Dans cet article :
Le prêt bancaire est une solution de financement très largement utilisée par les créateurs d'entreprise.
D'une manière générale, un projet bien préparé, cohérent et porté par un ou plusieurs créateurs motivés aura toutes les chances d'obtenir un financement bancaire.
A contrario, un projet présentant un plan de financement déséquilibré et peu d'éléments convaincants sur son marché ne présentera pas les garanties suffisantes pour séduire un banquier.
Ce qu'il faut savoir avant de recourir à un prêt bancaire
Une banque est une entreprise dont la principale activité est de financer l'économie au travers de ses entreprises publiques et privées ; comme toute entreprise, elle cherche à minimiser sa prise de risque et à optimiser sa rentabilité.
Parallèlement à leurs propres exigences commerciales, les accords dits "Bâle III" obligent les établissements financiers à respecter un certain ratio de fonds propres par rapport aux crédits accordés pour consolider les structures en cas de crise financière.
Pour ces raisons, les banques sont extrêmement prudentes dans leur analyse des risques. Elles ne souhaitent pas, d'une manière générale, risquer plus d'argent dans le projet que le ou les créateurs eux-mêmes. De la même manière, elles préfèrent partager les risques avec le plus de partenaires possibles pour en limiter les effets négatifs.
Cela explique en partie pourquoi certains projets de création d'entreprise rencontrent des difficultés pour obtenir un financement bancaire. Il s'agit généralement de projets :
- jugés "trop audacieux",
- ou présentant un plan de financement déséquilibré,
- ou portés par un ou plusieurs créateurs n'ayant pas l'expérience souhaitée par la banque,
- ou ne réunissant pas un niveau de fonds propres suffisant,
- ou encore dont le produit/service ne semble pas répondre aux besoins du marché,
- etc.
Précisons enfin que chaque établissement bancaire possède ses propres critères pour accorder ou non son concours financier à une nouvelle entreprise.
Les principaux points de vigilance qui facilitent l'obtention d'un prêt bancaire
- L'apport minimum
En règle générale, il est conseillé d'équilibrer les fonds propres et les emprunts au mieux (50/50). Toutefois, la banque peut réduire son exigence de fonds propres à un ratio de 30 % en moyenne (70 % d'endettement pour 30 % de fonds propres) ou inférieur lorsque le prêt finance une création d'entreprise "à risque limité" d'après les normes du secteur concerné.
Quoi qu'il en soit, une absence de fonds propres sera jugée rédhibitoire par le banquier chargé d'étudier le plan d'affaires de l'entreprise.
Plus le montant de vos apports sera important, plus vous aurez de chances d'obtenir votre prêt. Dans la mesure du possible, sollicitez vos proches pour obtenir un coup de pouce de leur part. Il y a des avantages fiscaux pour eux à la clef ! Par ailleurs, il existe d'autres solutions financières pour compléter vos apports personnels. Découvrez-les !
- La mise en concurrence des établissements
Il est recommandé de comparer les différentes offres des banques car les modalités (taux d'intérêt, durée du remboursement, cautionnement, etc.) peuvent varier d'une banque à une autre. La mise en concurrence des agences permet de négocier de meilleures conditions ou des clauses moins restrictives mais surtout d'éviter les déconvenues lors d'un rejet de financement.
A noter : les délais d'instruction de prêts peuvent varier de quelques jours à quelques semaines en fonction de la taille de l'agence et du niveau de risque du projet.
Si vos besoins en financement sont importants, pourquoi ne pas envisager de faire appel à un courtier en financement professionnel ? Pour vous, c'est l'assurance de trouver une (ou plusieurs) banques susceptibles d'être intéressée(s) par votre projet ; pour les banques, c'est l'assurance d'avoir en main un dossier déjà examiné et présentable (donc jugé solide).
- L'accord de prêt
Quelles que soient la banque et la nature du projet, la décision d'accorder un prêt est toujours motivée par des éléments concrets présents dans le business plan (plan d'affaires) mais pas seulement. En effet un business plan élaboré pour une création d'entreprise est toujours construit à partir d'hypothèses plus ou moins crédibles. Il est indispensable que celles-ci, et plus particulièrement celles qui visent le besoin en fonds de roulement (BFR), soient le plus réalistes possibles en s'appuyant sur des documents (devis, engagements de commande, etc.). Toutefois, la capacité du (des) dirigeant(s) à gérer et développer l'affaire est primordiale dans le choix fait par la banque de prêter ou pas le montant nécessaire au démarrage.
Afin d'éviter tout stress dans l'attente de la décision d'attribution de prêt, demandez quel sera le délai d'instruction de votre dossier lors du premier entretien avec votre banquier. Gardez par ailleurs à l'esprit que le banquier va regarder prioritairement la capacité de votre entreprise à rembourser son emprunt et donc à générer une bonne rentabilité. Vous devrez donc le convaincre de votre faculté à y parvenir en montrant la cohérence entre vous et votre projet.
- La diversification des sources de financement
Comme les banques souhaitent de plus en plus partager le risque du financement d'un projet de création d'entreprise, il est souvent nécessaire de trouver des ressources complémentaires pour financer son projet. Cela peut être :
- l'obtention d'un prêt d'honneur, pour compléter ses fonds propres,
- la création d'un "pool bancaire" : plusieurs banques financent le même projet.
Les modalités d'obtention d'un prêt bancaire
Les prêts bancaires octroyés dans le cadre de la création d'une entreprise s'étendent généralement sur une durée comprise entre 2 et 7 ans. Dans le cas d'acquisitions immobilières, le prêt peut s'étaler sur une plus longue durée (15 à 20 ans, voire plus).
- Que financent-ils ?
Bien qu'il soit difficile de généraliser sur les pratiques des banques, on peut néanmoins noter qu'elles privilégient le financement des biens durables (véhicules, matériels informatiques, machines-outils, etc.).
Elles vous accorderont moins facilement les capitaux nécessaires au financement de l'activité en elle-même (besoin en fonds de roulement).
- Les garanties demandées
Lorsqu'elle octroie un prêt, la banque impose généralement au créateur de fournir des garanties ou sa caution personnelle.
Sur l'acquisition de biens mobiliers, la banque recourt généralement au nantissement pour couvrir ses risques de pertes. Néanmoins, ces nantissements (fonds de commerce, matériel et outillage, véhicule) ne suffisent généralement pas à couvrir l'intégralité du risque. Aussi est-il également demandé au porteur de projet une caution personnelle. Celle-ci est basée sur la déclaration patrimoniale du garant (l'entrepreneur lui-même ou un tiers) en fonction de la somme empruntée.
Renseignez-vous sur les dispositifs de garantie qui ont été mis en place pour faciliter l'obtention d'un prêt bancaire. En avoir une bonne connaissance facilitera votre demande de prêt.
Si vous êtes entrepreneur individuel et que vous souhaitez vous porter personnellement caution, vous pouvez renoncer à la séparation de vos patrimoines personnel et professionnel, en signant un acte de renonciation.
Quel est le coût d'un prêt bancaire pour l'entreprise ?
- Quels sont les frais à prévoir ?
Décrocher un prêt bancaire représente une somme d’argent souvent indispensable pour démarrer son activité. Mais il ne faut pas oublier qu’il entraîne également des frais :
- les intérêts d’emprunt
- l’assurance de prêt
- les frais annexes : frais de dossier, frais de garantie et frais de courtage le cas échéant.
L’établissement d’un plan de trésorerie vous permet notamment de vérifier que votre activité dégagera suffisamment de revenus pour couvrir le remboursement des mensualités du crédit.
- En quoi le prêt bancaire vous engage en tant qu'entrepreneur?
En principe, le patrimoine personnel de l’entrepreneur est protégé en cas de poursuites de créanciers professionnels :
- pour les nouveaux entrepreneurs individuels : leur patrimoine personnel est automatiquement distinct de leur patrimoine professionnel depuis la loi du 14 février 2022 instaurant un statut unique pour l’entrepreneur individuel
- pour les dirigeants de sociétés (SARL, EURL, SAS ou SASU) : leur responsabilité est limitée au montant de leurs apports.
Mais attention : si vous vous portez caution personnelle pour le prêt bancaire accordé à votre entreprise, la banque peut se retourner contre vous en cas de défaut de paiement. Et donc vous contraindre à puiser dans vos économies personnelles, voire saisir vos biens.
Nos 3 conseils pour négocier (et décrocher!) votre prêt bancaire
- Chiffrez votre projet de façon précise et réaliste
Les créateurs ont souvent tendance à sous-estimer leurs besoins pour limiter l'endettement. Ne tombez pas dans ce piège !
Une bonne évaluation de vos besoins aura pour effet :
- de sécuriser le démarrage de votre activité en anticipant les écarts de trésorerie que vous rencontrerez inévitablement,
- de crédibiliser votre dossier vis à vis d'un financeur,
- et ainsi de faciliter l'obtention de financements.
- Peaufinez votre projet de création ET de présentation
Prenez le temps de bien préparer votre projet de création d'entreprise. Votre dossier de présentation doit être complet, précis, clair et soigné... en un mot "vendeur" !
Suivez les conseils de Bpifrance Création pour faire votre business plan et surtout préparez l'entretien avec l'aide d'un conseiller. Pour avoir davantage d'aisance à l'oral, entraînez-vous à "pitcher" votre projet.
- Négociez les conditions du crédit
Une fois votre projet présenté, préparez-vous à négocier ! La discussion va porter sur le montant mais aussi sur le taux d’intérêt. Attendez-vous à devoir argumenter et ne cédez pas trop vite si vous jugez la somme accordée insuffisante au regard de vos besoins.
Pour mettre toutes les chances de votre côté, vous devez rassurer votre banquier sur vos compétences de gestionnaire.
Enfin, ne vous limitez pas à une seule banque si les conditions proposées ne vous semblent pas satisfaisantes. Présentez votre projet à différentes banques et comparez leurs offres afin d’optimiser le financement de votre création d’entreprise.
Que faire en cas de refus d'un prêt bancaire ?
Le refus ne doit pas être considéré comme un élément négatif mais comme une phase de réflexion supplémentaire permettant de procéder aux ajustements qui s'imposent. Normalement, le refus d'une banque doit être motivé et argumenté.
En cas de refus, rapprochez-vous d'un organisme d'accompagnement pour valider avec lui vos hypothèses financières et vérifier la viabilité de votre projet.
Sachez par ailleurs qu'il est toujours possible de faire appel à la Médiation du crédit dont la mission est de faciliter l'accès au crédit des entreprises.
Vous avez aussi l'opportunité de passer par le financement participatif.