Qu'est-ce que le microcrédit professionnel ?

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Bpifrance Création : Pourquoi certaines personnes se tournent vers ce type de financement ?

Aya Elshaarawy : Cela peut être parce qu’elles sont interdites bancaires, qu’elles n’ont pas d’apport personnel, qu’elles sont bénéficiaires des minimas sociaux ou parce que leur banque ne finance pas ce type de projet. 

Bpifrance Création : Quelles sont les conditions pour en bénéficier ?

Aya Elshaarawy : Le microcrédit professionnel est accessible à tous les entrepreneurs, quel que soit leur capital de départ. Donc peu importe leur niveau d’étude, leur statut juridique, leur revenu ou même leur lieu d’habitation. Personne ne doit être empêché d’entreprendre sous prétexte qu’il est jugé trop jeune, pas assez diplômé ou pas assez solvable. Chaque idée mérite sa chance et c’est le message qu’on porte à l’Adie. 
Dans un premier temps l’entrepreneur aura un rendez-vous avec un conseiller pour parler de son projet et de ses motivations. On s’entretiendra également avec lui sur son parcours. A la fin de cet échange, on lui demandera des pièces justificatives (pièce d’identité, justificatif de domicile et de revenu, les relevés bancaires) et ensuite on présentera son dossier en comité de crédit. Si malgré la qualité du projet nous estimons qu’il manque quelques informations chiffrées ou des détails sur sa stratégie commerciale, nous lui proposerons alors un accompagnement gratuit afin de l’aider à obtenir son prêt et démarrer dans de bonnes conditions.
 

Bpifrance Création : Parmi tous les microcrédits que vous avez accordé quels sont les activités les plus représentées ?

Aya Elshaarawy : En 2024, il s’agissait des activités de prestation de services, le nettoyage, le transport poids léger et VTC ou encore le e-commerce. La majorité du temps il s’agit de personnes en micro-entreprise, et dans 90 % des cas, il s’agit de personnes qui entreprennent seules. 

Bpifrance Création : Que peut-on financer avec un microcrédit professionnel ?

Aya Elshaarawy : On peut financer tout ce qui est en lien avec la création de l’entreprise. Il peut s’agir d’une formation pour une remise à niveau (si cette dernière n’est pas financée par France Travail ou le CPF), d’achat de matériel, de trésorerie, d’initiatives marketing, d’achat de véhicule ou même le financement des frais de greffe et d'immatriculation. 
 

Bpifrance Création : Quels sont les résultats des entreprises qui en bénéficient ?

Aya Elshaarawy : Selon nos derniers chiffres 80 % des entreprises que nous avons accompagnées sont toujours en activité, 2 à 3 ans après leur financement. 95 % des entrepreneurs sont insérés professionnellement, ce qui signifie que même si certains ferment leur entreprise, ils ne retournent pas aux minimas sociaux mais retrouvent le monde du salariat, lancent une nouvelle entreprise ou suivent une formation pour se lancer dans un nouveau secteur. 60 % des bénéficiaires des minimas sociaux n’en dépendent plus après le financement de l’Adie. Ce qui veut dire que notre financement leur a permis de créer et développer une activité suffisamment rentable pour ne plus dépendre des minima sociaux. De plus, 1 créateur sur 10 embauche des salariés, avec une moyenne de 1,3 emplois créés par entreprise.
 

Bpifrance Création : Selon vous, pourquoi le microcrédit professionnel n'est-il pas plus connu de tous les entrepreneurs ?

Aya Elshaarawy : Cela fait 35 ans que l’Adie existe, pour autant nous ne sommes pas très connus du grand public. Je pense que c’est en partie dû à la faible médiatisation des dispositifs d’aide à l’entrepreneuriat (notamment pour les publics en difficulté), au manque de relais des institutions bancaires classiques (notamment lorsqu’elles refusent des prêts) ou plus généralement au manque d’informations accessibles aux porteurs de projets et intentionnistes. 

Bpifrance Création : Quelles sont les actions menées par l'Adie en vue de soutenir et encourager le microcrédit professionnel ?

Aya Elshaarawy : Les actions que nous menons tournent principalement autour de l'offre de financement, qu’il s’agisse de primes, de subventions ou de prêts d'honneurs. Nous proposons également un accompagnement personnalisé via des coachings, des formations individuelles et collectives et, en parallèle, nous menons des projets en vue de sensibiliser les entrepreneurs à la transition écologique. La partie plaidoyer occupe également une grande place dans les actions que nous menons. L'objectif ici est de lever les freins à l'entreprenariat et défendre les entrepreneurs auprès des institutions. 
De plus, nous faisons en sorte d’être au plus proche des entrepreneurs. Par exemple, nous nous développons de plus en plus dans les quartiers, nous nouons des partenariats stratégiques avec des institutions comme France Travail ou des associations locales et nous développons également notre stratégie de communication afin d’être plus présents sur Facebook, Instagram, TikTok ou LinkedIn.
 

Bpifrance Création : Est-ce qu’un financement de l’Adie peut être une marque de confiance qui rassurera les banques et les encouragera à financer l’entreprise par la suite ?

Aya Elshaarawy : C’est sûr que c’est un facilitateur. Il n’est pas rare que 2 ou 3 ans après avoir bénéficié d’un microcrédit professionnel, certains entrepreneurs contractent un nouveau prêt bancaire auprès d’une banque classique. Le financement est alors beaucoup plus facile car ils peuvent montrer que leur projet tient la route et qu’il est rentable. 
 

Propos recueillis en février 2025

Auteur : Mélanie Bruxer

Mars 2025