Le protocole d'accord

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Dans toute opération de reprise d’entreprise, le protocole d’accord constitue une étape juridiquement déterminante. Ce document précontractuel formalise les engagements des parties, encadre les conditions de la reprise et sécurise le processus jusqu’à la signature définitive. Qu’il s’agisse d’une reprise de titres de société ou de fonds de commerce, sa rédaction exige rigueur, anticipation et stratégie.

Protocole d’accord : définition

Quel est le rôle du protocole d’accord ?

Le protocole d’accord est un document juridique préliminaire qui formalise par écrit les termes convenus entre les parties (cédant et acquéreur) à l’issue des négociations, avant la signature de l’acte définitif de cession.  

Il constitue l’acte central de la transaction, en formalisant les intentions stratégiques des parties et en posant un cadre clair sur les objectifs communs du projet. Sa rédaction rigoureuse permet de préserver les intérêts de chacun en définissant les rôles et responsabilités des parties, ainsi que les étapes à venir et les conditions de leur réalisation. Cette transparence réduit les malentendus et crée un climat de confiance, entre les parties prenantes.

Le protocole d’accord est également appelé « promesse de cession » ou « compromis ».

Quelle différence entre le protocole d’accord et l’acte de cession définitif ?

Il est essentiel de ne pas confondre le protocole d’accord et l’acte de cession :

 Protocole d'accord de repriseActe de cession
NatureActe préliminaireActe définitif
FinalitéFixe les conditions de la cession (prix, modalités, conditions suspensives, garanties)Constate la réalisation de la cession (transfert de propriété, paiement du prix, publication) 
Engagement des partiesEngagement ferme, sous réserve de la réalisation des conditions suspensives Engagement ferme et irrévocable, sauf clause résolutoire 
Moment de signatureAvant la cession, après négociationsAu moment du transfert officiel de l’entreprise

En résumé, le protocole est l’engagement de vendre ou d’acheter, tandis que l’acte de cession est  l’acte qui réalise effectivement la vente

Quelle est la valeur juridique du protocole d’accord ?

Le protocole d’accord est-il contraignant ?

Le protocole d’accord est juridiquement contraignant dès lors qu’il contient les éléments essentiels d’un contrat, notamment le consentement réciproque des parties sur la chose (les titres ou le fonds de commerce) et sur le prix.

Néanmoins, le protocole d’accord peut intégrer des conditions suspensives, c’est-à-dire des événements futurs et incertains dont dépend la conclusion définitive de la cession. Tant que ces conditions ne sont pas réalisées, l’acte de cession ne peut pas être définitivement conclu.

Ces conditions peuvent être à la charge du cédant ou du repreneur, et doivent être définies avec précision pour éviter toute ambiguïté ou litige. Parmi les exemples courants, on peut citer :

  • la réalisation d’un audit préalable : vérification comptable, fiscale, sociale ou juridique de l’entreprise, permettant à l’acquéreur d’évaluer les risques ;
  • l’obtention d’un financement : accord d’un prêt bancaire ou levée de fonds nécessaire à l’acquisition ;
  • la signature ou le renouvellement d’un contrat clé : par exemple, un contrat d’approvisionnement ou de distribution indispensable à la continuité de l’activité ;
  • le consentement de créanciers titulaires de sûretés : notamment en cas de nantissement sur le fonds de commerce ou les titres ;
  • l’obtention d’une autorisation administrative : comme une licence d’exploitation, une autorisation d’urbanisme ou une autorisation préfectorale dans les secteurs réglementés ;
  • la validation par un organe interne : tel qu’un conseil d’administration ou une assemblée générale, dans le cas d’une société cédante.

Il est impératif que le protocole fixe une date limite pour la réalisation de ces conditions. Passé ce délai, si elles ne sont pas levées, la cession de l’entreprise peut être annulée sans qu’une faute ne puisse être reprochée à l’une ou l’autre des parties, sauf stipulation contraire.


Quelles conséquences en cas de rétractation ?

Il appartient aux parties de déterminer contractuellement les conséquences d’un éventuel désistement, qu’il provienne du cédant ou du repreneur. Ces dispositions doivent figurer explicitement dans le protocole d’accord afin de sécuriser la transaction et d’anticiper les comportements opportunistes.

Le protocole peut notamment prévoir la possibilité d’une exécution forcée : si l’une des parties refuse de signer l’acte définitif de reprise alors que toutes les conditions suspensives ont été levées, l’autre partie peut demander en justice que la cession soit réalisée malgré le refus.

En complément, il est courant d’insérer une clause pénale, par laquelle les parties s’engagent à verser une indemnité forfaitaire prédéterminée en cas de rétractation injustifiée. Cette clause permet de quantifier à l’avance le préjudice et d’éviter une procédure longue d’évaluation judiciaire.

Il est essentiel que ces mécanismes soient clairement rédigés, notamment en précisant les cas dans lesquels la rétractation est considérée comme fautive, le montant ou le mode de calcul de l’indemnité, ainsi que les modalités de mise en œuvre de l’exécution forcée.

En dehors de toute clause, rappelons également que les contrats doivent être exécutés de bonne foi et que les parties sont tenues de respecter leurs engagements. Ainsi, si l’une des parties se rétracte sans motif légitime, elle peut être tenue responsable sur le fondement de la responsabilité contractuelle.

Cela implique toutefois de démontrer l’existence d’une faute (rétractation injustifiée), d’un préjudice (perte d’opportunité, frais engagés, désorganisation), et d’un lien de causalité entre les deux. Le juge peut alors condamner la partie fautive à verser des dommages intérêts, même en l’absence de clause pénale. 

Comment rédiger un protocole d’accord ?

Le protocole d’accord peut être conclu sous signature privée (rédigé et signé directement par les parties, et éventuellement contresigné par avocat) ou par acte notarié.

Ce document encadre la coopération entre les parties. Il est à la fois un outil de sécurisation juridique et de pilotage opérationnel de la transaction. Il est donc recommandé d’y inclure les mentions suivantes :


Préambule

  • Contexte de la négociation
  • Volonté commune de conclure une cession
  • Historique des échanges ou intentions stratégiques


Identification des parties

  • Qualité des parties (cédant, repreneur, société cible)
  • Dénomination sociale, forme juridique, siège social, numéro SIREN
  • Représentants légaux ou mandataires, organes de direction
  • Activité principale
  • Répartition du capital (en cas de cession de titres)
  • Éléments constitutifs du fonds (clientèle, bail, matériel, etc.)


Objet du protocole

  • Nature de la cession : titres (actions, parts sociales) ou fonds de commerce
  • Description de l’opération envisagée
  • Portée du protocole (engagement ferme ou conditionnel)


Prix de cession

  • Montant du prix de cession
  • Modalités de paiement : comptant, échelonné, conditionné
  • Mécanismes d’ajustement éventuels (earn-out, révision post-audit)
  • Garantie de paiement (séquestre, caution, etc.)


Conditions suspensives

  • Obtention d’un financement
  • Réalisation d’un audit (comptable, fiscal, social, juridique)
  • Autorisations administratives ou réglementaires
  • Consentement de tiers (bailleur, créanciers, associés)
  • Renégociation ou maintien de contrats clés
  • Approbation par un organe social (assemblée générale, conseil d’administration)


Engagements du cédant

  • Transmission des titres de société ou éléments du fonds de commerce
  • Garantie d’actif et de passif
  • Clause de non-concurrence
  • Accompagnement post-cession


Engagements du repreneur

  • Paiement du prix
  • Réalisation des démarches nécessaires
  • Maintien de l’emploi et de l’activité


Clauses spécifiques

  • Clause de confidentialité
  • Clause d’exclusivité et clause de non-sollicitation
  • Clause de substitution ou de cession du protocole


Sanctions en cas de rétractation

  • Clause d’exécution forcée
  • Clause pénale (indemnité forfaitaire)


Calendrier de l’opération de cession

  • Dates clés : signature, audits, levée des conditions, closing
  • Délais de réalisation des conditions suspensives
  • Date limite de signature de l’acte définitif


Modalités de signature de l’acte définitif

  • Lieu, forme (notariée ou sous seing privé)
  • Documents à fournir
  • Formalités postérieures (publicité, enregistrement)


Clause de règlement des litiges

  • Juridiction compétente
  • Clause d’arbitrage ou de médiation
  • Loi applicable 

Les annexes du protocole d'accord

Sont généralement joints, en annexes du protocole d'accord, les documents suivants, signés et paraphés par les parties :

  • bilans, comptes de résultat et annexes,
  • état des hypothèques et nantissements,
  • liste des contrats en cours (contrat client/fournisseur)
  • liste des litiges en cours,
  • description de la méthode d'évaluation des stocks,
  • liste du personnel de l'entreprise,
  • statuts de la société,
  • bail commercial,
  • éventuellement : convention collective et accords d'entreprise. 

Quelles sont les erreurs courantes à éviter lors de la rédaction d’un protocole d’accord ?

La rédaction d’un protocole d’accord dans le cadre d’une reprise d’entreprise est une étape stratégique qui engage juridiquement les parties. Pourtant, de nombreuses erreurs peuvent compromettre la sécurité de l’opération ou générer des litiges.

Manque de précision dans les engagements  

Une formulation trop vague ou ambivalente des obligations des parties peut entraîner des interprétations divergentes. Il est essentiel de définir clairement qui fait quoi, dans quels délais, et selon quelles modalités. Par exemple, une clause indiquant que le repreneur « s’engage à financer l’opération dans les meilleurs délais » est juridiquement faible si elle n’est pas assortie d’un calendrier et de conditions précises.


Conditions suspensives mal définies ou absentes

Les conditions suspensives sont des éléments clés du protocole. Leur absence ou leur mauvaise rédaction peut rendre le contrat inapplicable ou source de contentieux. Il faut non seulement les identifier (audit, financement, autorisations, etc.), mais aussi fixer une date limite pour leur réalisation et prévoir les conséquences de leur non réalisation.


Omission des sanctions en cas de rétractation

Ne pas prévoir de mécanisme de sanctions en cas de désistement injustifié expose les parties à une insécurité juridique. Une clause pénale ou une clause d’exécution forcée permet de dissuader les comportements opportunistes et de réparer le préjudice subi. À défaut, il faudra se tourner vers le droit commun de la responsabilité contractuelle qui peut être plus incertain et plus long à mettre en œuvre.


Clauses sensibles mal encadrées

Certaines clauses, comme la garantie d’actif et de passif ou la clause de non-concurrence, doivent être rédigées avec rigueur. Une clause trop large ou imprécise peut être inapplicable, voire annulée. Il faut notamment encadrer leur durée, leur périmètre géographique et leur objet.
 

Définition du prix incomplète ou instable

Le prix de cession doit être déterminé ou déterminable. Une clause de prix floue ou conditionnée sans critères objectifs peut entraîner la nullité de la cession. Il est également important de préciser les modalités de paiement (comptant, échelonné, séquestre, etc.).
 

Négligence des contrats en cours et des tiers concernés

Ne pas anticiper le sort des contrats liés à l’activité (bail commercial, contrats fournisseurs, partenariats) peut compromettre la continuité de l’exploitation. De même, l’accord de certains tiers (créanciers, bailleurs, associés) peut être indispensable à la validité de la cession.
 

Absence de calendrier opérationnel

Un protocole sans calendrier précis peut ralentir ou désorganiser la transaction. Il est essentiel de fixer les étapes clés (audit, levée des conditions, closing) et de prévoir une période intermédiaire durant laquelle le cédant reste juridiquement propriétaire de l’entreprise, mais s’est engagé à la céder.  

Cette période peut durer plusieurs semaines, le temps que les conditions suspensives soient levées et que le closing ait lieu. Or, durant cette phase, il est essentiel de préserver la valeur de l’entreprise et d’éviter que le cédant prenne des décisions qui pourraient compromettre la transaction ou nuire aux intérêts du repreneur.

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Foire aux questions

Dans le cadre d’un projet innovant, le protocole d’accord peut inclure une clause de propriété intellectuelle définissant clairement les droits sur les brevets, logiciels, marques, bases de données et prévoyant les licences ou transferts éventuels.

Il est aussi recommandé d’étendre la durée de la clause de confidentialité afin de protéger les données sensibles (algorithmes, prototypes, business model) au-delà du closing.

Lorsque le cédant reste associé minoritaire de la société cédée une clause de non-dilution ou de gouvernance peut permettre de maintenir une certaine influence du fondateur dans les décisions stratégiques. Enfin, une clause d’earn-out peut venir adapter le prix de cession aux performances futures de l’entreprise (ex : nombre d’utilisateurs, levée de fonds, chiffre d’affaires). 

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