulez reprendre) puis de mettre en regard une valeur économique, ce qui requiert une réelle expertise "métier" plus que financière.
Vous allez ainsi être amené à valoriser un carnet de commandes, des machines, des locaux, des logiciels, marques ou brevets, des contrats, une organisation, etc.
C’est un travail complexe à réaliser.
C’est une opération qui peut prendre beaucoup de temps… et ne pas aboutir au final !
Pour des raisons de procédure, l'offre de reprise par un repreneur extérieur est prise en compte tardivement, parfois plus d'un an après l'ouverture de la procédure, à un moment où les difficultés de l'entreprise peuvent être devenues insurmontables : démotivation des salariés, perte de confiance durable des clients et/ou des fournisseurs, éviction de marchés indispensables, etc.
Vous allez devoir déposer une offre de reprise publique qui devra être préparée avec une grande attention car elle déterminera vos engagements : périmètre de reprise, prix de cession et modalités de paiement, conditions à la reprise, période d'indisponibilité des actifs de l'entreprise, etc.
Votre offre sera examinée avec attention par le Tribunal, qui vérifiera son sérieux et pourra vous demander de l’améliorer sur certains points, par exemple sur le montant du prix ou sur les droits des salariés nés antérieurement à la reprise (congés payés, heures de récupération, etc.).
C'est sur la base des différents dossiers présentés que le Tribunal statuera sur la cession des actifs de l'entreprise, selon les critères imposés par la loi. Son but est d'assurer dans les meilleures conditions et avec les meilleures garanties d'exécution le maintien durable de l'emploi attaché à l'activité et l'apurement du passif.
Pour en savoir plus : regardez en replay la masterclass « Reprendre une entreprise en difficulté »
Revivez le live de notre masterclass "Reprendre une entreprise en difficulté", ayant eu lieu à notre événement Big 2020 et animée par Michel Pastural, directeur général du cabinet d'expertise comptable ACOFI, et Maxime Langet, administrateur judiciaire, du cabinet B&L et associés qui a pour objectifs de répondre aux questions suivantes :
- Comment identifier et diagnostiquer la bonne cible ?
- Quels sont les écueils, les leviers, les étapes clés et les acteurs ?
- Le replay : " Reprendre une entreprise en difficulté : un bon plan ? "
- Téléchargez le support de présentation (maj 01/10/2020)
Comment faire pour identifier des entreprises ou actifs à reprendre ?
Vous trouverez des annonces sur les sites suivants :
- Conseil national des administrateurs judiciaires et des mandataires judiciaires
- Association syndicale professionnelle d'administrateurs judiciaires
- Enchères publiques
- Infogreffe