Quand Vincent Gérard se lance dans la reprise de Mako, une entreprise de maintenance dans la plomberie, il n’a pas d’expérience dans ce secteur d’activité.
En revanche, sa vocation de chef d’entreprise est solidement ancrée et c’est avec un vrai projet managérial en tête qu’il reprend les rênes de la société en 2017.
Est-ce difficile de reprendre une entreprise dans un secteur d’activité que l’on connaît mal ?
Vincent Gérard : Je pense que tout projet de reprise d’entreprise doit être beaucoup travaillé en amont. Il est important d’avoir une vision, au-delà du secteur d’activité. J’ai fait des études en entrepreneuriat, j’avais déjà repris une entreprise familiale mais cela ne m’avait pas convenu. Je recherchais donc une entreprise positionnée sur un secteur d’activité résilient, comme l’est l’entretien et la maintenance dans le bâtiment. Je me suis tourné vers un avocat d’affaires et vers le CRA pour trouver une entreprise à reprendre. Les relations directes entre vendeurs et acheteurs sont complexes à cause de l’affect, il est très utile de passer par un tiers. De plus, cela permet de bénéficier d’un regard externe sur le dossier, même s’il faut bien se rendre compte que dans les dossiers de reprise, il y a toujours des cadavres dans le placard. Juste avant le rachat de Mako, on m’a fourni le dernier bilan de l’entreprise et il affichait - 30 % par rapport à l’année précédente. J’ai tout de même poursuivi, avec mon modèle d’entreprise libérée en tête.
Qu’est-ce qu’une entreprise libérée ?
Vincent Gérard : Une entreprise libérée de son patron ! C’est une méthode de management qui redonne le pouvoir de décision aux employés, à ceux qui sont sur le terrain. Bien sûr, le chef d’entreprise est présent, c’est lui qui porte la vision, qui tranche, mais nous sommes dans une logique d’échange et de co-construction.
Comment est-ce que cela fonctionne au quotidien ?
Vincent Gérard : Il faut énormément de transparence et de communication. Un collaborateur ne peut prendre de bonnes décisions que s’il a toutes les informations entre les mains : état de la trésorerie, politique RH, objectifs stratégiques, niveaux de salaire…. Nous faisons également une réunion hebdomadaire où chacun peut aborder les sujets qu’il souhaite, ce qui se fait très peu dans le bâtiment. Cela fonctionne plutôt bien puisque notre activité est en croissance et que nous n’avons eu aucun turn over chez nos employés, là encore un fait rare dans notre secteur d’activité.
Avez-vous également cherché du soutien en dehors de l’entreprise ?
Vincent Gérard : Il est essentiel de se former, en amont de la reprise bien sûr, mais aussi tout au long de sa vie de chef d’entreprise. Je fais partie de l’APM, l’association pour le progrès du management, qui propose des formations continues aux dirigeants. Cela me permet de rencontrer des gens très inspirants et on y échange beaucoup au sujet des nouveaux modes de management. Je sais que le CRA propose lui aussi beaucoup de formations et de rencontres, autant d’opportunités à saisir. Je lis également beaucoup de livres sur différents thèmes liés à l’entreprise. La lecture est une vraie force, il serait dommage de l’oublier.