Ingrid Menet : redonne vie aux skis Dynamic

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Comment vous est venue cette idée un peu folle de reprendre cette entreprise ? 

Après 20 ans dans la grande distribution, j'ai eu envie d'autre chose. Née dans une famille d'entrepreneurs, je nourrissais depuis toujours le rêve d'entreprendre. J'ai besoin de passion pour vivre. En 2014, à l'âge de 44 ans, j'ai donc quitté mon job.  

Après un premier projet avorté, mais aussi une mission au Népal entre humanitaire et alpinisme, ma grande passion, on m'a parlé de la marque de ski Dynamic, que le groupe finlandais Amer Sports souhaitait céder. La production était stoppée et la marque promise à une mort lente... En septembre 2018, je l'ai rachetée ! 
 

Comment définiriez-vous Dynamic ? 

Dynamic est une marque française de légende, créée en 1930 et ayant connu ses heures de gloire aux championnats du monde ou aux JO entre les années 1960 et 1990, notamment grâce à Jean-Claude Killy équipé des mythiques « VR 17 ». L'idée de la faire revivre en m'appuyant sur son passé prestigieux et son image haut de gamme m'a tout de suite plu. Son fondateur Paul Michal était un grand innovateur. J'ai eu envie de perpétuer son esprit. 
 

Quel a été votre plan de bataille une fois le rachat acté ? 

J'ai commencé par faire mes valises, quitter le nord et m'installer dans les Alpes ! Avec un double objectif : créer mon réseau et reconstituer l'histoire de la marque. Quelque temps après, j'ai identifié une manufacture artisanale de skis en Italie, capable de réaliser des produits de grande qualité. Tout au long de ce parcours, je me suis appuyée sur des compétences locales. 
 

Quelle est votre stratégie commerciale ?  

Mon premier challenge était de repositionner la marque sur son segment historique, son ADN : fabrication artisanale, exigence du travail bien fait, authenticité et aussi une forme de sobriété. Il a fallu créer un catalogue avec une gamme courte, soit trois skis de piste : un polyvalent accessible, un géant et un slalom pour les experts. Dynamic est positionnée dans le haut de gamme, autour de 1 000 € la paire.

Aujourd'hui, le plus gros défi est de faire redécouvrir la marque. Par bonheur, beaucoup de responsables de boutique avaient des Dynamic aux pieds quand ils étaient enfants. L'effet nostalgie est puissant. Surtout quand toutes les autres marques de légende françaises se sont retrouvées rachetées par des groupes étrangers... 

Et le Covid-19 est arrivé, le secteur s’est arrêté. Quel a été l'impact pour vous ? 

Toute mon action commerciale a été stoppée du jour au lendemain, alors que j'étais en train de prendre les commandes. Comme mon entreprise était trop jeune, je n'ai eu droit à aucune aide. Je fonctionne heureusement avec un micro-budget et travaille seule, dans mon garage. Etant donné que les magasins de ski ont leurs stocks pleins, le vrai lancement n'aura lieu qu'en 2022 pour moi. Mais je ne baisse pas les bras, il faut savoir être patient !

Mai 2021